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Moyen Orient et Monde - Le point

La guerre jusqu’à l’épuisement

On aurait pu négocier (hautement improbable), réclamer l'intercession d'une tierce partie (il y aurait eu foule...), alterner la menace du bâton et la tentation de la carotte (très forts les Américains dans ce genre d'exercice). Mais non. Pour en finir, dit-il, avec ces tunnels, une trentaine au total, qui l'empêchent de dormir, Benjamin Netanyahu a trouvé la solution : décimer la population de Gaza. Tuer les enfants dans les écoles et sur les plages, achever les blessés et les malades dans les hôpitaux, surtout recourir à cette arme que ses prédécesseurs maniaient fort bien : la destruction des centrales électriques. Rappelez-vous, à ce propos, les expéditions « punitives » contre le Liban depuis l'anéantissement de la flotte de la Middle East Airlines (dans la nuit du 28 au 29 décembre 1968 – 14 appareils hors de service) jusqu'à la guerre de juillet-août 2006.
La machine de guerre de l'État hébreu ne sait rien faire d'autre que tuer, annihiler, démolir. En deux mots, nourrir la haine ; et quand elle ne détruit pas, elle menace de le faire. Cette fois, « rien n'a changé et pourtant tout est différent ». À commencer par la résistance qu'oppose le Hamas : vingt-deux jours que cela dure et toujours aucune ombre de règlement en vue. Si l'atonie des Gazaouis s'explique par la violence des bombardements, le silence de certaines capitales arabes se veut, lui, réprobateur d'Ismaïl Haniyeh. À tout le moins ce dernier se trouve-t-il sur place, bien à l'abri toutefois sous quelques dizaines de mètres de béton armé, alors que son acolyte, Khaled Mechaal, a frileusement choisi un abri plus sûr : ce Qatar, allié à la Turquie d'Erdogan dans une même hostilité à l'Arabie saoudite mais beaucoup moins concrètement dans un soutien à la population de l'enclave.


Il y a quelques jours, Mahmoud Abbas est entré dans une de ces colères dont il est familier et a demandé à son alter ego Gazaoui des explications : « Qu'essayez-vous de faire avec vos missiles ? » Une apostrophe, suivie de cette curieuse remarque : « Mieux vaut se battre avec sagesse. » L'interrogation, sinon l'appel à la raison, on pourrait l'adresser à « Bibi », l'homme qui veut « neutraliser » les tunnels en multipliant le nombre de morts et qui, comprenne qui pourra, bénéficie pour l'instant d'un appui sans faille de l'opinion publique. Un sondage de Canal 10 lui octroie le généreux soutien de 87 pour cent de la population. Quatre-vingt-quinze pour cent, renchérit l'Institut pour la défense de la démocratie.

Deux chiffres encore : 4 Israéliens sur 5 se disent opposés à un retrait unilatéral et 4 pour cent seulement jugent excessif l'usage de la force.


L'une des rares voix discordantes est celle de Benny Morris. Ce professeur d'histoire à l'université Ben Gourion de Beersheba (Néguev) s'est fendu hier dans le quotidien Haaretz d'une opinion intitulée : « Nous devons vaincre le Hamas – la prochaine fois » (« We must defeat Hamas – next time »). Le préambule : « Il semble que la présente guerre soit déjà perdue. Elle prendra fin dans quelques jours, peut-être dans une semaine ou deux, sur des pleurnicheries et un nouveau cessez-le-feu qui laissera le Hamas en place, tout comme lors des précédents rounds (2008-2009 et 2012, NDLR). De plus, cette guerre accroîtra sa puissance politique et militaire. » S'ensuit un survol de l'Armageddon à venir. Comprenant qu'ils ne peuvent gagner une guerre, les Arabes adoptent la tactique des escarmouches, susceptibles à leurs yeux d'affaiblir Israël ; les jeunes cerveaux iront s'installer à Berlin ou en Californie ; touristes et investisseurs opteront pour des contrées plus accueillantes. Que doit-on faire la prochaine fois ? poursuit l'auteur, qui répond : finir le boulot, réoccuper tout Gaza, détruire le Hamas en tant qu'organisation militaire et peut-être même politique. Le coût des pertes en vies humaines de part et d'autre sera élevé, mais tel est le prix à payer pour bénéficier de la sécurité.

 

En attendant, l'horreur continue de se vivre au quotidien dans Gaza. Hier mercredi au petit jour, les premiers obus ont défoncé les murs de deux salles de classe relevant de l'Unrwa, faisant dix-neuf morts. Les bombes qui ont suivi ont achevé la sinistre besogne. Commentaire de Tel-Aviv : « Nous allons enquêter sur ce malencontreux incident. » Commentaire du porte-parole de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés : « Nous attendons du monde qu'il nous dise ce que nous devons faire des 200 000 personnes qui ont trouvé refuge dans nos écoles. »
On n'ose penser à ce qu'il en sera quand viendra le plus dur : l'heure des bilans.

 

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On aurait pu négocier (hautement improbable), réclamer l'intercession d'une tierce partie (il y aurait eu foule...), alterner la menace du bâton et la tentation de la carotte (très forts les Américains dans ce genre d'exercice). Mais non. Pour en finir, dit-il, avec ces tunnels, une trentaine au total, qui l'empêchent de dormir, Benjamin Netanyahu a trouvé la solution : décimer la...

commentaires (2)

OU : QUAND LES VICTIMES PRATIQUENT LES HORREURS DE LEUR PROPRE BOURREAU !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 04, le 31 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • OU : QUAND LES VICTIMES PRATIQUENT LES HORREURS DE LEUR PROPRE BOURREAU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 04, le 31 juillet 2014

  • "La guerre jusqu'à l'épuisement". Et quel homme de bon sens ne dira pas : le génocide duquel Netanyahu fait ces délices à Gaza ?

    Halim Abou Chacra

    10 h 49, le 31 juillet 2014

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