Dans un article publié sur son site en date du 30 décembre dernier, Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris, secrétaire national du Parti socialiste français en charge de l'Europe et l'International, et premier vice-président du Parti socialiste européen, souligne que les conservateurs iraniens, représentés par le commandement des pasdaran, et le Hezbollah cherchent à étendre la guerre au Liban pour réduire toute marge de manœuvre du président Rohani en Iran, craignant de faire les frais de la désescalade irano-occidentale. M. Cambadélis met en garde dans ce contexte contre une « libysation » du Liban. Nous reproduisons ci-dessous l'article de M. Cambadélis :
« N'en déplaise à nos médias nationaux, le président de la République n'est pas allé en Arabie saoudite pour soutenir le ministre de l'Intérieur Manuel Valls contre l'humoriste "tendance quenelle", le très antijuif Dieudonné. »
« Au-delà des accords commerciaux, fond souverain et autre centrale nucléaire, ce dernier point n'étant pas secondaire dans la géopolitique de la région, la rencontre avec l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri et la déclaration de François Hollande et du roi Abdallah soulignant la convergence de vues sur les problèmes de la région, la présence de l'opposition syrienne à Genève et l'intégrité du Liban – cette dernière question ayant été précédée par l'annonce d'un soutien financier massif saoudien à l'armée libanaise : tout indique que le Liban était bien à l'ordre du jour, car la situation se détériore dans ce pays. »
« Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, qui combat aux côtés de Bachar el-Assad en Syrie, tonne à tous les vents. Il a lancé une mise en garde aux forces du 14 Mars tout en menaçant Israël et l'Arabie saoudite. Il veut écarter l'éventualité du renouvellement du mandat du président libanais, Michel Sleiman. Ni le Hezbollah ni le commandement des pasdaran iraniens ne veulent être les perdants de la désescalade irano-occidentale. »
« Il y a, à cela, des raisons géopolitiques mais aussi économique, car la fin de l'embargo contre l'Iran ruinerait l'économie du marché noir aux mains des conservateurs iraniens. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'assassinat de Mohammad Chatah, à quelques centaines de mètres de l'endroit où fut assassiné Hariri père. »
« Le fait que le Wall Street Journal révèle une correspondance entre ce dernier et le président iranien, le modéré Rohani, qui a récupéré le dossier nucléaire, en dit long sur les raisons de cet attentat mortel, mais surtout du climat qui règne tout à coup au Liban. Bachar el-Assad anticipe l'impossible victoire en Syrie et les supputations sur une partition. Il veut un Liban chiite ou tout au moins suffisamment divisé pour pouvoir exister. »
« Les conservateurs iraniens et le Hezbollah cherchent à élargir la guerre au Liban pour réduire toute marge de manœuvre du président Rohani en Iran. Le guide de la révolution iranienne, Ali Khamenei, campe quant à lui sur une grande prudence. »
« Tout indique que des forces, pour des raisons domestiques, ont décidé d'exporter la violence au Liban. La France, de passage en Arabie saoudite, a signifié qu'elle ne laisserait pas faire, d'autant que le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a déclaré que la patience de l'État hébreu avait une limite. Tout semble réuni pour un embrasement au Liban avec comme toile de fond la tentation de la "lybisation" du Liban ! La France, amie du Liban, se veut vigilante et nous devons l'être aussi ! »
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