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Liban - Société civile

Aux Souks de Beyrouth, la transparence par les arts pour dire « non » à la corruption

L'Association libanaise pour la promotion de la transparence a tenté de sensibiliser les citoyens à travers un show artistique varié regroupant rap, graffitis, spectacle de mime et théâtre interactif.

Balancos, ou le rap dénonçant la corruption près des anciens locaux de « L’Orient-Le Jour ». Photos Béchara Maroun

L'Association libanaise pour la promotion de la transparence (LTA) a pris de surprise hier les piétons et visiteurs qui flânaient dans les Souks de Beyrouth. Voulant diffuser son message qui dénonce la corruption et les pots-de-vin parmi les citoyens, l'association a choisi de recourir aux arts de la rue pour faire campagne. Graffitis, chansons rap, mime et théâtre interactif, tous les moyens sont bons pour la LTA qui a fait son show, attirant les plus curieux devant l'ancien immeuble de L'Orient-Le Jour.


« La LTA essaie de vaincre la corruption en sensibilisant surtout la nouvelle génération et les jeunes qui ne sont généralement pas conscients de leurs droits », a expliqué à L'Orient-Le Jour Hazar Assi, chargée de communication au sein de l'association. « Apprendre aux citoyens à demander des comptes aux responsables et sensibiliser le secteur privé et les individus, notamment les jeunes, à la lutte anticorruption ainsi qu'au droit à l'accès à l'information, font partie de nos objectifs. La corruption est diverse au Liban et se manifeste à différents niveaux dans le milieu professionnel, comme par exemple dans les adjudications entre les grandes entreprises. Mais les pots-de-vin versés par les citoyens dans les administrations publiques en sont généralement l'aspect le plus connu et nous visons à lutter contre cet aspect de la corruption aujourd'hui en sensibilisant les gens. En fait, nous avons réalisé qu'il est plus utile de commencer par changer la mentalité des gens qui acceptent de verser des pots-de-vin avant de changer celle des fonctionnaires et des responsables. Nous avons établi des partenariats avec de nombreuses administrations publiques, mais il est plus important d'informer les gens des procédures à suivre pour réaliser toute formalité, afin qu'ils puissent identifier toute forme de corruption », a-t-il souligné.


Et Hazar Assi d'ajouter : « Il n'est plus permis que le Liban occupe la 127e place en termes de corruption, sur un total de 177 pays. Malheureusement, la corruption fait désormais partie de la culture des Libanais et nombreux sont les citoyens qui l'acceptent avec résignation en se disant qu'il vaut mieux payer illégalement un fonctionnaire que d'attendre des heures l'accomplissement d'une formalité. Nous les appelons pourtant à contacter la LTA au 01-386886 pour signaler toute activité de corruption. Et nous commençons à ressentir un éveil chez les plus jeunes, qui préfèrent aborder le sujet par des activités et non par des discours. »

 

Des témoignages du public
Sitôt dit, sitôt fait. Après une brève allocution prononcée par Hazar Assi appelant à la transparence « dans un pays où le danger de la corruption constitue une menace plus importante que les menaces extérieures », les rappeurs de la troupe Balancos ont interprété une chanson rap dénonçant la corruption au Liban, dans les hôpitaux et les restaurants, en passant par les administrations. Près d'eux, Mohammad Mehanna, alias Moe, entamait un graffiti sur une toile géante. « Le graffiti est l'art des rues. Il est proche des gens et il tente d'exprimer leurs souffrances quotidiennes de manière rapide et durable », affirmait-il. « Il n'est plus permis que l'on ne puisse plus trouver d'emploi sans piston au Liban et que n'ayons ni eau ni électricité à cause de quelques corrompus », a-t-il ajouté, en esquissant deux mains échangeant une liasse de dollars sous un bureau.


De son côté, Ali le rappeur assurait qu'il était sain de recourir au rap pour faire parvenir le message de la lutte anticorruption aux jeunes qui comprennent cette langue musicale. « L'ancienne génération n'a pas pu changer grand-chose ; c'est à nous d'essayer d'améliorer la situation », a-t-il déclaré.


Pour sa part, la Fun Key Team a présenté un spectacle de mime pour dénoncer à sa manière le manque de transparence au Liban, après un numéro de théâtre interactif présenté par le groupe Wasel, qui a recueilli auprès des personnes présentes dans le public des témoignages sur la corruption avant d'en faire une saynète imagée. « On m'a arrêté à un barrage de gendarmes à Beyrouth parce que je n'avais pas mes papiers, et on m'a demandé de payer la somme de 50 000 livres libanaises à un général que je n'ai pas vu et qui se trouvait dans la guérite. J'ai finalement dû appeler une connaissance haut placée pour traverser le barrage, et le général est venu m'avertir que ce n'était aucunement lié à l'appel téléphonique qu'il a reçu, mais bien parce que je paraissais gentil garçon », a ainsi raconté une personne dans le public.


Enfin, le comédien Raymond Saliba a présenté un stand-up tournant en dérision la corruption. « Il est important de lutter pour le Liban auquel on aspire et dont on rêve, confiait-il hier à L'Orient-Le Jour. Même les pays les plus démunis subviennent aux besoins basiques de leurs citoyens, mais nous gardons espoir en notre pays. Ce pays où le fonctionnaire glisse l'argent soutiré des citoyens sous son bureau, au-dessus duquel est inscrit en lettres majuscules : Merci mon Dieu pour toutes ces grâces ! »

 

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