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Liban

CHUD : un projet pilote pour la conservation de cinq villes historiques

Les souks de Saïda au lendemain des travaux de restauration.

C’est en 2004 que le coup d’envoi de la réhabilitation et la conservation des centres historiques de cinq villes libanaises a été donné, dans le cadre du programme CHUD (Culture Heritage and Urban Development – Patrimoine culturel et développement urbain). Financé par la Banque mondiale, le département de coopération pour le développement du ministère italien des Affaires étrangères et l’Agence française de développement, ce projet consiste à réhabiliter l’infrastructure et restaurer les sites historiques de Byblos, Tyr et Baalbeck, déjà placés sur la liste mondiale du patrimoine, ainsi que ceux de Saïda et de Tripoli.
Toutes les facettes de ce projet, dont l’exécution se poursuivra jusqu’en 2017, étaient à l’ordre du jour de la conférence qui s’est tenue récemment à Rome sur « La sauvegarde du patrimoine culturel dans les pays de la Méditerranée touchés par les conflits ».


Le projet CHUD a pour objectif principal de « renforcer le développement économique local, ce qui permet d’améliorer la qualité de vie des populations locales » et d’« améliorer la conservation et la gestion du patrimoine libanais », comme l’explique Wafa’ Charafeddine, directrice du département des financements au Centre du développement et de la reconstruction (CDR) chargé de l’exécution du projet en coordination avec la Direction générale des antiquités.
Le volet urbanistique du projet consiste essentiellement à réhabiliter l’infrastructure (électricité et eau), embellir les espaces publics, réorganiser le trafic routier, créer des parkings, protéger et aménager les façades maritimes, mais aussi à promouvoir les activités culturelles, les métiers traditionnels et les services relatifs au patrimoine et au tourisme. Des règlements d’urbanisme appropriés aux quartiers historiques et à leurs zones limitrophes ont été préalablement pensés et approuvés dans le cadre du projet, en collaboration avec la Direction générale de l’urbanisme (DGU) et les municipalités concernées.

Défis relevés avec brio
La tâche n’a pas été des plus faciles, puisqu’il fallait impliquer les populations locales dans ce chantier de réhabilitation. « Chaque ville possède ses spécificités et sa culture qu’il fallait respecter », souligne Nabil Itani, architecte spécialiste dans la conservation des monuments et sites, responsable de la partie urbaine du projet CHUD. Il fallait également trouver les moyens de collaborer avec « les leaders » de chaque ville « afin de mener à bout le projet », ajoute-t-il, comme il fallait prendre en considération « l’activité économique », « les catégories vulnérables, à savoir les enfants, les personnes âgées et les malades, les problèmes environnementaux, comme la pollution », etc.


Sur le plan archéologique, les principaux problèmes rencontrés se résument essentiellement au manque d’expertise libanaise dans la restauration des monuments historiques, comme le précise Jean Yasmine, responsable du chapitre archéologie du projet CHUD. Il a donc fallu recourir à l’expertise italienne dans ce domaine.
Du fait que le projet soit financé par plusieurs parties, le gouvernement libanais représenté par le CDR devait se conformer aux procédures suivies par les trois donateurs, « en plus de celles adoptées au Liban », précisent pout leur part Maher Baker et Hala Deghaili, responsables de la gestion des contrats du projet, qui mettent l’accent sur les défis qu’ils avaient à relever pour son exécution dans chacune des cinq villes.


À tous ces défis inhérents au projet, s’ajoutent l’instabilité politique et sécuritaire qui règne depuis 2005, l’offensive israélienne au Liban en 2006, les conflits de Nahr el-Bared en 2007 et les affrontements à Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané à Tripoli qui se poursuivent épisodiquement d’ailleurs.
Néanmoins, le CDR a relevé le pari, l’impact positif du projet commençant déjà à être ressenti. Wafa’ Charafeddine note ainsi qu’à Byblos, les autorités locales « tirent profit au grand maximum de ce projet et organisent des activités culturelles en collaboration avec le secteur privé ». Également à Saïda, « le littoral de la ville est devenu plus touristique », ajoute-t-elle. Wafa’ Charafeddine affirme enfin que ce projet pilote sera suivi par d’autres visant à réhabiliter d’autres sites touristiques du pays.


Qu’est-ce qui pousse les donateurs à investir dans des pays instables sur le plan sécuritaire ? Anthony Bigio, représentant de la Banque mondiale, explique à L’Orient-Le Jour que dans le cadre des objectifs que s’est fixés la BM, il y a celui de « lutter contre la pauvreté et favoriser la croissance économique au bénéfice de la population », même si « les crises politiques aiguës » qui sévissent dans ces pays « se transforment en conflits parfois armés ». « Ce n’est pas une raison de les abandonner, affirme-t-il. Au contraire, il faut que la BM reste engagée à côté de ces pays pour favoriser la reprise de la vie économique, la pacification et l’intégration des anciens combattants dans la vie quotidienne normale. C’est ce que nous faisons régulièrement à travers le monde. »

C’est en 2004 que le coup d’envoi de la réhabilitation et la conservation des centres historiques de cinq villes libanaises a été donné, dans le cadre du programme CHUD (Culture Heritage and Urban Development – Patrimoine culturel et développement urbain). Financé par la Banque mondiale, le département de coopération pour le développement du ministère italien des Affaires...

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