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À La Une - censure

Egypte : la justice a de moins en moins le sens de l'humour

Le parquet ordonne l'arrestation de Bassem Youssef, un célèbre animateur de télévision satirique, accusé d'offense à l'islam et d'insulte envers Morsi.

L'humoriste Bassem Youssef est accusé d'offense à l'islam pour s'être "moqué du rituel de la prière" dans son émission télévisée, et d'insulte envers le président Morsi pour avoir "raillé son image à l'étranger". AFP PHOTO /KHALED DESOUKI

Le procureur général égyptien a ordonné samedi l'arrestation d'un célèbre animateur de télévision satirique accusé d'insulte au président islamiste Mohamed Morsi, dernier épisode en date d'une série d'offensives contre les médias critiques.


Bassem Youssef est accusé d'offense à l'islam pour s'être "moqué du rituel de la prière" dans son émission télévisée, et d'insulte envers le président Morsi pour avoir "raillé son image à l'étranger", ont indiqué des sources judiciaires, précisant que plusieurs plaintes avaient été déposées contre l'humoriste.
L'auteur d'une des plaintes a demandé que des mesures légales soient prises contre lui afin de dissuader d'autres personnes de suivre son exemple, selon une des sources.


"Al-Bernameg", l'émission satirique hebdomadaire de M. Youssef, inspirée du "Daily Show" américain de Jon Stewart, tourne en dérision les figures politiques du pays et n'épargne ni le président ni les dirigeants des Frères musulmans.
Avec l'humour qui lui est propre, M. Youssef a confirmé ce mandat d'arrêt contre lui.
"Le mandat d'arrêt contre moi est vrai. J'irai demain au bureau du procureur général à moins qu'il ne m'envoie une voiture de police aujourd'hui, ce qui me permettra d'économiser de l'argent en transport", a-t-il indiqué sur son compte Twitter.


Selon la loi égyptienne, les plaintes sont déposées auprès du procureur général qui décide ensuite s'il existe des preuves suffisantes pour porter l'affaire devant la justice. Et les suspects peuvent être détenus lors de cette période d'enquête.

 

Restreindre la liberté de l'information
Cardiologue reconverti en comédien, M. Youssef est devenu célèbre avec un show diffusé sur Internet durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président Hosni Moubarak en février 2011, engrangeant plus de cinq millions de "vues" après seulement sept épisodes. Il a ensuite été engagé par la chaîne de télévision satellitaire privée ONTV, puis a travaillé pour une autre, CBC, où il a créé le premier programme égyptien à être filmé en direct et avec public.

M. Youssef et son équipe d'humoristes sont alors devenus célèbres dans toute l’Égypte avec leurs critiques acérées des personnalités publiques et leur humour intrépide. Bassem Youssef n'a épargné aucun dirigeant du pays, de Hosni Moubarak et son entourage aux islamistes arrivés au pouvoir en juin, en passant par l'armée qui géré la période de transition entre-temps.


Mais ce type de programme n'est pas particulièrement du goût des nouvelles autorités et l'humoriste a rejoint les rangs de plusieurs membres des médias visés par des plaintes pour insulte au président.
"Depuis l'élection de Mohamed Morsi, le nombre de plaintes à l'encontre de journalistes a littéralement explosé. Les enquêtes et procès visent clairement à restreindre la liberté de l'information", note l'organisation Reporters sans frontières. Selon l'avocat Gamal Eid, il y a eu quatre fois plus de plaintes pour "insulte au président" lors des 200 premiers jours de M. Morsi au pouvoir que pendant les 30 ans de règne de M. Moubarak.


La semaine dernière, un mandat d'arrêt a été délivré contre le blogueur pro-démocratie Alaa Abdel Fattah pour incitation à la violence, alors que des procureurs ont indiqué qu'ils allaient enquêter sur trois présentateurs d'émissions politiques - Lamis al-Hadidi, Amr Adib et Youssef al-Husseini - pour incitation au chaos.


Alors que le respect de la liberté d'expression était une revendication-clé du soulèvement populaire de 2011, M. Morsi s'était engagé lors de sa campagne électorale à garantir la liberté des médias. Mais l'opposition dénonce une dérive autoritaire de M. Morsi, également accusé d'être incapable de faire face à la grave crise économique et sociale.

 

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