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Moyen Orient et Monde - Syrie

Sept mois dans l'enfer de Yarmouk...

Des membres du Croissant-Rouge palestinien (CRP) ont pu pénétrer dans le camp pour évacuer des blessés ou les personnes ne pouvant pas marcher. HO/Unrwa/AFP

Poussant ses enfants hors du camp palestinien de Yarmouk à Damas, Khouloud Chéhab, 32 ans, montre ses mains flétries et crevassées pour expliquer l'enfer qu'elle a vécu depuis les sept mois de siège imposés par l'armée syrienne privant la population de vivres.


« Regardez-les et vous pourrez imaginer ce qui se passe à l'intérieur. C'est catastrophique. Les gens meurent littéralement de faim », affirme-t-elle. Vêtue d'une robe grise et coiffée d'un foulard blanc et vert, cette petite femme, aux yeux noirs et à la peau claire, semble à bout de force. En sortant, elle a perdu dans la cohue son mari et un autre de ses enfants. « Nous faisions bouillir des herbes et des feuilles de cactus ramassées dans les vergers près de notre maison », assure Khouloud qui va s'installer chez sa sœur, non loin du camp. Elle a traversé un champ de ruines, contrôlé en très grande partie par les rebelles syriens alliés à des groupes palestiniens. Ils se battent dans les maisons démolies de cet ancien quartier résidentiel et commercial, contre des combattants palestiniens loyaux au régime de Bachar el-Assad.


L'armée syrienne a imposé depuis sept mois un siège hermétique à ce camp de 2 km2 situé dans le sud de Damas et, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 87 personnes y sont mortes de faim et par manque de soin. « Pour moi, voir la route ouverte est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis longtemps. Je suis ravie de sortir et j'espère que les autres pourront suivre », dit-elle en arrivant sur la place Batiha, au nord de Yarmouk, sous contrôle de l'armée syrienne.

 

(Lire aussi : El-Qaëda scelle la rupture avec Daech)

 

« Je voulais absolument sortir »
Dimanche, l'Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a distribué des rations alimentaires pour la quatrième journée consécutive. Selon son porte-parole, Chris Gunness, depuis le 18 janvier, 3 420 rations alimentaires ont été délivrées aux quelque 18 000 Palestiniens qui s'y trouvent encore, contre 150 000 avant le début du soulèvement en mars 2011.
Dans le même temps, les autorités syriennes ont laissé sortir 450 personnes, explique le responsable de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Anouar Abdel Hadi. Selon lui, cette initiative découle d'un accord conclu fin décembre par le « comité de réconciliation » local. « Jusqu'à présent 450 sont sortis, mais nous espérons qu'au total 2 000 pourront partir. » Il y a peu d'hommes parmi eux, il s'agit surtout de femmes, d'enfants, de personnes âgées, désignés par un médecin se trouvant à l'intérieur en raison de leur situation humanitaire.


« Je ne sais pas où je vais aller, mais je voulais absolument sortir même si je dois dormir dans la rue », assure Oum Alaa, la quarantaine, avec ses cinq enfants. Sa priorité est d'aller à l'hôpital pédiatrique de Mazzé, un quartier de Damas, pour soigner un de ses fils atteint d'une atrophie musculaire causée par la malnutrition. Samedi alors que les civils sortaient, il y a eu des tirs et les forces du régime se sont déployées dans les ruelles afin, selon eux, d'« empêcher une infiltration des rebelles ». Des ambulances du Croissant-Rouge palestinien (CRP) ont pu pénétrer dans le camp pour évacuer des blessés ou les personnes ne pouvant pas marcher.


Sur la place Batikha, 15 bénévoles du Croissant-Rouge palestinien ont distribué à ceux qui sont sortis des « kaaks » et de l'eau tout en prenant leurs noms. Les plus fragiles sont transférés à l'hôpital Jaffa à Mazzé. Il s'agit notamment d'enfants déshydratés à cause des diarrhées, de femmes enceintes et de personnes souffrant de diabète ou d'hypertension, explique le Dr Artef Ibrahim du CRP. À l'extérieur du camp, des proches les attendent. Parmi eux, Afaf Shehabi cherche sa fille Aala al-Aidi et son petit-fils âgé de deux ans. Aala et son fils finissent par arriver. Elle est veuve maintenant, son mari a été tué par la chute d'un obus.

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