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À La Une - Liban

Qui du Hezb ou des gardes iraniens a assassiné Hachem Salman?

« Un chiite, fils de chiite » a été tué hier, touché au ventre par des tirs devant le siège de l’ambassade d’Iran, alors que ses camarades manifestants de l’Option libanaise d’Ahmad el-Assaad ont été roués de coups par les « chemises noires » du Hezbollah.

Un jeune manifestant essayant d’esquiver les coups d’une violence inouïe des « chemises noires » du Hezbollah : une image du Liban exécrable comme rarement...

Le jeune Libanais Hachem Salman (19 ans), responsable des jeunes au sein de l’Option libanaise, parti chiite indépendant, a été tué par des tirs hier lors d’une échauffourée qui a éclaté entre partisans et adversaires du Hezbollah devant l’ambassade d’Iran à Bir Hassan, près de la banlieue sud de Beyrouth. Qu’il ait été tué par des tirs des « chemises noires » du Hezbollah, ou par les gardes de l’ambassade (cette dernière version a été confirmée par une source officielle libanaise à L’OLJ), ce qui est certain est qu’hier, devant le siège de l’ambassade iranienne, un jeune chiite a été tué par un autre chiite.


Dans les faits, une trentaine de jeunes membres de l’Option libanaise, parti chiite indépendant hostile à l’intervention armée du Hezbollah en Syrie et dirigé par Ahmad el-Assaad, sont arrivés à bord de bus et de vans près de l’ambassade d’Iran pour organiser un sit-in. En quelques secondes, alors que les manifestants commençaient à descendre de leurs véhicules, d’autres hommes, « vêtus de chemises noires avec au bras un ruban jaune », se sont rués sur eux, « armés de bâtons et de toutes les formes d’armes blanches », comme l’a rapporté l’un des manifestants. C’est alors qu’« une personne a tiré à partir d’une arme de guerre, blessant grièvement un citoyen qui a fini par succomber à ses blessures », comme l’a rapporté l’armée dans un communiqué, sans donner de précision ni sur l’assaillant ni sur la victime.


L’institution militaire a fait état par ailleurs d’un « différend entre les membres d’un convoi relevant d’un parti politique, qui s’était rendu à Bir Hassan afin de protester devant l’ambassade d’Iran contre les incidents en Syrie, et un groupe de citoyens ». C’est cette même formulation qui a d’ailleurs été reprise par la chaîne al-Manar, relevant du Hezbollah. Le communiqué de l’armée a assuré enfin que celle-ci « est en train de rechercher la personne qui a tiré ». La bagarre, qui a duré quelques minutes, s’est terminée avec l’intervention de l’armée, selon le photographe de l’AFP. L’incident a fait près de 11 blessés, tous parmi les jeunes de l’Option libanaise. Les photographes sur place ont également eu leur part de coups. Les médias ont été interdits de filmer l’échauffourée par les mêmes « chemises noires ».

Qui a tiré ?
Aucune information officielle n’a été fournie sur l’identité du tireur ni même sur le parti dont il relève. Deux versions sont véhiculées : selon la première version, transmise par les médias du 14 Mars, ce sont des éléments du Hezbollah, plus précisément les « chemises noires », qui auraient tiré directement sur le jeune chiite de l’Option libanaise, après que l’un des manifestants eut brandi son revolver et tiré dans l’air en réaction aux attaques subies. Selon la version rapportée par l’Option libanaise, c’est l’un des gardiens de l’ambassade qui aurait tiré en direction des manifestants lorsque l’échauffourée a éclaté, blessant Hachem Salman au ventre. La garde iranienne aurait ensuite établi un périmètre de sécurité autour du siège de l’ambassade. Cette différence de versions est d’autant plus curieuse que l’Agence nationale d’information a d’abord rapporté, vers 13h20, hier, une « altercation entre les gardes de l’ambassade et des manifestants, ayant fait des blessés ». Mais elle n’a pas tardé à publier, vers 13h55, une autre information rectifiant la précédente, et faisant état « d’une altercation entre certains jeunes du quartier et des manifestants, ayant fait des blessés ».


Des témoins oculaires cités par Now Lebanon vont plus loin. Pour eux, « l’attaque contre les manifestants devant l’ambassade d’Iran était préparée à l’avance, puisque, à peine les jeunes du parti de l’Option libanaise sont-ils arrivés sur place qu’ils ont été attaqués à coups de bâton et de pierres lancées sur leurs véhicules par un groupe qui avait surveillé leurs mouvements ». Les jeunes manifestants ont alors « essuyé des tirs, qui ont abouti au décès de Hicham Salman », ajoutent les témoins, précisant que « lorsque le jeune homme a été blessé, les assaillants n’ont permis à personne de s’approcher de la victime ». Plus encore, les agresseurs « se sont rués sur le blessé alors qu’il était déjà étendu au sol, et l’ont roué de coups, avant qu’il ne soit finalement transféré à l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri où il a très vite succombé à ses blessures ».

 

(Lire aussi : Le cardinal Tauran très « inquiet » pour le Liban)

 


 « L’armée et les FSI n’ont pas bronché... »
Cet incident, le plus grave du genre dans la capitale qui soit lié au conflit syrien, intervient deux jours après une mise en garde de l’armée contre des « complots » pour entraîner le Liban dans la guerre civile.


Si l’armée a indiqué hier dans son communiqué qu’elle est « intervenue immédiatement pour disperser les personnes impliquées dans l’incident », Ahmad el-Assaad, lui, a fait part du « décès de tout ce qui se nomme État libanais ». « Hachem Salman est un chiite fils et petit-fils de chiite, qu’ils ont tué au vu de tous, en lui tirant des balles au ventre, sans que personne, ni armée ni Forces de sécurité intérieure ne bronchent », a affirmé le leader de l’Option libanaise Ahmad el-Assaad. « Les masques sont tombés : nous traitons avec un groupe incapable d’accepter l’existence d’un avis contraire. C’est soit eux, soit personne. » Et de conclure, non sans émotion : « Que ceux qui disent assumer la responsabilité du poste qu’ils occupent ramènent devant la justice celui qui a tué Hachem Salman. »
Un manifestant blessé par les « chemises noires » a lancé pour sa part : « Nous continuerons à dénoncer la participation au combat en Syrie, où l’on envoie nos enfants mourir. »


L’incident a par ailleurs été stigmatisé par la section estudiantine du Parti national libéral. « Nous demeurerons aux côtés des chiites libres, les chiites des principes nationaux et compagnons de route du président Camille Chamoun », a déclaré le communiqué, rappelant les noms de « Mahmoud Ammar, Kazem el-Khalil, Ali Maoula, pour ne citer que quelques-uns parmi les anciennes grandes personnalités chiites » proches du parti.

 

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