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Comment rester debout face à un grand séisme ?

Bâtiments sûrs, bâtiments dangereux

Les bâtiments accolés les uns aux autres, un réel danger en cas de séisme. Photo Hassan Assal

Certaines pratiques de construction très répandues au Liban ne sont pas vraiment adaptées au danger d’éventuelles secousses sismiques. À titre d’exemple, les experts que nous avons interrogés dans ce dossier s’accordent à dire que la construction sur pilotis peut s’avérer trop fragile en cas de séisme, et qu’il est préférable que les murs principaux du bâtiment soient discontinus des fondations jusqu’au haut de l’immeuble. Marlène Brax, ingénieure et chercheuse au Centre de géophysique, souligne que les bâtiments symétriques sont en principe mieux protégés que ceux qui sont asymétriques. La nature du sol est également très importante à ce niveau, car la réponse aux séismes peut différer d’un endroit à l’autre (voir article principal).
Une autre pratique bien répandue, notamment dans la capitale, ses banlieues et les autres grandes villes, est vivement dénoncée par Loutfallah el-Hajj, membre de l’ordre des ingénieurs : « Le grand danger vient des bâtiments accolés les uns aux autres, sans le recul nécessaire. En d’autres termes, si un bâtiment s’effondre, il fera pression sur l’autre et constituera un danger pour lui. » Marlène Brax souligne elle aussi le danger des murs mitoyens.
Sur les règles de construction antisismiques, Roland Marie, directeur général d’un bureau de contrôle et président de la commission chargée d’élaborer le décret de sécurité du bâtiment, cite les mesures suivantes: un examen approfondi du sol pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger de liquéfaction ou de glissement de terrains, des fondations liées par des poutres en béton armé, une forme géométrique simple (les pilotis doivent être interdits selon lui), des joints entre bâtiments avoisinants, pas de balcons en long porte-à-faux, des poteaux sans discontinuité, du haut jusqu’en bas du bâtiment, et, enfin, une bonne répartition des masses, en d’autres termes éviter que les masses les plus lourdes soient placées en haut de la structure (une piscine sur le toit par exemple).
Appliquer les règles parasismiques dès la conception et la construction du bâtiment n’occasionne pas des frais supplémentaires très importants, surtout si on les compare aux bénéfices. Loutfallah el-Hajj estime ce coût à 0,8 à 1 % du budget total de construction. Il affirme que pour les bâtiments existants, il y a une large palette de solutions pour les réhabiliter en vue de les rendre parasismiques, dont certaines ne sont pas très coûteuses comme la fibre de carbone qui vient renforcer des bâtiments pour lesquels le béton armé n’a pas été employé.
Ceux qui achètent un appartement aujourd’hui, ou qui aimeraient s’assurer de la solidité de l’immeuble qu’ils habitent, n’ont qu’une solution, selon Roland Marie : ils doivent avoir recours aux services d’un des bureaux de contrôle accrédités qui viendrait inspecter le bâtiment.
Certaines pratiques de construction très répandues au Liban ne sont pas vraiment adaptées au danger d’éventuelles secousses sismiques. À titre d’exemple, les experts que nous avons interrogés dans ce dossier s’accordent à dire que la construction sur pilotis peut s’avérer trop fragile en cas de séisme, et qu’il est préférable que les murs principaux du bâtiment soient...