L’armée loyaliste progresse dans Maaloula

L’armée syrienne est entrée hier dans le village chrétien de Maaloula, au nord de Damas, et y pourchasse des rebelles, des extrémistes sunnites du Front al-Nosra, a annoncé l’agence officielle SANA. « Les unités de l’armée sont arrivées sur la place principale du village et au couvent Mar Takla, après avoir tué des dizaines de terroristes », a précisé l’agence. Un responsable de la sécurité syrienne avait indiqué plus tôt que les rebelles se trouvaient toujours à Maaloula et que l’armée syrienne tentait de les en déloger. « L’armée n’a pas encore repris Maaloula », avait indiqué cette source précisant qu’il y avait encore de « petites poches rebelles à l’intérieur de Maaloula, ainsi que dans son périmètre. » Contactée par téléphone, une religieuse du couvent Mar Takla a confirmé l’arrivée de l’armée syrienne. « Ils sont venus, sont entrés dans le couvent et ont hissé un grand drapeau syrien sur la petite fontaine dans le couvent, puis ils sont repartis en direction de l’hôtel as-Safir », a raconté cette religieuse, soulignant qu’ils étaient près de 70 soldats. La majorité des habitants de Maaloula, où des combats ont débuté il y a une semaine, ont fui vers le village sunnite voisin de Aïn al-Tiné et Damas. « Ces déplacés jugent nécessaire que l’armée entre dans le village et à tout prix », selon l’opposition tolérée. À noter que Maaloula est stratégique pour les rebelles qui tentent de resserrer leur étau autour de Damas et menacer la route principale reliant la capitale à Homs, plus au Nord, voie clé pour le ravitaillement des troupes du régime.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avait fait état dimanche de la prise de contrôle de Maaloula par des rebelles, notamment le groupe sunnite extrémiste du Front al-Nosra. Un groupe de rebelles, dont le Front al-Nosra ne fait pas partie, avait annoncé mardi un retrait conditionnel de Maaloula. « Pour s’assurer que du sang n’est pas versé, que les biens des habitants de Maaloula sont préservés, l’Armée syrienne libre (ASL) annonce que Maaloula sera tenue à l’écart des combats entre l’ASL et l’armée du régime », a indiqué, sur une vidéo mise en ligne sur Internet, le porte-parole du Front de libération de Qalamoun, qui regroupe des forces antirégime dans le secteur de Qalamoun près de Damas. Mais « l’armée et ses chabbiha (milices) ne doivent pas entrer dans la ville », a averti le porte-parole, dont le nom n’est pas mentionné. Même son de cloche pour un groupuscule rebelle répondant au nom des Descendants du prophète à propos de la localité, refusant l’entrée des troupes du régime dans la ville : « Nous ne permettrons pas au régime de détruire (Maaloula), pour en être accusés par la suite. »

Maaloula, village de 5 000 âmes situé à 55 km au nord de Damas, doit sa renommée à ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme. La majorité de ses habitants chrétiens sont grecs-catholiques. C’est aussi l’une des plus célèbres localités chrétiennes de Syrie dont les habitants parlent l’araméen, la langue de Jésus-Christ. Des habitants, ayant fui la localité, ont d’ailleurs accusé les jihadistes qui s’en sont emparés de les avoir traités de « croisés » et contraint l’un d’entre eux, sous la menace d’un pistolet, à se convertir à l’islam. « J’habite en face de l’arche à l’entrée de la ville. J’ai entendu une énorme explosion et de l’arche, il ne restait plus rien. J’ai vu les gens portant sur leur tête un bandeau d’al-Nosra tirer sur des croix », raconte Adnane Nasrallah, 62 ans. « Ils ont mis un pistolet sur la tempe d’un voisin et l’ont obligé à se convertir à l’islam en prononçant : « Il n’y a de Dieu que Dieu » puis ils ont rigolé en disant : « Maintenant, c’est un des nôtres », a-t-il ajouté. Cet homme, qui a vécu 42 ans dans l’État de Washington où il avait un restaurant appelé Maaloula et qui est revenu au pays peu avant le début de la révolte contre le régime en mars 2011, a tout perdu.

Michel Kilo vs Mgr Lahham
Le sort de cette localité historique inquiète certes la communauté internationale, mais plus encore les chrétiens d’Orient, déchirés depuis le début du conflit syrien par l’attitude à adopter, face à une radicalisation de l’opposition musulmane notamment. Le dissident syrien, Michel Kilo, a été ainsi violemment critiqué pour avoir affirmé que le patriarche grec-catholique, Mgr Grégoire III Lahham, « n’est pas patriarche et n’a rien à voir avec le christianisme », après que ce dernier eut envoyé une lettre au président américain, Barack Obama, dans laquelle il avait désigné une éventuelle intervention militaire en Syrie comme un « acte criminel ».

(Lire aussi : Condamnations libanaises des propos de Michel Kilo au sujet de Lahham)

Parallèlement, au moins vingt civils alaouites ont été tués par des combattants du Front al-Nosra et d’un autre groupe rebelle, a indiqué hier le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, précisant que des attaques avaient été lancées mardi contre des villages à majorité alaouite près de Homs dont Maksar al-Hissan, Massoudia et Jib al-Jirah avec l’intention d’en prendre le contrôle. Les forces régulières ont pu reprendre le contrôle du village mardi soir à l’issue de combats pendant lesquels elles ont perdu deux hommes et tué un nombre indéterminé de combattants du Front al-Nosra, a poursuivi M. Abdel Rahmane. Enfin, un raid aérien de l’armée syrienne sur un hôpital de fortune installé à el-Bab, dans la province d’Alep, a tué au moins 11 personnes hier, toujours selon l’ONG.

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