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À La Une - Irak

L'exode des chrétiens de Mossoul après un ultimatum de Daech

Le président Jalal Talabani de retour après 18 mois d'absence.

Fuyant les violences, des habitants de Mossoul, dont plusieurs chrétiens, se sont réfugiés dans une mosquée de Najaf. HAIDAR HAMDANI/AFP

Des centaines de familles chrétiennes ont fui la ville irakienne de Mossoul après un ultimatum des jihadistes de l'État islamique (EI, ou Daech en arabe), à l'origine d'une offensive fulgurante dans le pays.

L'Irak connaît sa crise la plus grave depuis des années avec la prise depuis le 9 juin de pans entiers de son territoire par des insurgés sunnites, sur fond de profondes divisions politiques.

A Mossoul, tombée dès les premières heures de leur offensive, des messages relayés via les haut-parleurs de plusieurs mosquées ont intimé vendredi aux chrétiens de quitter la ville d'ici samedi midi (09H00 GMT), selon des témoins. Des centaines de chrétiens ont depuis pris la fuite, en voiture ou en taxi. "Les familles chrétiennes se dirigent vers Dohouk et Erbil" dans la région autonome du Kurdistan irakien, a déclaré à l'AFP le patriarche chaldéen Louis Sako, déplorant que "pour la première fois dans l'histoire de l'Irak, Mossoul se vide de ses chrétiens".

(Lire aussi : HRW : Les jihadistes irakiens veulent "éradiquer" les minorités dans la région de Mossoul)

"Certaines familles se sont vu voler tout leur argent et leurs bijoux à des points de contrôle d'insurgés alors qu'elles fuyaient la ville", a déclaré un chrétien de Mossoul, Abou Rayan, en précisant que des maisons avaient également été saisies par les insurgés.

La semaine dernière, les jihadistes de l'EI avaient averti la minorité chrétienne de Mossoul --deuxième ville du pays peuplée de 2 millions d'habitants avant l'offensive des insurgés-- l'appelant "à se convertir à l'islam, ou à payer une taxe spéciale ou à défaut à quitter la ville". "Il n'y aura pour eux rien d'autre que l'épée" s'ils n'acceptent pas ces conditions, affirmait leur communiqué.
Mgr Sako a évalué à 25.000 le nombre de chrétiens encore présents jeudi dans la ville.

Malgré le danger, Fadi, un instituteur de 36 ans, a décidé de rester avec sa femme et son fils. "Je reste. J'ai l'impression d'être déjà mort", a-t-il déclaré au téléphone à l'AFP. Il a expliqué ne pas avoir les moyens d'aller se réfugier ailleurs, estimant également que ceux qui partent ne sont pas assurés de trouver une vie meilleure.

Les minorités 'persécutées'

A Washington, le département d'État a condamné "la persécution systématique des minorités" par l'État islamique, qui veut "diviser et détruire l'Irak et aller à l'encontre de l'esprit de (...) coexistence pacifique de l'islam".

Les violences survenues ces six dernières semaines ont fait des milliers de morts et conduit quelque 600.000 personnes à quitter leur foyer. C'est dans ce contexte chaotique que le président irakien Jalal Talabani, qui se trouvait en Allemagne depuis 18 mois pour des soins médicaux, est rentré samedi en Irak.
Figure très appréciée au sein de sa communauté mais aussi reconnue au-delà pour son rôle de médiateur, le leader kurde, âgé de 80 ans, est arrivé à la veille de la date limite du dépôt des candidatures pour le poste de président qu'il occupe depuis 2005. Il est cependant peu probable qu'il se représente.
Après plusieurs reports causés par de profondes divisions politiques, les députés ont élu mardi le chef du Parlement, Salim al-Joubouri, et doivent désormais choisir le président de la République, à qui il reviendra de désigner un Premier ministre.

(Pour mémoire : A quelques km de Mossoul, les chrétiens irakiens pris au piège se terrent)

'Corriger les erreurs du passé'

Le poste de président, principalement protocolaire, est, selon une règle non écrite, occupé par un Kurde.
Alors que l'offensive jihadiste a renforcé les volontés indépendantistes du Kurdistan irakien, déclenchant la fureur du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, de nombreuses voix ont réclamé le départ de ce dernier pour favoriser les efforts de réconciliation nationale.
Au pouvoir depuis 2006, M. Maliki est contesté en raison de son autoritarisme et de sa politique de discrimination envers les sunnites et les Kurdes.

Lors du prêche du vendredi, un des porte-parole du grand ayatollah Ali al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, a semblé lui aussi plaider en ce sens, affirmant: "Le nouveau gouvernement devrait être largement accepté sur le plan national et capable de résoudre la crise dans le pays et corriger les erreurs du passé".

Sur le terrain, des combattants de l'EI poursuivaient leur offensive. Vendredi, ils ont attaqué au mortier un barrage de police près de Balad, à 70 km au nord de Bagdad, et la localité voisine de Doulouïya, faisant craindre une avancée vers Bagdad. Dans la capitale, au moins 12 personnes ont été tuées samedi dans quatre attentats à la voiture piégée.


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