Sur les décombres de Roueiss et de Tripoli, Kabbani appelle à l’unité des musulmans

Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, s’est rendu hier a Tripoli en visite de solidarité avec les Tripolitains, à la suite du double attentat qui a frappé la ville vendredi dernier, avant d’inspecter dans l’après-midi les lieux de l’attentat du 15 août, à Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Arrivé à midi à Tripoli et accompagné par une unité de l’armée, le mufti a entamé sa tournée dans la capitale du Nord par une visite à cheikh Salem Rafeï, avant de se rendre au siège de Dar-el-Fatwa, où il a déclaré que les attentats à la voiture piégée de la banlieue sud et de Tripoli étaient l’œuvre d’une même partie. « Le complot est clair. L’objectif est de provoquer un conflit entre les musulmans », a-t-il clamé. Selon le mufti, les puissances persistent à faire plonger le Liban dans les conflits, à l’instar des autres pays de la région, en faveur d’Israël. Il a en outre appelé les musulmans à reprendre la prière dans les mosquées al-Salam et al-Taqwa ce vendredi sans peur, les exhortant à ne réagir à aucun incident.
Le mufti Kabbani s’est ensuite rendu à la mosquée al-Salam où il a s’est enquis de l’ampleur des dégâts avec l’imam de la mosquée, cheikh Bilal Baroudi. Il y a aussi donné ses directives pour la reconstruction du lieu, avant d’inspecter la mosquée al-Taqwa, qui a aussi été visée par le double attentat de vendredi. Au terme de sa visite tripolitaine, cheikh Kabbani a appelé les chiites et les sunnites à l’unité « pour faire échouer les complots ourdis contre eux ». « Il est temps que le Liban se remette sur pied et que les responsables politiques s’abstiennent de se défier les uns les autres quelles que soient leur opinions, a-t-il sermonné. Que les différends soient réglés au sein du gouvernement et non pas dans la rue ». Et d’ajouter : « Ce qui nous attend est encore pire. Les grandes puissances ne vous laisseront pas en paix. Peu leur importe les milliers de victimes, elles veulent avoir mainmise sur la région, et ont l’intention pour cela de vous provoquer et vous séparer entre terroristes, salafistes, musulmans modérés, mais nous resterons unis entre musulmans, et avec les salafistes et ceux qu’ils appellent terroristes. »
Le mufti de la République s’est ensuite rendu à Roueiss, où l’attendaient le responsable du conseil politique au sein du Hezbollah, sayyed Ibrahim el-Sayyed, et des députés du parti. Sur les lieux de l’explosion, il a appelé les hommes politiques « à cesser leurs discours arrogants, teintés de défis ».
« L’objectif des attentats est de provoquer l’anarchie constructive dans toute la région arabe », a-t-il ajouté, notant que ce complot ne pourra parvenir à ses fins et appelant le Premier ministre désigné Tammam Salam à accélérer la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Il a enfin souhaité que les musulmans coopèrent avec les chrétiens, « visés à leur tour par le complot ». « L’Irak comprend peu de chrétiens, qui ne se sont pas ingérés dans les conflits. Pourquoi donc leurs églises sont-elles prises pour cible ? C’est pour faire croire que les chrétiens ne peuvent vivre parmi les musulmans, mais nous allons prouver le contraire. Les chrétiens sont nos partenaires au Liban, en Syrie, en Irak et en Égypte, et nous resterons unis », a-t-il affirmé, estimant que « celui qui a attaqué Tripoli et la banlieue ne s’abstiendra pas de s’en prendre aux chrétiens ».
Pour sa part, M. Sayyed a exhorté toutes les parties à considérer l’ampleur des périls résultant du complot contre le Liban, faisant part de ses condoléances pour les proches des martyrs de la banlieue sud et de Tripoli, et notant que la douleur dans les deux régions était égale.