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À La Une - Exposition

Les Orientales « dé-voilées » de Mona Trad Dabaji

Ses récentes œuvres accrochées ou étalées à la galerie Mark Hachem* expriment le désir de Mona Trad Dabaji d’aller toujours plus loin et de traduire son art par de multiples formes. Toiles, sculptures, meubles ou textures exposés dans cet espace, jusqu’au 19 avril, en témoignent.

La nouveauté de l’artiste, la femme sculptée, toujours dans le même esprit. Photo Michel Sayegh

Il n’est plus nécessaire de présenter Mona Trad Dabaji qui, après un exil de quinze ans loin de son pays, est retournée pour se replonger dans le bleu du ciel, de la mer et la quiétude de la vie, cette «dolce vita» libanaise qui, malgré tout, demeure encore présente. Mirage ou réalité ?
Le sujet de prédilection de cette artiste discrètement et picturalement « engagée » envers le sexe dit faible est certainement la femme. La femme dans toute sa splendeur et ses formes. Qu’elle soit paysanne, laborieuse aux champs, derrière sa fenêtre, baigneuse affichant ses rondeurs, arborant son petit «mandil», son voile, ou même récemment son petit «shesh» évocateur, la femme s’affirme sur la toile de
Mona Trad Dabaji.

 Réalité ou mirage ?
Aujourd’hui, malgré sa sieste – l’exposition est baptisée «Omar Khayyam à l’heure de la sieste» –, la femme est plus que jamais en éveil. Cet accrochage est certainement un tournant dans le travail de l’artiste, puisqu’elle a jeté aux oubliettes tout fichu ou écharpe et a «dé-voilé» son modèle féminin sur grands formats. «Le nu est pour moi symbolique, dit-elle, il n’a aucune connotation sexuelle. Bien au contraire, j’essaye de rendre hommage à cette Orientale, bafouée dans sa dignité et dans son corps partout dans le monde arabe.» «Tout cela doit cesser, ajoute-t-elle. La femme n’est pas un objet de désir ou de convoitise. Elle est bien dans son corps et dans sa tête. Il faudrait ainsi qu’elle reprenne ses droits et revendique son identité. C’est une question de survie. On ne peut plus faire la politique de l’autruche devant tant d’agressions.»
Cette Orientale aux yeux de biche, aux lèvres bien ourlées et à la chevelure abondante est captée par l’artiste à l’heure de la sieste. Sur fond de tapisseries à motifs persans ou d’Aubusson (car le modèle féminin du monde arabe est un mélange harmonieux d’Orient et d’Occident) la femme est assise, couchée, alanguie. Une tasse à café, un narguilé, un chat et même un téléphone portable (signe de modernité) traduisent toute la langueur du moment qui semble s’éterniser. Cette femme a un livre entre les mains. Elle lit. Et pas n’importe quoi. Il s’agit des poèmes de Omar Khayyam, poète et savant du onzième siècle qui, dans ses quatrains, chantait la vie, le plaisir, le sommeil et la paresse productive. Et si vous demandez à Mona Trad Dabaji «pourquoi son choix s’est porté sur ce poète en particulier?», elle n’hésite pas à répondre: «C’est parce que ma mère était une amoureuse des poèmes de ce philosophe et sage. Elle déclamait souvent ses vers. J’en ai sélectionné quelques-uns que j’ai retranscrits à côté de chaque toile.» Cette femme reproduite ne craint rien. Elle est sûre d’elle-même. Sur un fond chargé de fleurs ou d’autres motifs, mais tout en aplats – «La perspective est mon cauchemar», confie l’artiste en rigolant –, seuls les contours de ce modèle féminin semblent sortir du cadre (pour preuve les boucles réelles accrochées à leurs oreilles). Encore une fois, Mona Trad Dabaji affirme sa liberté. Une liberté qu’elle traduit en reproduisant cette même femme en sculptures (bronze, résine ou marbre). Plus loin, les foulards et soieries jetés sur des canapés et fauteuils retrouvent leur sens esthétique premier.
Enfin des tables réalisées à partir des palettes, «ces casseroles où je fais ma propre cuisine et qui m’accompagnent tout au long d’une exposition» expriment le travail incessant et infatigable de l’artiste
peintre.
Féministe ? Non, mais simplement féminine, car seule une femme parvient par des moyens détournés et des chemins de traverse à exprimer ses idées et à imposer son verbe.
Mona Trad Dabaji, elle, a choisi le moyen de l’art.

*Galerie Mark Hachem, jusqu’au 19 avril. Tél. : 01/999313.
Il n’est plus nécessaire de présenter Mona Trad Dabaji qui, après un exil de quinze ans loin de son pays, est retournée pour se replonger dans le bleu du ciel, de la mer et la quiétude de la vie, cette «dolce vita» libanaise qui, malgré tout, demeure encore présente. Mirage ou réalité ? Le sujet de prédilection de cette artiste discrètement et picturalement « engagée » envers...

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