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À La Une - Révolte

Les soldats d’Assad et les hommes du Hezbollah récupèrent Qousseir en ruine

L’opposition ne s’avoue pas vaincue et affirme que le combat se poursuivra jusqu’à la « libération » de la Syrie.

Les soldats d’Assad se pavanant dans les champs de ruines de Qousseir après la prise de la ville. Mohammad Azakir/Reuters

Le régime de Bachar el-Assad et son puissant allié le Hezbollah ont pris hier aux rebelles la ville-clé de Qousseir dévastée par deux semaines de combats acharnés, remportant une importante victoire dans la guerre en Syrie.
Cette ville, située dans la province centrale de Homs, est stratégique car elle relie notamment Damas au littoral et ouvre la voie au régime pour la prise totale de la ville de Homs. La télévision officielle a montré des images de soldats arborant leurs armes devant des bâtiments éventrés mais « libérés », comme la mairie et le centre culturel sur lequel ils ont hissé le drapeau syrien. Pendant plus de deux semaines, les positions rebelles ont été soumises à d’intenses bombardements. La chaîne a également montré ce qu’elle a présenté comme « les repaires des terroristes où sont stockés des caisses d’armes et de charges explosives, ainsi qu’un lance-missile ». L’armée a « pu nettoyer Qousseir des terroristes », a affirmé le commandement militaire, en prévenant que « les forces armées n’hésiteront pas à écraser les hommes armés dans chaque recoin du territoire ». La chaîne al-Manar du Hezbollah a, elle, parlé d’un « grand exploit ».

 

(Diaporama : Qousseir, champ de ruines)


Aucun bilan précis des victimes n’a toutefois été donné. La Commission générale a parlé de « centaines » d’insurgés tués et le Hezbollah a déploré la mort de dizaines de ses combattants. Mais on ignore les pertes de l’armée ou des civils. La Commission générale de la révolution syrienne, un réseau de militants, a précisé que les rebelles étaient parvenus à « faire sortir civils et blessés » de Qousseir. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), de nombreux civils avaient quitté la ville bien avant le début de l’assaut.

 

Qousseir ravagée par la guerre. Mohammed Azakir/Reuters

 


« Héroïsme hors du commun »
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a reconnu que le président syrien avait « marqué un point » avec la prise de cette ville. « C’est un revers » pour les rebelles, « mais cela ne veut pas dire que c’est la fin de la guerre », a affirmé pour sa part Khattar Abou Diab, professeur de relations internationales à l’université Paris-Sud. Pour lui, le régime n’aurait pas pu prendre Qousseir sans « la grande coopération » de l’Iran qui parraine le Hezbollah et qui a « félicité l’armée et le peuple syriens » pour la victoire sur les « terroristes », terme utilisé pour désigner les rebelles.
Le chef par intérim de la Coalition de l’opposition, Georges Sabra, a quant à lui tenté de minimiser la prise de Qousseir, affirmant que l’opposition poursuivrait le combat contre le régime « jusqu’à la libération » du pays. Qousseir « est une petite bataille où vous (les rebelles) avez fait preuve d’un héroïsme hors du commun, mais d’autres batailles suivront, jusqu’à la libération du pays, tout le pays », a déclaré M. Sabra lors d’une allocation prononcée à Istanbul et diffusée par les chaînes satellitaires arabes. « Vous allez battre cette bande terroriste et ses maîtres à Qom et à Téhéran », a assuré le dirigeant de l’opposition en allusion au Hezbollah qui combat aux côtés des troupes gouvernementales et à l’Iran, allié régional clé du régime Assad. M. Sabra a dénoncé les « envahisseurs », en référence aux combattants du Hezbollah, en promettant à ces « criminels la défaite et l’humiliation ». Il a également lancé un cri d’alarme, évoquant l’état de 15 000 civils menacés selon lui de « massacre et de génocide » après leur repli à Boueida el-Charqiya, dernier bastion des rebelles au nord de Qousseir.

 

 

Des soldats syriens et des civils célébrant la reprise de Qousseir par le régime aidé par les combattants du Hezbollah. Mohammad Azakir/Reuters

 


Parallèlement, une source hospitalière à Safed, dans le nord d’Israël, affirmait qu’un Syrien est décédé lors de son transfert dans un hôpital israélien tandis qu’un autre Syrien blessé était opéré dans cet établissement, et que les deux hommes appartenaient aux forces rebelles combattant le régime Assad.

 

(Eclairage : Utilisation de sarin par le régime : et ensuite ? ...)

Genève 2 n’aura pas lieu... en juin
Les positions jusqu’au-boutistes des protagonistes rendent difficile l’organisation de la conférence de paix internationale. Le régime syrien a donné son accord de principe à cette conférence, tandis que l’opposition exige au préalable la démission du président Assad, l’arrêt des combats et le départ de Syrie de combattants de l’Iran et du Hezbollah. « Nous allons travailler de façon intense dans les prochaines semaines et nous nous rencontrerons à nouveau à Genève le 25 juin », a ainsi déclaré l’émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi au terme de la réunion préparatoire. Pour M. Brahimi, cette conférence pourra se dérouler « espérons-le en juillet ». L’objectif est d’amener « les parties syriennes, sans conditions préalables, à examiner comment elles pourraient appliquer le communiqué » de Genève, adopté en 2012 par la première conférence internationale, a dit M. Brahimi. « Les parties syriennes ne sont pas prêtes, c’est le point délicat », a-t-il admis. La première conférence de Genève avait appelé à un processus politique en vue d’un rétablissement de la paix sans se prononcer sur le sort du président Bachar el-Assad.

 

(Eclairage : Que change la levée par l'UE de l'embargo sur les armes destinées aux rebelles syriens ?)


Côté russe, le vice-ministre des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a également confirmé que la conférence internationale de paix sur la Syrie dite Genève 2 n’aura pas lieu en juin, faute d’accord sur une liste de participants. « La question la plus délicate est celle des participants (à la conférence). L’opposition syrienne, contrairement au gouvernement syrien (...), ne voit pas qui va faire partie de la délégation » à la conférence, a ajouté M. Gatilov. De plus, la Russie, les États-Unis et l’ONU ne sont pas parvenus pour le moment à se mettre d’accord sur la participation de l’Iran et de l’Arabie saoudite à cette conférence, a-t-il souligné. Un autre vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité de Genève par l’agence de presse ITAR-Tass, a souligné que la participation de l’Iran était primordiale pour Moscou.


Par ailleurs, le pape François a dénoncé hier « les violences et les abus » commis en Syrie et a soutenu les efforts de la communauté internationale visant à organiser à Genève une conférence de paix, en recevant en audience des participants à une réunion de coordination des institutions de charité catholiques qui aident la population syrienne et celles des pays environnants touchés par cette crise.

 

 

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