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L'ONU appelle à sauver la génération "sacrifiée" d'enfants réfugiés syriens

Au Liban, environ 200.000 enfants réfugiés syriens en âge d'aller à l'école pourraient rester déscolarisés d'ici la fin 2013.

Des enfants réfugiés syriens dans un logement temporaire au Liban-Nord. Reuters/J. Saidi

Ils représentent la moitié des 2,2 millions de réfugiés syriens enregistrés dans la région : toute une génération d'enfants syriens traumatisés, isolés et privée d'éducation, s'alarme vendredi l'ONU dans un rapport.

"Si nous n'agissons pas rapidement, une génération d'innocents sera sacrifiée à cause de cette guerre épouvantable", a mis en garde le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, dans la présentation de la première étude approfondie réalisée par le HCR au sujet des enfants syriens depuis le début du conflit en mars 2011.
"Le monde doit agir pour sauver de la catastrophe une génération d'enfants syriens traumatisés, isolés et en proie aux souffrances", a averti pour sa part l'émissaire du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Angelina Jolie.

 

 

Selon le rapport, environ 294.300 enfants syriens ont trouvé refuge en Turquie, 385.000 au Liban, 291.200 en Jordanie, 77.120 en Irak, 56.150 en Egypte et plus de 7.600 en Afrique du Nord. Plus de 3.700 d'entre eux sont non accompagnés ou séparés de leurs deux parents, dont 2.400 au Liban.

Parfois, peut-on lire dans le rapport, des parents envoient leur fils en éclaireur pour voir s'il est possible de trouver un logement et un travail dans un pays d'accueil. Dans un cas, note le HCR, un enfant de 10 ans a été envoyé au Liban par sa famille pour voir évaluer la situation dans ce pays.

En outre, plus de 70.000 familles réfugiées syriennes vivent sans le père. Au 30 septembre 2013, l'organisation a recensé 36.622 familles de réfugiés syriens au Liban dont le père est absent. Dans beaucoup de cas, les enfants ne savent même pas où se trouve leur père.


Les auteurs de l'étude, qui n'ont pu interviewer des enfants qu'en Jordanie et au Liban, indiquent avoir reçu des informations sur de jeunes garçons formés au combat en vue d'un retour en Syrie.

Le rapport souligne également que de nombreux enfants présentent des signes de traumatisme.

A Tyr, au Liban-Sud, des membres du HCR ont invité des enfants à dessiner pendant leur processus d'enregistrement. "Des enfants de cinq ans seulement ont dessiné des images violentes de roquettes, d'armes, de sang et de maisons détruites. D'autres ont laissé entendre leur désir de rentrer chez eux, en écrivant des messages comme +J'aime la Syrie+, sur leurs dessins", peut-on lire dans le rapport.

 

Les enfants au travail
En outre, les auteurs du rapport ont constaté que de très nombreuses familles réfugiées sans ressources financières envoient leurs enfants travailler pour assurer leur survie. En Jordanie et au Liban, les chercheurs ont constaté que des enfants, certains âgés de sept ans seulement, travaillent de longues heures pour un maigre salaire, parfois dans des conditions dangereuses.

Ainsi, dans le camp jordanien de Zaatari, la plupart des 680 commerces emploient des enfants. Et une étude effectuée dans onze des douze gouvernorats de Jordanie montre que près d'un ménage réfugié sur deux survit en partie ou totalement grâce au salaire d'un enfant.

Au Mont-Liban, Naser, père de cinq enfants, a expliqué au HCR qu'il ne peut trouver un emploi stable et que, les économies familiales (2.000 $) ayant fondu très rapidement, son fils de 13 ans doit travailler de 7h à 19h tous les jours, à fabriquer des accessoires pour sacs à mains. Au HCR, Naser assure souhaiter du fond du coeur que son fils retourne à l'école, mais que pour le moment, son fils est obligé de travailler pour subvenir aux besoins des sept membres de la famille.

Une responsabilité colossale repose sur les épaules d'enfants, regrette le HCR.

 

L'école

Du coup, une majorité d'enfants réfugiés syriens ne va pas à l'école. Plus de la moitié des enfants syriens d'âge scolaire vivant en Jordanie ne vont pas en classe. Au Liban, environ 200.000 enfants réfugiés syriens en âge d'aller à l'école pourraient rester déscolarisés d'ici la fin 2013.

Au Liban, malgré une aide substantielle apportée par le ministère de l'Education, l'Unicef et le HCR, le coût de la scolarisation des enfants reste trop élevé pour certaines familles qui ne peuvent envoyer tous les enfants à l'école. Au Liban, 660 familles sur 1.432 (46%) ont indiqué qu'au moins un enfant était déscolarisé. 57% de ces familles ont avancé un argument financier pour expliquer cette déscolarisation. Généralement, si un choix est nécessaire, le plus jeune des enfants est envoyé à l'école.

"Si la situation ne s'améliore pas radicalement, la Syrie risque de se retrouver avec une génération sous éduquée", avertit le HCR dans son rapport.

 

(Voir ici : un microsite créé par le HCR pour son rapport)

 

Pour des raisons de sécurité, parce qu'ils doivent aider à la maison et parce que leurs familles ne sont pas au courant des activités disponibles, beaucoup d'enfants de réfugiés syriens restent cantonnés à la maison, où les conditions de vie sont souvent loin d'être bonnes. Beaucoup "se sentent comme en prison", note Abdel-Menhen, un réfugié syrien faisant du volontariat au Liban-Sud. Lors d'une enquête sur le terrain au Liban et en Jordanie, il a été demandé à 106 enfants à quelle fréquence ils sortaient de la maison. 29% ont répondu une fois par semaine ou moins, selon le HCR. Sept enfant ont répondu moins d'une fois par mois.

Pour réinstaurer le jeu dans la vie de ces enfants, des ONG sillonnent notamment le Liban-Sud, pour proposer des animations.


Autre symptôme inquiétant, le grand nombre de bébés nés en exil sans certificat de naissance - un document pourtant essentiel pour prévenir l'apatridie.

 

Appel à l'accueil de réfugiés

Après quasiment 1.000 jours d'un conflit qui a fait plus de 120.000 morts, le HCR appelle la communauté internationale à soutenir les pays voisins de la Syrie pour qu'ils maintiennent leurs frontières ouvertes et améliorent leurs services d'accueil. M. Guterres demande aussi aux autres pays d'offrir davantage de places de réinstallation et d'admission pour motifs humanitaires aux familles de réfugiés avec des enfants gravement blessés et à ceux qui sont en situation d'insécurité.

 

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"Si nous n'agissons pas rapidement, une génération d'innocents sera sacrifiée à cause de cette guerre épouvantable", a mis en garde le Haut-Commissaire des Nations...

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Triste de manipuler les enfants ainsi dans un monde qui bouge mal partout

Sabbagha Antoine

11 h 13, le 29 novembre 2013

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Commentaires (1)

  • Triste de manipuler les enfants ainsi dans un monde qui bouge mal partout

    Sabbagha Antoine

    11 h 13, le 29 novembre 2013

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