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Liban - Environnement

Un inventeur libanais présente sa « machine pour régler le problème des déchets »

Jamil Rima présente une machine qui réduit les déchets en carbone, « un carburant très propre ». Un chimiste et un écologiste se montrent circonspects.

Un sac en plastique rempli d’ordures ménagères placé tel quel dans la machine créée par Jamil Rima. Photo Michel Sayegh

Un drôle de manège a eu lieu hier sur la place Sassine : des sacs d'ordures placés dans une machine se transforment, quinze minutes plus tard..., en un résidu de carbone de couleur noire.


L'inventeur de la machine s'appelle Jamil Rima, un docteur en chimie, longtemps professeur à l'Université libanaise (UL). À L'Orient-Le Jour, il explique son concept. « Il ne s'agit pas d'incinération, dit-il d'emblée. La technologie s'appelle RPC ou "Rapid Pulse Carbonization" (en d'autres termes, une carbonisation rapide à haute température). Dans la machine, la température s'élève jusqu'à 400 degrés et la pression est de dix bars (pour donner une idée, une pression d'un bar correspond à une force d'un kilogramme s'exerçant sur une surface d'un centimètre carré). Quand on place des déchets en tous genres – ménagers, hospitaliers, médicaments périmés... – dans cette machine, l'eau s'en dégage totalement et se transforme en vapeur d'eau qui s'évapore dans l'atmosphère. Dans le catalyseur, les autres matières subissent un craquage (l'opération qui consiste à casser une molécule organique complexe en éléments plus petits). Il en reste le carbone, qui compose 90 à 98 % des produits, surtout dans les matières organiques. »
Selon Jamil Rima, « ce résidu de carbone est un carburant très propre qui peut être utilisé dans les maisons ou encore dans certaines industries comme les cimenteries par exemple ».

 

Un procédé inoffensif ?
Interrogé sur ce qui lui permet d'affirmer que sa technologie est à 100 % sûre et que ses émissions sont inoffensives (car constituées seulement de vapeur d'eau qui, selon lui, peut être récupérée en eau distillée), Jamil Rima nous apprend que des tests indépendants ont été effectués par un expert de l'UL, Abdel Halim Mneimné, à la demande du ministère de l'Environnement sous le mandat du ministre Mohammad Rahal, et d'autres tests ont été faits par l'Institut de recherche industrielle (IRI). Les résultats ont confirmé ses propres tests, selon lui.


Nous n'avons pu vérifier cela auprès des deux instances citées, mais nous avons demandé son avis à un chimiste qui a requis l'anonymat. Celui-ci a affirmé que le procédé de craquage et de transformation en résidus carbonés lui paraît plausible « sous les conditions optimales de température et de pression ». « Mais, poursuit-il, ce procédé serait applicable pour les matières contenant du carbone, de l'oxygène et de l'hydrogène. Il serait alors possible d'obtenir des émissions inoffensives et un résidu carboné propre. Toutefois, si l'on parle de déchets divers (Jamil Rima a évoqué la possibilité de traiter des médicaments périmés et autres), on peut se poser cette question : qu'en est-il des produits qui contiennent du chlore, de l'azote, du phosphore... ? Le résidu carboné sera-t-il aussi propre alors ? »


Pour sa part, l'inventeur défend son projet et assure qu'il a obtenu un brevet du ministère de l'Économie et du Commerce. En réponse à une question, il nous apprend avoir publié, en 2013, un article sur le catalyseur dans une revue scientifique internationale, Applied Science. Plus encore, une première municipalité, celle de Aïn Ebel au Sud, a été convaincue par le projet au point de lui commander une machine qui a la capacité de traiter 70 tonnes par jour. Les machines sont produites au Liban, et peuvent fonctionner au mazout, à l'électricité, au gaz ou encore au carbone produit grâce à ce procédé.


M. Rima n'était pas en mesure de nous avancer un chiffre sur le coût de traitement de la tonne avec une telle machine, mais il assure qu'il serait nettement inférieur à celui que paient les municipalités.


Interrogé sur cette perspective, Paul Abi-Rached, président du Mouvement écologique libanais (LEM), se déclare en faveur de cette technologie « seulement si elle peut participer à réduire la quantité des matières non recyclables et non compostables, ce qui permettrait de ne plus les enterrer et de se libérer définitivement de la contrainte des décharges ». « Les déchets organiques, eux, ne devraient pas être transformés en résidus carbonés, ils sont précieux pour la fabrication de compost, un enrichisseur de sol, rappelle-t-il. Quant aux matières recyclables, elles devraient être triées en amont, elles ont une valeur sur le marché. » L'écologiste souligne également qu' « il est impossible de se prononcer sur une technologie tant qu'on n'a pas une idée sur ce qu'elle coûte, étant donné que le coût élevé du traitement de la tonne est un des problèmes auxquels on fait face actuellement au Liban ».

 

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Un drôle de manège a eu lieu hier sur la place Sassine : des sacs d'ordures placés dans une machine se transforment, quinze minutes plus tard..., en un résidu de carbone de couleur noire.
L'inventeur de la machine s'appelle Jamil Rima, un docteur en chimie, longtemps professeur à l'Université libanaise (UL). À L'Orient-Le Jour, il explique son concept. « Il ne s'agit pas...

commentaires (1)

Bravo pour l'invention de Jamil Rima et pour Aïn Ebel de commander cette machine dans un Liban ou il faudra encourager tout ce qui est made in Lebanon .

Sabbagha Antoine

08 h 30, le 31 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Bravo pour l'invention de Jamil Rima et pour Aïn Ebel de commander cette machine dans un Liban ou il faudra encourager tout ce qui est made in Lebanon .

    Sabbagha Antoine

    08 h 30, le 31 janvier 2014

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