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Repères : vers une intervention militaire étrangère en Syrie - Éclairage

Syrie : Des frappes ciblées, scénario le plus probable

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ontraints de réagir après le massacre présumé aux armes chimiques, les pays occidentaux pourraient décider de « punir » Damas en menant une brève opération de frappes chirurgicales contre des intérêts stratégiques, sans pour autant s’engager dans une intervention de longue durée, estiment des experts. À Washington, Londres ou Paris, les déclarations des derniers jours des responsables politiques ne laissent guère de doute : une réaction d’ordre militaire est désormais sérieusement envisagée.
Pour Vivien Pertusot, directeur de l’Institut des relations internationales (IFRI) à Bruxelles, « la situation est simple : aucun pays occidental n’a envie d’intervenir, mais l’usage d’armes chimiques, s’il est confirmé, va les obliger à réagir ». Sous peine de « laisser croire à Bachar el-Assad qu’il peut continuer à les utiliser ». Dans ce contexte, les capitales pourraient se mettre d’accord sur une opération limitée « dont le but serait purement punitif, dont l’objectif serait ni de changer le régime à Damas ni de renverser l’équilibre sur le terrain en faveur des forces rebelles », avance Jonathan Paris, expert du groupe de réflexion Atlantic Council. « Lancer des attaques ciblées à l’aide de missiles tirées depuis la mer contre des dépôts de munitions ou des infrastructures stratégiques syriens semble être la seule option réaliste à l’heure actuelle », estime aussi Markus Kaim, de l’institut allemand SWP. Une telle opération pourrait être très brève, menée en un jour ou deux. « Il serait donc plus logique de mener une action rapide avec une coalition limitée qu’une action plus tardive avec une coalition plus large », résume Bruno Tertrais, de la Fondation de la recherche stratégique à Paris.


Dans une telle éventualité, les États-Unis ont à disposition des forces qu’ils déploient dans la région, y compris les navires de guerre armés de missiles de croisière en Méditerranée. « À l’heure actuelle, les seuls qui se mobilisent publiquement et concrètement sont les Américains », remarque Vivien Pertusot. Mais ils pourraient être secondés par les Français, qui « ont des moyens disponibles, comme les avions Rafale, sur leurs bases d’Abou Dhabi et de Djibouti », et par les Britanniques, même si le Parlement devra donner son feu vert à toute intervention.


Pour les experts, il est peu probable qu’une opération limitée engage l’OTAN ou soit menée au nom de l’Union européenne, en raison de la complexité à obtenir rapidement un consensus politique entre les pays membres de ces deux institutions. Certains pays européens, comme l’Allemagne, sont traditionnellement réticents au recours à la force militaire. L’opération pourrait donc être menée par quelques pays réunis au sein d’une « coalition of the willing » (coalition de volontaires). Elle pourrait comprendre des États de la région, comme la Turquie, prêts à se passer du feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU en raison de l’opposition de la Russie et de la Chine. Dans ce cas, un précédent est fréquemment évoqué : les frappes aériennes menées par les Occidentaux en 1999 contre les forces serbes au Kosovo, en dépit d’une absence d’un mandat de l’ONU auquel s’était opposée la Russie. La secrétaire d’État américaine de l’époque, Madeleine Albright, avait alors défendu le caractère « légimite », à défaut de « légal », de l’intervention.


Si les Occidentaux décidaient de ne pas lancer d’opération militaire, ils pourraient se contenter d’accroître leur soutien aux forces rebelles syriennes, mais cette option minimaliste n’enverrait pas un message de fermeté à Bachar el-Assad, selon les experts. Le choix d’une autre option – établissement d’une zone d’exclusion aérienne ou de corridors, opération de destruction des stocks d’armes chimiques – est jugé peu vraisemblable en raison de la complexité de leur mise en œuvre.

 

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