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À La Une - Assemblée générale de l’ONU

Obama tend la main à Rohani, Hollande la serre

Sur le papier, Français et Américains restent intransigeants sur la Syrie.

Le président iranien à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU. Brendan McDermid/AFP

Le président américain Barack Obama s’est engagé hier à tenter de résoudre la crise nucléaire iranienne par la voie diplomatique, prenant note du changement de ton de son nouvel homologue Hassan Rohani mais réclamant des « actes transparents et vérifiables », pendant que son homologue français, François Hollande, évoquait d’autres contacts « à venir » avec le président iranien Hassan Rohani, avec lequel il s’est entretenu à huis clos. Les deux leaders, parallèlement, sont restés très fermes sur le dossier syrien, du moins dans leurs discours.


À la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, qui a débuté hier matin à New York, Barack Obama a estimé que M. Rohani, récemment investi, avait reçu un « mandat pour suivre un chemin plus modéré » que son prédécesseur ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. M. Rohani, dont le discours a été boycotté par la délégation israélienne, a adopté un ton conciliant envers l’Occident et appelé depuis quelques jours au dialogue pour résoudre les contentieux dont le plus brûlant, le dossier nucléaire. Les États-Unis et leurs alliés soupçonnent le programme nucléaire iranien d’avoir des visées militaires, ce que Téhéran dément. Et hier, une nouvelle fois, M. Obama a prévenu que son pays était déterminé à empêcher Téhéran de développer une arme atomique.

 

(Lire aussi: Obama à l'ONU en plein doute sur l'influence américaine)



La voie diplomatique
Alors qu’une réunion est prévue demain à New York sur ce dossier entre le nouveau ministre des Affaires étrangères iranien et ses homologues des grandes puissances, M. Obama a reconnu que « les blocages pourraient s’avérer trop difficiles à surmonter (...) Mais je suis convaincu qu’il faut essayer la voie diplomatique ». En cas de succès, il a laissé entrevoir « une relation différente, fondée sur les intérêts et le respect mutuels » entre les États-Unis et l’Iran, qui n’ont plus de liens diplomatiques depuis un tiers de siècle. Mais « les mots conciliants devront être accompagnés d’actes transparents et vérifiables », a-t-il aussi mis en garde. Au moment où parlait M. Obama, entre 1 000 et 1 500 personnes, notamment des membres des Moudjahidine du peuple (opposition en exil), se sont rassemblés devant le siège de l’ONU pour protester contre d’éventuelles négociations américano-iraniennes.


Même son de cloche pour le président français François Hollande qui, lançant au passage un « cri d’alarme » sur la situation en Centrafrique, a appelé de ses vœux un dialogue « direct et franc ». « Ce que la France attend de l’Iran, ce sont des gestes concrets qui témoignent que ce pays renonce à son programme nucléaire militaire même s’il a le droit à un programme civil », a déclaré M. Hollande à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU. Il a tenu ces propos avant de rencontrer M. Rohani en tête à tête en marge de la réunion internationale, échangeant avec lui une poignée de main « technique ». Peu après, les deux dirigeants, leurs ministres des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Mohammad Javad Zarif, et quelques proches se sont retrouvés à huis clos. La rencontre s’est prolongée pendant une quarantaine de minutes. Puis François Hollande a pris congé de son hôte avec un mot aimable, évoquant « un premier contact qui en appelle d’autres ». Quant à Hassan Rohani, il a souhaité très diplomatiquement « un meilleur avenir » pour la relation entre les deux pays. Un proche du président Hollande a parlé d’une « rencontre dans un climat poli et courtois », marquée par « un dialogue franc et direct ».

 

(Pour mémoire: La main (bien) tendue de Rohani à l’Occident...)



« Trop compliquée »
En revanche, une rencontre évoquée depuis plusieurs jours mais jamais confirmée, entre MM. Obama et Rohani, ne s’est pas concrétisée hier, le président iranien n’ayant pas assisté au déjeuner rassemblant des chefs d’État et de gouvernement sous les auspices du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Un haut responsable de la Maison-Blanche a d’ailleurs annoncé hier que les deux chefs d’État ne se rencontreraient finalement pas à New York. Selon ce responsable, qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, une telle entrevue a été proposée par la présidence américaine aux Iraniens, mais ceux-ci l’ont déclinée, estimant qu’elle serait « trop compliquée à réaliser à l’heure actuelle ».

 

Dans sa première allocution sur la scène internationale, le président iranien s’est spectaculairement démarqué hier de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, dont les discours à l’ONU étaient régulièrement émaillés de menaces et de bravades. M. Rohani a ainsi assuré hier à la tribune de l’ONU que son pays ne représentait « absolument pas une menace pour le monde », appelant le président américain à ignorer les va-t-en-guerre et à privilégier la négociation, dénonçant avec virulence les sanctions dont son pays fait l’objet. L’Iran « est prêt à coopérer (...) de manière bilatérale et multilatérale avec d’autres acteurs responsables », a poursuivi le nouveau président iranien, réaffirmant que les armes nucléaires et autres armes de destruction massive n’avaient pas leur place dans la politique de défense de la République islamique : « Les armes nucléaires sont contre notre religion », a-t-il même affirmé. Concernant la Syrie, il s’est dit satisfait que ce pays ait adhéré à la Convention internationale sur les armes chimiques, critiquant fortement leur usage.



Conséquences
Concernant le volet syrien, M. Ban, en ouvrant la 68e Assemblée générale de l’organisation, a appelé « tous les pays » à cesser d’alimenter « l’effusion de sang » en Syrie et à mettre fin à la fourniture d’armes à toutes les parties.
Et dans un discours essentiellement consacré au Moyen-Orient, M. Obama est aussi revenu sur le dossier syrien, en réclamant une résolution « ferme » du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’élimination des armes chimiques dans ce pays. Pour le président américain, la résolution doit être de permettre de « vérifier que le régime (du président syrien Bachar el-) Assad tient ses engagements » de démanteler son arsenal chimique. Des armes chimiques sont à l’origine, selon M. Obama, d’une attaque qui a coûté la vie à près de 1 500 personnes le 21 août dans la banlieue de Damas. « C’est une insulte à la raison humaine et à la légitimité de cette institution (l’ONU) de suggérer que quiconque, autre que le régime, a mené cette attaque », a-t-il insisté. Devant 130 chefs d’État et de gouvernement, et des ministres, dont le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, Barack Obama a agité la menace de « conséquences » dans le cas où Damas ne tiendrait pas ses engagements. Le chef d’État américain a également promis 340 millions de dollars d’aide supplémentaire, regrettant que la communauté internationale n’ait pas été à la « hauteur » dans le conflit. Le secrétaire d’État John Kerry devait d’ailleurs rencontrer hier son homologue russe Sergueï Lavrov à New York pour évoquer ce dossier brûlant.

 

(Lire aussi: La Syrie, « le plus grand défi humanitaire... », au cœur de la 68e Assemblée générale de l’ONU)


Un peu plus tard, depuis la même tribune, François Hollande a lancé un appel similaire au Conseil de sécurité, l’exhortant à adopter une résolution prévoyant « des mesures coercitives, c’est-à-dire sous le chapitre VII, qui ouvriraient la voie à une éventuelle action armée contre le régime en cas de manquement à ses obligations ».

« Monsieur le président, le Brésil sait se défendre »
Juste avant l’intervention de M. Obama, son homologue brésilienne Dilma Rousseff a consacré une grande partie de son intervention à dénoncer – avec virulence – le programme américain de surveillance des communications. « Affront », « ingérence », « violation des droits de l’homme et des libertés » : Dilma Rousseff, la première à prendre la parole, n’a pas mâché ses mots, consacrant la première partie de son discours à ce sujet « très grave », qui l’a conduit la semaine dernière à repousser un voyage d’État prévu aux États-Unis fin octobre. « L’argument selon lequel ces écoutes illégales visent à protéger les pays du terrorisme est intenable », a déclaré la présidente brésilienne à la tribune. « Une telle ingérence dans les affaires d’autres pays est une violation du droit international et un affront aux principes qui doivent guider nos relations », a-t-elle ajouté. « Monsieur le président, le Brésil sait se défendre », a-t-elle lancé à l’adresse de Barack Obama. « Nous sommes un pays démocratique, entouré de pays démocratiques, pacifiques et respectueux du droit international. Nous avons vécu en paix avec nos voisins depuis plus de 140 ans », a-t-elle souligné. La présidente brésilienne a demandé « des explications et des excuses » des autorités américaines, ainsi que « l’assurance que de telles pratiques ne se reproduiraient pas ».

 

 

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