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Économie - Échanges

Le RDCL et l’Ipemed planchent sur les moyens de rapprocher les rives de la Méditerranée

Le Rassemblement des dirigeants et chefs d'entreprise libanais (RDCL) a organisé mardi une table ronde à laquelle a pris part Jean-Louis Guigou, le délégué général de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed). Au programme, la signature d'un protocole de partenariat entre les deux institutions.

Le président du RDCL, Fouad Zmokhol (à gauche), et le délégué général de l’Ipemed, Jean-Louis Guigou.

La course à une mondialisation toujours plus accrue, toujours plus « engloutissante », force les régions géographiques et économiques à continuellement revoir leurs stratégies d'échanges dans l'objectif d'élargir leurs marchés et d'accroître leurs profits. Si l'entreprise comporte en soi des côtés positifs, elle est, dans plusieurs cas, révélatrice de déséquilibres entre les pays développés et les économies émergentes. Le cas est d'autant plus parlant entre les rives nord et sud du bassin méditerranéen. Certains organismes y voient pourtant le potentiel de bâtir des liens, de s'organiser de manière à combler les lacunes dans les différents niveaux de production, des infrastructures et de la qualité de la main-d'œuvre. C'est le cas notamment de l'Ipemed (l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen), un think-tank formé de plusieurs acteurs issus des pays méditerranéens et dont l'objectif est de plancher sur les moyens d'y dynamiser les échanges économiques.
« Le Liban comporte deux avantages compétitifs essentiels », a souligné Jean-Louis Guigou, délégué général de l'Ipemed, à l'occasion d'une table ronde organisée par le RDCL. Il a en effet mis l'accent sur la position géographique du Liban ; une position qui le place à l'avant du processus de reconstruction éventuelle des pays avoisinants « épuisés par les révolutions qui les secouent ». M. Guigou a également loué la qualité du peuple libanais. « Habitués à la diversité des opinions et maîtrisant plusieurs langues, ils sont naturellement ouverts au monde », a-t-il ajouté.

La puberté de la modernité
Dans son exposé, le délégué général et membre fondateur de l'Ipemed a mis en évidence la nécessité d'avoir une vision d'avenir commune parce que « le court terme, c'est déjà trop tard ». Reprenant la fameuse formule d'Antoine de Saint-Exupéry qui stipule que « l'avenir ne se prévoit pas, il se prépare », M. Guigou a insisté sur l'importance des « forces positives » qui rapprochent les deux rives. Dans son intervention, il a mis en exergue la tendance à la régionalisation de l'économie. Il propose ainsi une régionalisation de la Méditerranée, à l'instar des échanges entre l'Amérique du Nord et du Sud. « Obama passe plus de temps à négocier avec les pays de l'Amérique du Sud qu'à envisager des stratégies de rapprochement avec le G8 », a-t-il ainsi indiqué. Il a en outre loué les partenariats économiques mis en place par le Japon et ses voisins.
« Pour l'Europe, le mot d'ordre devrait être cap au Sud avec un resserrement des liens entre l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique », a indiqué Jean-Louis Guigou. Pour le responsable, les pays du Nord sont développés et vieillissants, tandis que les pays du Sud sont jeunes et émergents. Il rappelle que si les usines et les forces productrices sont au Nord, l'argent liquide et le pouvoir d'investissement sont au Sud.
Revenant sur les révolutions du monde arabe, Jean-Louis Guigou a indiqué que « les experts soulignent que le monde arabophone va se transformer d'ici à 10 ans ». « Le monde arabe est entré dans la puberté de la modernité. S'il est aujourd'hui laid, orgueilleux et sans identité, il est à même d'enclencher son entrée véritable dans le monde moderne », a-t-il ainsi ajouté. M. Guigou ne s'abstient pas d'être critique à l'égard d'une Commission européenne « tatchérisée » par un excès de libre-échange et de politiques libérales. « L'Europe n'a pas pris la juste mesure », a-t-il ainsi avoué.
De son côté, le président du RDCL, Fouad Zmokhol, a évoqué les objectifs communs des deux institutions, à savoir la croissance et le développement des échanges économiques dans le bassin méditerranéen « qui mènera indéniablement au développement de toute la région ». Il préconise la mise en place d'une banque méditerranéenne d'investissements, de projets communs intégrés, d'une recherche Euromed consolidée, ainsi que des échanges autour des services d'enseignement supérieurs, de la finance, des projets énergétiques, de la santé, des investissements et du marché de l'emploi. M. Zmokhol a en outre souligné la nécessité de créer un fonds méditerranéen visant à financer les projets d'infrastructure, de transport, d'énergies renouvelables, de sécurité alimentaire et de développement rural.
Fouad Zmokhol et Jean-Louis Guigou ont scellé leur vision commune autour de la signature d'une convention de partenariat qui vise à promouvoir la création d'un espace méditerranéen intégré et solidaire. « Par cet accord, nous nous engageons conjointement à aider au développement du mouvement des chefs d'entreprise euro-méditerranéens afin de sensibiliser le plus grand nombre d'entreprises libanaises aux enjeux du rapprochement économique en Méditerranée et favoriser l'émergence d'une appartenance à un espace régional commun », a enfin assuré le président du RDCL.
En espérant voir la concrétisation réelle de projets intraméditerranéens, la visite de Jean-Louis Guigou au Liban n'est pas sans importance. À l'heure d'une dégradation sécuritaire et de la difficulté (voire l'impossibilité) de tisser des liens avec les pays voisins, l'horizon méditerranéen est une planche de secours à ne pas négliger. Avis aux principaux concernés...

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