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Liban - Chrétiens d’Irak

Ignace Ephrem II : Mossoul doit être reconquise !

Ce qui s'est passé dans la plaine de Ninive est un crime contre l'humanité ; l'EI ne professe pas l'islam que nous côtoyons depuis treize siècles, affirme le patriarche des syriaques-orthodoxes.

L'appel de Mgr Ignace Ehprem II, hier, à Atchaneh (photo Marwan Assaf).

Après l'appel quasi désespéré du patriarche des syriaques-catholiques, Louis Raphaël Sakko, la semaine dernière, en faveur des chrétiens de Mossoul expulsés de leurs maisons et spoliés de leurs biens, le patriarche des syriaques-orthodoxes, Ignace Ephrem II, a élevé la voix hier pour dénoncer, dans une conférence de presse, l'épuration religieuse à laquelle se livre l'État islamique en Irak et au Levant (EI) dans toute la plaine de Ninive.
« Mossoul doit être reconquise ! C'est une responsabilité collective, en particulier irakienne ! » a lancé le dignitaire religieux, tout en en appelant à l'Onu.
Ignace Ephrem II a d'ailleurs annoncé qu'en coordination avec les autres patriarches orientaux, avec lesquels il tiendra une réunion bientôt, une délégation se rendra à l'Onu et dans d'autres capitales du monde, dans l'intention d'y plaider le dossier de ce qu'il considère comme « un crime contre l'humanité ».

Foule fiévreuse
Le patriarche des syriaques-orthodoxes s'exprimait à partir du siège patriarcal d'Atchaneh (Bickfaya/ Metn-Nord), en présence d'une foule fiévreuse de dignitaires religieux orthodoxes et catholiques.
Mgr Michel Kassarji, évêque chaldéen du Liban, et le P. Michel Jalkh, secrétaire général du Conseil des Églises du Moyen-Orient, figuraient parmi les présents, ainsi que le pasteur des assyriens orientaux au Liban, le P. Batroun Coliana, et l'ambassadeur d'Irak au Liban, Raad Alloussi.
La conférence de presse a été précédée d'états généraux de l'Église syro-orthodoxe au Liban. Au seuil de la réunion, qui a été suivie de la conférence de presse, le patriarche Ignace Ephrem II a reçu un appel du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, auquel il a demandé de faire parvenir la voix des chrétiens persécutés d'Irak à la communauté internationale.
Des appels de solidarité sont également parvenus à Atchaneh de la part des patriarches maronite et grec-orthodoxe.
« L'expulsion programmée des chrétiens de Mossoul (...) est une action barbare sans précédent dans l'histoire des relations entre les chrétiens et les musulmans de cette région », a commencé par dire le dignitaire religieux, sur le visage duquel pouvaient se lire des marques d'indignation et de colère.
« Nous condamnons avec la dernière énergie ces actes, et nous insistons sur le fait que cette conduite ne correspond pas à l'islam que nous connaissons, que nous côtoyons et avec lequel nous vivons depuis 13 siècles et plus. »

« Croix arrachées, icônes brûlées... »
Pour le patriarche, l'islam qui inspire les jihadistes de l'État islamique « est en contradiction avec le texte coranique ». « Croix arrachées et icônes brûlées, ce n'est pas l'islam que nous connaissons. Nous invitons nos frères musulmans et leurs leaders à prendre clairement position contre ces actions », a-t-il lancé, paraissant découragé par le silence international et la timidité des condamnations qui s'expriment jusqu'à présent.
Dans une fierté nationale propre aux communautés orthodoxes, le patriarche a ajouté : « Cette injustice (...) ne nous poussera pas, quel que soit le prétexte, à réclamer l'aide ou la protection de quelque État occidental (...) car nous savons que nous sommes le sel de cette terre et les témoins à jamais de la Résurrection, mais nous demandons à nos partenaires dans la citoyenneté d'être loyaux aux valeurs religieuses et humaines et de civilisation qui nous sont communes. »
Le patriarche a demandé que la solidarité qui s'exprime aille au-delà des paroles et se traduise par un appel clair « aux régimes qui appuient, arment et financent l'État islamique et d'autres groupes similaires, de cesser de le faire, car ce fanatisme et ces actes retomberont inévitablement, à brève ou longue échéance, sur ceux qui les appuient ».

Le sarcasme à l'égard de l'Onu
« Un crime contre l'humanité... »
« De notre côté, a-t-il ajouté sur un ton où transparaissait le sarcasme, nous comptons recourir aux Nations unies et à la commission des Droits de l'homme et leur demander d'être cohérentes avec la charte qu'elles prétendent respecter. »
« Nous ne demanderons pas à l'Occident plus que le respect des principes de cette charte et de ne pas les appliquer sélectivement, selon les États et les groupes sociaux », a-t-il précisé.
Ce qui s'est passé à Mossoul est « un crime contre l'humanité », a repris le patriarche, ajoutant : « L'expulsion d'une population, sur la base de son appartenance religieuse, qu'elle soit chrétienne ou musulmane, est un crime contre l'humanité dont l'auteur doit être sanctionné. »
« Il existe des preuves que ces groupes sont appuyés par des États, comme l'affirme aussi la presse, mais nous pensons que la vie de ces groupes est courte », dira-t-il plus tard, en réponse aux questions des journalistes.

L'aide du Kurdistan
En conclusion, le patriarche a lancé un appel aux autorités irakiennes, afin qu'elles « défendent les droits des chrétiens d'Irak » ; il a également sollicité l'aide du Kurdistan, confirmant au passage qu'il existe une coordination sur le terrain entre les évêques syro-orthodoxes et les autorités kurdes.
« Nous demandons à nos frères kurdes, nos concitoyens, de nous aider à protéger cette présence chrétienne, par souci de la diversité et de sa valeur historique et civilisationnelle », a-t-il précisé, avant d'annoncer la tenue au plus tôt d'un congrès des patriarches orientaux, dans le but de former une délégation qui se rendra en tournée, à l'Onu et ailleurs, pour soulever la cause des populations spoliées.
Sur le plan local, le patriarche Ignace Ephrem II a réclamé qu'un bulletin d'informations unifié sur la tragédie de Mossoul soit coordonné à Beyrouth, à l'instar de ce qui vient de se passer pour Gaza.

Après l'appel quasi désespéré du patriarche des syriaques-catholiques, Louis Raphaël Sakko, la semaine dernière, en faveur des chrétiens de Mossoul expulsés de leurs maisons et spoliés de leurs biens, le patriarche des syriaques-orthodoxes, Ignace Ephrem II, a élevé la voix hier pour dénoncer, dans une conférence de presse, l'épuration religieuse à laquelle se livre l'État...

commentaires (4)

Il ne sert a rien de pleurer, il faut agir et agir ne veut pas dire baisser le pantalon mendiant le sauvetage se mettant sous le control ou la protection d'autres. Oui il faut reconquérir la région mais il faut encore pouvoir y revenir. Sur ce rien n'aura lieu si les Chrétiens de ces pays ne s'organisent pas comme le firent les autres. Ce ne sont pas les moyens ou les sources qui manquent.

Pierre Hadjigeorgiou

10 h 44, le 24 juillet 2014

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Commentaires (4)

  • Il ne sert a rien de pleurer, il faut agir et agir ne veut pas dire baisser le pantalon mendiant le sauvetage se mettant sous le control ou la protection d'autres. Oui il faut reconquérir la région mais il faut encore pouvoir y revenir. Sur ce rien n'aura lieu si les Chrétiens de ces pays ne s'organisent pas comme le firent les autres. Ce ne sont pas les moyens ou les sources qui manquent.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 44, le 24 juillet 2014

  • "Dans une fierté nationale propre aux communautés orthodoxes." ! Pourquoi donc ? Les "catholiques" n'ont-elles pas elles aussi "une fierté nationale propre" ? Et puis, le patriarche en question "a sollicité l'aide Kurde, confirmant qu'il existe une coordination sur le terrain entre les évêques syro-orthodoxes et ces kurdes. Et d'ajouter : On demande à nos (frères( kurdes de nous aider à protéger cette présence chrétienne, par souci de diversité et de valeur civilisationnelle et historique." ! Allâh yéssétro des Kurdes ! A-t-il déjà oublié le sale comportement passé des Kurdes de Turquie à l'encontre des Arméniens, chrétiens eux aussi ; mais oui ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 25, le 24 juillet 2014

  • Ils font peur.... "malheureusement" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 58, le 24 juillet 2014

  • PRÉSENCE, SI ON NE SE TROMPE PAS, POUR SOLIDARITÉ, UNIQUEMENT D'UN IMAM CHIITE. ON NE VOIT POINT D'AUTRE. Où SONT LES PLUS GRANDS ? Où EST LA SOLIDARITÉ GÉNÉRALE DES ENTURBANÉS... ET SURTOUT SUNNITES POUR CONDAMNER L'INIQUITÉ NÉE DANS ET DE LEURS RANGS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 20, le 24 juillet 2014

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