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À La Une - Success story

Avec Paumanok, les Massoud donnent aux vins de Long Island leurs titres de noblesse

En suivant leur rêve, Charles et Ursula Massoud ont fondé un vignoble aujourd’hui très réputé. La relève est assurée par leurs trois fils.

Le domaine des Massoud.

La famille Massoud tient aujourd’hui le haut du pavé à New York dans les domaines du vin et de la gastronomie. Avec une production viticole grandissante, Charles et Ursula Massoud se sont taillé en trente ans une solide réputation pour leur savoir-faire, pour la saveur et la qualité de leur vin. Raflant les trophées dans leur catégorie, les vins Paumanok, du nom indien de Long Island, font l’objet de nombreux éloges dans la presse américaine dont notamment le New York Times et le Wall Street Journal, qui a été jusqu’à « comparer leurs vins à ceux de la Californie, au tiers du prix ». C’est dans leur vignoble de Long Island que le couple et leurs enfants ont célébré la semaine dernière le trentième anniversaire de Paumanok, lors d’un événement de levée de fonds au profit de l’hôpital de Long Island.


Avec Paumanok, Charles et Ursula ont donné aux vins de Long Island leurs titres de noblesse. Paumanok, qui vient d’être sélectionné parmi les cinq plus grands vins des États-Unis par la revue Wine Enthousiasts et la « Wine Association », est en passe de devenir le « vin de l’année ». Une bien belle gageure. «Car c’est la première fois qu’un vignoble de la Côte Est est “nominé”. Parmi les cinq vins sélectionnés cette année, trois sont de la Californie, un de Long Island et un de l’Oregon. C’est pour nous une grande reconnaissance. La sélection finale se fera en décembre», indique Charles Massoud, lors d’un entretien accordé à L’Orient-Le Jour à New York.

 


32 hectares plantés et huit cépages
Le domaine verdoyant des Massoud se trouve à Riverhead, dans la pointe de l’île de Long Island, non loin des Hamptons. Il s’étend à perte de vue. « Nous avons 80 acres cultivés, soit 32 hectares, et huit cépages dont quatre rouges : carbernet sauvignon, cabernet franc, merlot et petit verdot, et quatre blancs : chardonnay, riesling, sauvignon blanc et chenin », explique Charles Massoud. « Nous produisons environ 11 000 caisses par an », poursuit-il. Face à une forte demande du marché, « nous avons planté en 2011 plus de chenin, de cabernet franc et de cabernet sauvignon pour être en mesure d’augmenter la production d’environ 15 000 caisses en 2015, soit 180 000 bouteilles. Avec la famille qui grandit, à savoir quatre familles, le “ business ” doit grandir en conséquence. Nous sommes maintenant à la recherche de terrains », confie-t-il.


Les affaires marchent donc bien. « C’est un bon problème à avoir », dit le viticulteur avec satisfaction. Quelle place occupent les vins de Long Island sur le marché international ? « Le marché local absorbe pratiquement toute la production », répond Charles. « Nous exportons relativement peu, avec une présence à Londres, à Hong Kong, en Chine et en Suisse. Nous sommes en pourparlers pour vendre encore plus au Japon », poursuit-il.
Depuis l’avènement du « keg », l’équivalent de deux caisses et demi, soit 30 bouteilles, qui prend la moitié de l’espace, les choses ont pris une autre tournure. « Les restaurants qui vendent le vin au verre utilisent de plus en plus le “ keg ”, pour éviter de stocker et recycler les bouteilles », explique Charles Massoud. Il affirme que « New York représente un marché très important et absorbe la moitié de la production. C’est là que nous trouvons notre part de ce marché », assure-t-il. « C’est pour cela que nous cherchons à grandir rapidement, dit-il. Il faudra doubler la production. Il est essentiel de savoir à la fois grandir et maintenir la qualité pour perpétuer la tradition. »

 

 

Charles Massoud.


Traditions familiales
Interrogé sur son parcours, Charles avoue que son goût pour le vin « remonte à son enfance ». « J’ai grandi dans une famille où le vin a toujours été central dans les repas de famille, toujours arrosés d’un verre de vin français, se remémore-t-il en souriant. À la maison, on buvait toujours d’excellents vins. » « Au Liban, la famille de ma grand-mère possédait un verger à Dfoun, poursuit-il avec nostalgie. Nous allions lui rendre visite tous les mardis, et nous inspections les vignes. C’est une belle jeunesse chargée de folklore. J’en ai gardé de grands souvenirs d’enfance. » C’est de là qu’est venu son penchant pour l’agriculture et la vie en plein air, dit-il.


En 1970, son rêve était de faire un projet de ver à soie. Mais la vie « l’appelle ailleurs », au Koweït dans le cadre d’IBM. Là, son « principal hobby » était de fabriquer de la bière et du vin avec les expatriés européens et américains, à partir du jus de raisin acheté au supermarché qu’ils faisaient fermenter à la cuisine. « Nous participions à des dégustations entre nous », raconte-t-il en souriant.


Quant à son épouse Ursula, elle appartient à une famille solidement ancrée dans les traditions vinicoles en Allemagne. «Son grand-père maternel, ses cousins et ses oncles ont toujours été impliqués dans la vigne et le vin, dit Charles. Chaque fois que nous allions en vacances en Allemagne, nous participions à tailler la vigne, à la vinification et à la dégustation. La curiosité devient une activité.» Lorsque Charles quitte IBM, le couple réalise son rêve d’achat d’un vignoble à commercialiser. « Le Liban s’est désintégré, et l’idée du ver à soie oubliée. Ce qui est resté, c’est notre passion pour l’agriculture et la vie en plein air », souligne-t-il.

 


Une progression rapide
En 1979, Charles et Ursula émigrent aux États-Unis pour travailler chez IBM à New York et s’installent à Stamford, dans le Connecticut. En lisant le New York Times, Charles tombe sur un article relatant l’aventure d’un jeune couple qui avait planté des vignes à Long Island et commençait à faire du vin. « C’était un autre couple qui avait réalisé notre rêve! s’exclame Charles. Faudra-t-il attendre la retraite pour faire de même?» Décidée à aller de l’avant, la famille Massoud se rend en 1980 à Long Island à la rencontre de ce couple pour « se renseigner sur les possibilités dans ce domaine». Avant de se lancer dans l’aventure, ils décident «d’approfondir leurs connaissances ». Après trois ans de visites à Napa Valley, aux États-Unis, aux vignobles de Bourgogne et du Bordelais, en France, ils examinent en détails les conditions géologiques et climatiques de Long Island pour arriver à la conclusion qu’un jour, ils allaient produire de grands vins dans cette région avec un risque d’investissement acceptable. C’est en 1983 qu’ils achètent une ferme plantée de pommes de terre. Ils labourent le terrain et plantent au départ environ cinq hectares en vin blanc, principalement du riesling et du chardonnay. Mais tout se développera bien vite.


En 1986, Charles et Ursula organisent une conférence à Long Island en invitant sept personnes de la région de Bordeaux, notamment Mme De Lenqsaing, propriétaire de Château Pichon Comtesse de Lalande, Paul Pontalier, qui était directeur des opérations de Château Margaux, et le Pr Seguin, de l’Université de Bordeaux, spécialiste de « la science des sols ». Après l’examen du sol de leurs vignes, ce dernier, qui le compare à celui des vignobles bordelais, donne son blanc-seing. En 1992, Charles quitte IBM et s’installe définitivement à Long Island.


Le domaine grandit et la famille aussi. Paumanok est devenue une importante entreprise familiale qui a du galon et « se porte bien ». Charles, Ursula, Karim, Sélim et Nabil jouent chacun un rôle-clé dans l’affaire. Tout le monde met la main à la pâte pour « augmenter la production ». Karim est en charge de la vinification et du marketing, Nabil s’occupe de la viniculture, et Sélim aide dans l’administration, la vente et la distribution. « Chacun a son petit fief, plaisante Charles Massoud. Nos enfants nous forcent à la retraite. Nous apprécions de les voir prendre l’affaire en charge. Je pense qu’ils la mèneront à un niveau supérieur. Ils pourront agrandir l’affaire bien mieux que nous. »

 

 

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