En visite à Doha le 27 mars dernier pour l'inauguration de l'exposition au Musée du Sport et de l'Olympisme du Qatar, le secrétaire d'État à la Culture grec Costas Tzavaras avait indiqué que cet événement ouvrait "un pont de l'amitié" entre les deux pays. Certes, mais pour le Qatar, il est des lignes rouges en matière de "pudeur" qui ne se discutent pas, même entre amis.
La Grèce a donc repris possession de deux statues antiques d'athlètes grecs qui n'ont pas pu être exposées, comme prévu, en raison de la nudité de leur sujet, a-t-on appris mardi auprès d'une source proche du ministère de la Culture grec. Il s'agit de statues représentant de jeunes hommes nus, comme l'étaient les athlètes olympiques de l'Antiquité, la première datant de l'époque archaïque (6e siècle avant notre ère) et la deuxième étant la copie romaine d'un athlète grec classique.
"Les statues sont revenues en Grèce, les organisateurs (de l'exposition, NDR) au Qatar voulaient couvrir le sexe des statues avec des tissus noirs", a indiqué une source auprès d'une source proche du ministère de la Culture grec à l'AFP mardi. "Elles n'ont jamais été exposées, elles sont retournées à l'entrepôt et revenues le 19 avril" a-t-il ajouté.
Peu après l'inauguration de l'exposition, organisée en partenariat avec ExxonMobil Qatar et qui restera ouverte jusqu'au 30 avril, le quotidien français Libération s'était ému de l'absence de certaines sculptures de nus de l'époque greco-romaine lors du vernissage, dans un bref article intitulé "Le Qatar ne peut pas voir le nu en sculpture". Le directeur du musée, Christian Wacker, avait ensuite démenti toute censure. "Il n'y a pas eu de censure du tout" avait-il dit à RFI le 4 avril.
Le Qatar, éliminé de l'organisation des JO de 2016 et de 2020, est candidat à l'organisation des Jeux Olympiques d'été de 2024.
Le Qatar est aussi un investisseur prisé en Grèce pour relancer l'économie du pays en profonde récession.
En janvier, l'émirat a annoncé qu'il prévoyait d'investir jusqu'à un milliard d'euros dans un fonds destiné à soutenir les PME grecques. L'émirat a par ailleurs renouvelé sa candidature à un appel d'offres international pour la reprise du site de prestige Hellinikon à Athènes, le plus important projet immobilier en Grèce, dans le cadre des privatisations lancées par l'État grec. Les deux pays viennent de lancer un nouveau comité de coopération, et la presse indiquait récemment que l'émir du Qatar Hamad bin Khalifa Al Thani s'était rendu acquéreur à titre personnel de six îles en mer Ionienne...
Autant de raison pour la Grèce de maintenir son "amitié" avec l'émirat, malgré l'affaire des statues.
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commentaires (6)
Quand c'est "arriéré", c'est à jamais ! RIEN à faire.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
03 h 12, le 20 octobre 2015