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Moyen Orient et Monde - Irak

Face à l'EI, « 850 000 personnes ont été forcées de quitter leurs régions. C’est ça, le nettoyage ethnique ! »

Donatella Rovera, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International, dénonce dans son dernier rapport les exactions de l'État islamique et en explique les dessous à « L'Orient-Le Jour ».

Selon Donatella Rovero, 850 000 personnes de différentes minorités ethniques et religieuses ont été forcées de quitter leurs régions par les jihadistes de l’État islamique. Ari Jala/Reuters

L'ONG Amnesty International n'est plus à présenter. Mouvement mondial de défense des droits de l'homme, ses rapports et enquêtes sur toutes sortes d'exactions commises aux quatre coins du globe sont devenus des références tant pour les médias que pour les institutions politiques et civiles, et ce depuis sa création dans les années 1960.
C'est dans cette optique qu'il faut comprendre le dernier rapport d'Amnesty sur les crimes de l'État islamique (EI), en Irak plus particulièrement, qui jette la lumière sur ce que l'ONG qualifie de « nettoyage ethnique » systématique. Amnesty assure avoir des « preuves » que plusieurs « tueries de masse » ont eu lieu en août dans la région de Sinjar où vivaient de nombreux yazidis, une minorité kurdophone non musulmane. Dans quelles circonstances ce rapport a-t-il été rédigé ? Quelles sont ces preuves auxquelles l'ONG fait allusion ? Quelles pourraient être les retombées de ce type d'enquête, alors que la réaction de la communauté internationale persiste à être molle face aux jihadistes de l'EI ?


L'auteure du rapport, Donatella Rovera, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International et qui se trouve actuellement dans le nord de l'Irak, a expliqué à L'Orient-Le Jour s'être basée sur les témoignages de survivants et déplacés de minorités qui ont fui les jihadistes peu avant ou après leur arrivée dans différentes régions où sont établies depuis plusieurs siècles des minorités non arabes et non musulmanes tels les yazidis. Ne pouvant, pour des raisons évidentes, faire une enquête de terrain comme elle avait réussi à le faire « undercover à Mossoul fin juin », elle a néanmoins pu aussi « contacter par téléphone les rares personnes » encore présentes dans certains villes ou villages et qui ont pu lui fournir des informations détaillées et des chiffres.

 

(Pour mémoire : Les Yazidis craignent pour leurs proches enlevés par l'EI : "Seul Dieu peut les sauver maintenant")


Ces témoignages suffisent-ils ? Pour les sceptiques qui pourraient remettre en question la validité de ces affirmations données probablement sous le coup de la peur et/ou de la colère, Mme Rovero affirme détenir des « preuves valides » qu'elle n'a pu insérer dans son rapport parce qu'elles « peuvent remettre en cause la sécurité des personnes encore présentes dans les localités (prises par l'EI) et leurs parents détenus – et dans » de nombreux cas « cas convertis de force à l'islam – par les jihadistes. Plus encore, elle justifie l'utilisation du terme de » nettoyage ethnique « en le définissant : « 850 000 personnes ont été forcées de quitter leurs régions, et c'est un fait incontestable. Que les sceptiques viennent les voir, elles sont là. C'est ça, le nettoyage ethnique, et la carte démographique de la région et du pays est en train de changer. » Il s'agit, pour l'auteure « de relever, classifier et archiver les preuves des crimes (de l'EI) avant qu'elles ne soit contaminées ou détruites ».


Sera-t-il possible de traîner devant la justice internationale ceux qu'elle et le reste du monde accusent des pires atrocités ? « Oui, affirme-t-elle sans hésiter, je ne vois pas pourquoi ils jouiraient d'une éternelle impunité. Il s'agit aussi de montrer aux autres criminels de guerre et de grande envergure qu'ils peuvent être punis. Il faut juste attirer l'attention du monde sur ce qui se passe. »

 

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