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À La Une - conflit

Obama à l'heure du choix syrien

Le président US face à un isolement relatif sur la scène internationale et une méfiance de l'opinion publique américaine.

Un sondage NBC montre vendredi que 50% des Américains rejettent l'idée d'une action militaire contre le régime syrien pour le punir d'avoir utilisé des armes chimiques, contre 42% qui l'approuvent. AFP PHOTO / Saul LOEB

Barack Obama, tout en se disant "las" de la guerre, a défendu vendredi la nécessité d'une action des Etats-Unis, même "limitée", pour punir le régime syrien d'avoir tué des centaines de civils à l'arme chimique. Confronté au scepticisme d'une majorité de l'opinion publique américaine, au forfait du traditionnel allié britannique et à un blocage au Conseil de sécurité de l'ONU, M. Obama a assuré qu'il n'avait pas encore pris de "décision finale" dans ce dossier.


Mais après la publication en milieu de journée d'un rapport du renseignement avançant un bilan de 1.429 morts dont 426 enfants dans une attaque chimique due au régime syrien près de Damas le 21 août, le dirigeant a affirmé que "nous ne pouvons pas accepter un monde dans lequel des femmes, des enfants et des civils innocents sont gazés".
"L'armée et mon équipe examinent un ensemble de possibilités", a révélé M. Obama. Cinq destroyers équipés de missiles de croisière ont déjà été déployés en Méditerranée. "Quoi qu'il arrive, nous n'envisageons pas une action militaire comprenant des soldats au sol et une longue campagne. (...) Nous examinons la possibilité d'une action limitée, étroite", a promis le président, qui avait évoqué mercredi un "coup de semonce" au régime syrien.


Le dirigeant américain a appelé le monde à ne pas être "paralysé" face à la situation en Syrie, au lendemain du rejet par le Parlement britannique d'une participation de Londres à une éventuelle intervention armée contre le régime de Bachar el-Assad.


Ce camouflet pour le Premier ministre David Cameron a privé les Etats-Unis d'un allié jusqu'ici fiable: Londres avait été la seule capitale à accompagner dès le début l'intervention américaine de mars 2003 en Irak.
Si la France reste disposée participer à une action "proportionnée et ferme" aux côtés des Etats-Unis, Washington a déjà tiré un trait sur un feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies vu le droit de veto dont y dispose la Russie, soutien jusqu'ici indéfectible du régime Assad, et M. Obama a condamné vendredi "l'impuissance" de l'instance internationale.


L'isolement relatif de Washington sur la scène internationale s'accompagne d'une certaine méfiance de l'opinion publique américaine et du Congrès vis-à-vis d'une nouvelle intervention au Moyen-Orient, moins de deux ans après le départ d'Irak des derniers soldats américains à l'issue d'une occupation meurtrière.

 


"Personne n'est plus las de la guerre que moi"

Un sondage NBC montre vendredi que 50% des Américains rejettent l'idée d'une action militaire contre le régime syrien pour le punir d'avoir utilisé des armes chimiques, contre 42% qui l'approuvent.
Une très large majorité (79%) dit souhaiter que M. Obama obtienne l'autorisation du Congrès avant toute intervention militaire. La loi américaine requiert en théorie une autorisation votée par le Congrès pour tout déploiement durable de forces à l'étranger, mais les présidents américains ont toujours estimé qu'ils disposaient du pouvoir constitutionnel de déclencher des opérations militaires sans aval parlementaire.


Mercredi, 116 élus de la Chambre (sur 435), dont 18 démocrates, avaient ainsi réclamé la convocation du Congrès de façon à autoriser formellement des frappes. Jeudi, une autre lettre allant dans le même sens, co-signée par 54 élus, en majorité démocrates, a également été envoyée à Obama.


Ce dernier a reconnu vendredi qu'"ici aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans de nombreux endroits du monde, il existe une certaine lassitude" vis-à-vis des opérations armées. "Je comprends très bien cela", a-t-il dit après avoir mentionné nommément l'Afghanistan et l'Irak.
"Le monde en général en a assez de la guerre, les Etats-Unis viennent de traverser une décennie de guerre. Je peux vous assurer que personne n'est plus las de la guerre que moi", a affirmé le président.
Mais refuser d'agir face au recours à des armes "dont 98 ou 99% de l'humanité pense qu'elles ne devraient pas être utilisées" ferait "passer le message que les règles internationales ne veulent pas dire grand chose", a-t-il plaidé.


La "fenêtre de tir" pour une éventuelle intervention pourrait s'avérer étroite après le départ de Syrie des inspecteurs de l'ONU, prévu samedi matin. M. Obama doit voyager en Russie pour un sommet jeudi et vendredi prochains après une escale en Suède mercredi.  Voir les Américains diriger des frappes sur son allié syrien depuis son propre territoire constituerait un affront supplémentaire pour le président russe Vladimir Poutine après l'annulation cet été d'un sommet bilatéral par Washington

 

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Commentaire

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