« Le Hezbollah perd du terrain au sein de la communauté chiite... »

Siégeant à Ghobeiri, le Rassemblement des ulémas libanais publie des informations en continu sur son site
www.newlebanon.info. L’association œuvre notamment pour le dialogue islamo-chrétien. À travers son site Web, l’ONG veut avoir ainsi accès à tous les Libanais, notamment ceux de la communauté chiite.
Cheikh Abbas Jawhari, président du Rassemblement des ulémas libanais, souligne que « les chiites modérés ne parviennent plus à faire parvenir leur voix au sein de la communauté. Ils ne possèdent ni télévision ni radio. Nous essayons donc de le faire à travers notre site Web ». 

Son dernier article « Reconnaître son erreur est une vertu » a été lu par 7 000 internautes. Il a été aussi vivement critiqué par les partisans du Hezbollah.
Pour cheikh Jawhari, « même si une importante partie de la communauté chiite du Liban soutient le Hezbollah, il reste une autre qui est contre le parti et qui en parle ouvertement,; elle constitue peut-être 5 % de la communauté. Il y a aussi ceux qui sont contre les positions prises par le Hezbollah mais qui ne se prononcent pas publiquement. Ils constituaient environ 20 % de la population, avant le début de la participation du Hezbollah directement à la guerre en Syrie, aujourd’hui ce pourcentage augmente et pourrait atteindre rapidement les 50 % ». 

(Lire aussi: Ce que « le sayyed » n’a pas dit..., l’éclairage de Scarlett Haddad)

Il explique que « si la communauté chiite opte pour le silence, c’est parce que le parti de Dieu a une importante influence dans tous les villages et les localités, du Liban-Sud au Hermel en passant bien sûr par Baalbeck et la banlieue sud. Ce sont le Hezbollah et ses partisans qui ont de l’argent et qui le font tourner. Ainsi un épicier ou un coiffeur qui manifeste des opinions allant contre celles du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pourrait perdre sa clientèle ; les partisans du parti ne se rendront plus chez lui. Le commerçant préfère donc se taire ».
« Pour justifier sa guerre en Syrie, Hassan Nasrallah affirme qu’il est en train de lutter pour protéger les lieux saints du chiisme. Et c’est facile de croire une telle idée quand on baigne déjà dans une certaine idéologie politique.

(Lire aussi : Le Futur dénonce l’action « criminelle » du Hezbollah en Syrie)

Au Liban-Sud et dans la Békaa, le Hezbollah tient ses partisans à travers la religion et l’argent », ajoute-t-il.
« C’est grâce à l’argent d’ailleurs que le Hezbollah a gagné autant de terrain. L’Iran lui verse chaque année deux milliards de dollars qu’il dépense de plusieurs façons : salaires, hôpitaux, écoles... c’est comme ça aussi qu’il s’assure que la population ne se soulèvera pas contre lui », note-t-il.
« Il pourvoit scolarisation et aides médicales. Les familles des martyrs reçoivent des salaires fixes. Aujourd’hui, la famille de chaque homme tombé en Syrie encaisse 50 000 dollars comme indemnisation. Il faut compter aussi le salaire mensuel qui lui sera versé. Actuellement, le parti envoie ses élites en Syrie. Jusqu’à présent, plus de 200 de ses hommes y ont été tués, 400 ont été blessés. Durant la guerre de juillet 2006, le Hezbollah avait perdu 430 hommes en 33 jours. Même si l’opposition syrienne compte déjà un millier de morts à Qousseir, elle se vengera. Et le sang appellera le sang », poursuit-il. 

« Peut-être que le Hezbollah a commencé à perdre du terrain au Liban avec les événements du 7 mai 2008. Mais aujourd’hui, avec sa participation à la guerre en Syrie, il perd aussi sur le plan arabe. La communauté chiite du Liban tient au tissu national libanais et à sa présence dans le monde arabe. Elle est donc libanaise et elle ne devrait pas prêter allégeance à l’Iran, comme le fait le Hezbollah », souligne cheikh Jawhari en conclusion.

Lire aussi

Pour mémoire