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Culture - Concert

Tarek Yamani cultive son afro-jazz avec classe

Le pianiste libanais présentait lundi soir son nouvel album lors d'une soirée spéciale au sein du décor feutré du Metro al-Madina.

Un ensemble qui produit un jazz riche et alambiqué. (Photo Bou Cyan)

Tarek Yamani apparaît à 22h15 accompagné par trois musiciens. Barbe taillée aux ciseaux et cheveux impeccables, look de gendre parfait, voix douce et rassurante. On l'imagine facilement répéter des heures durant, s'acharner studieusement, reprendre encore et encore jusqu'à la perfection. Dès l'ouverture et l'interprétation fiévreuse du mowashah Lamma Bada Yatathanna, une composition signée Mohammad Abdel Rahim al-Masloob, force est de constater qu'il s'agit avant tout d'un passionné de jazz et de musique.
Tout est question d'interprétation et de ressenti avec Tarek Yamani. Il reprend la musique classique arabe à son compte, lui donne une sonorité, un phrasé et des harmonies jazzy. Pour son second album, Lissan al-Tarab, il malaxe une fois de plus des airs jazz afro-américains et rythmes arabes pour créer une entité avec une personnalité propre. Une musique que le compositeur appelle « Afro tarab ». « Comme il y a des standards du jazz, pourquoi n'existerait-il pas des standards de la musique arabe ? », rappelle-t-il souvent.


Le percussionniste Khaled Yassine est hilare de plaisir, complice de Tarek Yamani même s'il est à l'opposé de la scène. La rapidité à laquelle les quatre musiciens s'exécutent – le pianiste en tête – est effarante. Fouad Afra, à la batterie, unit ses forces avec le percussionniste afin d'imprimer le rythme, ou d'être volontairement à contretemps. Quant au contrebassiste Makram Aboul el-Hosn, il est plongé dans sa partition et dans chacune des notes qu'il produit en pinçant les cordes avec rudesse ou douceur.


Pour son second album, Lissan al-Tarab, Tarek Yamani n'a enregistré qu'une composition originale, New Dabké, avec laquelle il clôt d'ailleurs son concert. Toutes les autres chansons étant des réinterprétations réussies et incarnées de mowashahat et mélodies folks du Liban, de l'Irak et de l'Égypte.
Après avoir reçu la distinction du Grand Prix Thelonious Monk en 2010, l'artiste s'est installé dans la « Big Apple » américaine l'année suivante. Depuis, le jazzman a fait résonner son premier album Ashur dans de nombreux clubs new-yorkais. Il ne délaisse pas sa terre natale pour autant puisqu'en 2013, il s'est entouré de Hamed Sinno (Mashrou' Leila), Erin Mikaelian (Pindoll), Mazen el-Sayed (el-Rass) et de 30 autres artistes afin de promouvoir les collaborations artistiques autour du jazz au Liban avec le Beirut Speaks Jazz.


Le jazz joué ce soir-là par le jeune musicien est intense, coloré et riche, sans être inaccessible. Il est maîtrisé, mais libre, enlevé et urgent, instinctif et raisonné. Un équilibre fragile entre rythmes alambiqués, mélodies mélancoliques et harmonies sophistiquées. Tout cela pimenté de quelques tranches d'improvisations sur le fil.
Impossible de ne pas se délecter de tout entendre, le son du Metro al-Madina est excellent. On apprécie chaque petit frôlement de baguette sur la batterie ou les notes prolongées du piano et ses cordes qui résonnent. Le temps d'une soirée dans ce cocon, cette cage dorée qu'est le Metro al-Madina, le public est transporté par Tarek Yamani loin des soucis de la vie quotidienne beyrouthine, du bruit, de la fureur, des peurs et des fantasmes actuels.

Tarek Yamani apparaît à 22h15 accompagné par trois musiciens. Barbe taillée aux ciseaux et cheveux impeccables, look de gendre parfait, voix douce et rassurante. On l'imagine facilement répéter des heures durant, s'acharner studieusement, reprendre encore et encore jusqu'à la perfection. Dès l'ouverture et l'interprétation fiévreuse du mowashah Lamma Bada Yatathanna, une composition...

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