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À La Une - Égypte

Mohammad Morsi vs des millions d’Égyptiens...

L’armée estime à « plusieurs millions » le nombre de manifestants qui défilaient hier à travers le pays pour réclamer le départ du président islamiste.

« Il s’agit de la plus grande manifestation dans l’histoire de l’Égypte », selon une source militaire. Mohammad Abd el-Ghany/Reuters

Des manifestations monstres et véritablement historiques à travers toute l’Égypte ont eu lieu hier à l’appel de l’opposition pour réclamer le départ du président Mohammad Morsi. L’armée estime à « plusieurs millions » le nombre de manifestants descendus dans la rue, un an jour pour jour après l’investiture, a déclaré une source militaire. « Il s’agit de la plus grande manifestation dans l’histoire de l’Égypte », a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat.


Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni Moubarak début 2011, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à l’adresse du président. « Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Égypte va être libérée une nouvelle fois à partir de Tahrir », affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale. Les manifestants se sont également massés aux abords du palais présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de la capitale, en scandant « dégage » et « le peuple veut la chute du régime ».
Des manifestations anti-Morsi ont aussi eu lieu à Alexandrie, deuxième ville du pays ; à Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil, ainsi qu’à Port-Saïd et Suez, sur le canal du même nom, ou encore dans la ville natale de M. Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire. La chaîne CNN annonçait en fin de soirée 30 millions de manifestants à travers toute l’Égypte.

 

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La présidence a réagi en affirmant que « le dialogue est la seule façon pour parvenir à une entente » et qu’elle était « ouverte pour lancer un véritable et sérieux dialogue national ». Mais la principale coalition de l’opposition égyptienne a appelé les manifestants à rester dans la rue jusqu’à la démission du régime « dictatorial » du président Morsi, accusé de gouverner au seul profit des islamistes et de laisser l’économie s’effondrer.
En marge des manifestations, une personne a été tuée à Beni Suef et une autre dans la province d’Assiout, au sud du Caire, lors d’affrontements qui ont aussi fait des dizaines de blessés aux abords de locaux des Frères musulmans, selon les services de sécurité. Au Caire, le QG de la confrérie islamiste, dont est issu M. Morsi, a été attaqué dans la soirée avec des cocktails Molotov et des tirs de chevrotine.

Et pendant ce temps, à Nasr City...
Redoutant de graves troubles, l’armée et la police se sont déployées à travers le pays pour renforcer la protection des installations vitales, notamment le canal de Suez. Les militaires se sont dit récemment prêts à intervenir si le climat dégénérait, après que des heurts eurent déjà fait huit morts, dont un Américain, dans les jours qui ont précédé les rassemblements d’hier. L’armée a par ailleurs assuré hier soir qu’elle ne permettrait pas de « faire peur aux manifestants ».
Non loin du palais présidentiel, des militants islamistes campent depuis vendredi dans le quartier de Nasr City pour défendre la « légitimité » du premier chef de l’État égyptien librement élu. Ils étaient 25 000 hier soir, selon l’armée.
Cette journée constitue le point d’orgue de la campagne Tamarrod (rébellion), le mouvement à l’origine des appels à manifester massivement pour réclamer le départ de M. Morsi le jour même de l’anniversaire de son investiture. Tamarrod, soutenu par de nombreux personnalités et mouvements de l’opposition laïque, libérale ou de gauche, assure avoir collecté plus de 22 millions de signatures pour une présidentielle anticipée, soit plus que le nombre d’électeurs de M. Morsi en juin 2012 (13,23 millions).

 

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Après un an d’une présidence mouvementée, déjà marquée par plusieurs crises, M. Morsi vit son « Jour du jugement », titraient hier certains journaux.
L’instabilité persistante en Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec plus de 80 millions d’habitants, pèse lourdement sur une économie marquée par une inflation et un chômage en hausse, et une chute de sa monnaie. Les adversaires de M. Morsi dénoncent une dérive autoritaire du pouvoir destinée à instaurer un régime dominé par les islamistes, ainsi que son incapacité à relancer l’économie.
Ses partisans en revanche soulignent qu’il puise sa légitimité dans la première élection présidentielle libre de l’histoire de l’Égypte. Ils accusent l’opposition laïque de faire le jeu des nostalgiques de l’ancien régime.


Samedi, le président américain Barack Obama demandait à M. Morsi et à l’opposition d’engager un dialogue « plus constructif ».
Craignant des dérapages, le département d’État a annoncé le départ d’une partie de son personnel diplomatique et plusieurs pays, dont la France, la Belgique et la Grande-Bretagne, ont diffusé des consignes de prudence à leurs ressortissants.
La crainte d’une aggravation de la crise provoque en outre depuis plusieurs jours une ruée des automobilistes sur les stations-service, et pousse de nombreux Égyptiens à stocker des vivres. Hier, premier jour de travail de la semaine, de nombreuses entreprises et bureaux étaient fermés par mesure de sécurité.

 

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