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Lifestyle - Langues

« Masko farado » ou « banado ce la lageto » ?

Vieille utopie, l’esperanto s’offre une cure de jeunesse dans un château français.

Au château de Grésillon, les jeunes espérantistes réunis après le « tagmango » (déjeuner) communiquent sans barrière avec leurs camarades. Frank Perry/AFP

« Masko farado » ou « banado ce la lageto » ? Dans le parc d’un château au cœur de la France, la Chinoise Yuan-Yuan, 10 ans, et la Française Anaïs, 14 ans, discutent en esperanto du programme de leur après-midi, maniant avec un naturel étonnant cette langue à vocation universelle... mais restée rare.
À l’unanimité, la vingtaine d’enfants rassemblés au château néorenaissance de Grésillon, à Saint-Martin-d’Arcé dans l’ouest, pour une rencontre internationale de jeunes locuteurs, opte finalement pour l’atelier de « fabrication de masques », plutôt que pour la « baignade au lac », temps frisquet oblige. « La moitié d’entre eux sont des denaskulo, c’est-à-dire que l’esperanto est une de leurs langues maternelles. L’intérêt ici est de leur permettre de pratiquer avec d’autres enfants, hors du strict cadre familial », explique Cyrille Hurstel, l’un des organisateurs de la rencontre.
Plus d’un siècle après sa création par Ludwig Zamenhof, l’esperanto s’est diffusé dans le monde entier mais reste loin d’avoir acquis l’universalité dont rêvait le linguiste polonais. « On peut considérer que quelques millions de personnes dans le monde ont des notions, mais il n’y a sans doute guère plus de 100 000 locuteurs au quotidien », estime M. Hurstel. À la différence de l’hébreu moderne, du filipino ou du swahili, langues qui ont prospéré après avoir été elles aussi créées ou recréées, « l’esperanto n’a jamais pu s’appuyer sur une structure étatique ou officielle, malgré deux résolutions de l’ONU en sa faveur », regrette cet ingénieur, examinateur agréé du Cadre européen de référence pour les langues du Conseil de l’Europe.
Proposé dans des écoles de 25 pays, de l’Inde à l’Albanie en passant par les États-Unis et la Hongrie, où il est reconnu à l’université, l’esperanto reste snobé par le système scolaire français, à l’exception de la faculté de lettres de Mulhouse. Mais ses promoteurs ne désespèrent pas de voir cette langue internationale prendre enfin son essor à la faveur de la mondialisation. Avec sa grammaire et sa syntaxe simples et ne souffrant d’aucune exception, tout en permettant d’exprimer toutes les nuances de la pensée, l’esperanto est infiniment plus facile à apprendre que l’anglais et a tous les atouts pour devenir la langue franche du XXIe siècle, selon ses partisans.
« Un Chinois et un Brésilien qui veulent commercer ensemble gagneraient beaucoup de temps à apprendre l’esperanto plutôt que l’anglais », juge M. Hurstel. D’ores et déjà, et ce « depuis bien avant la création d’Internet, l’esperanto est une formidable porte d’entrée dans un pays, que ce soit pour les loisirs ou pour les affaires, car on est sûr d’y être accueilli comme en famille par les locuteurs locaux », assure-t-il.
Au château de Grésillon, les jeunes espérantistes réunis après le « tagmango » (déjeuner) communiquent sans barrière avec leurs camarades. « C’est cool de pouvoir parler dans sa langue avec des enfants d’autres pays », se félicite Stella, une Allemande de 14 ans. Pour les parents de même langue maternelle, « l’esperanto est une façon relativement aisée d’offrir à leurs enfants une éducation bilingue, ce qui facilite l’acquisition future d’autres langues », souligne M. Hurstel, qui a fait ce choix pour ses trois filles, avec son épouse.
L’esperanto a été conçu à partir des années 1870 par Zamenhof, issu d’une famille juive de Bialystok (actuelle Pologne, alors sous domination russe), où des communautés de langues polonaise, yiddish, russe et allemande coexistaient sans guère se parler. Il est principalement construit à partir d’éléments de langues romanes, germaniques et slaves. « La langue est simple, notamment pour les Européens, mais pas simpliste : il y a quelques jours, je me suis fait reprendre par une participante chinoise. Un des intérêts de l’esperanto est qu’il n’a pas de détenteur plus légitime que les autres », confie M. Hurstel.
(Source : AFP)
« Masko farado » ou « banado ce la lageto » ? Dans le parc d’un château au cœur de la France, la Chinoise Yuan-Yuan, 10 ans, et la Française Anaïs, 14 ans, discutent en esperanto du programme de leur après-midi, maniant avec un naturel étonnant cette langue à vocation universelle... mais restée rare.À l’unanimité, la vingtaine d’enfants rassemblés au château...

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