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Marta Pizzanelli : La diplomatie pour faciliter le dialogue des cultures et créer des ponts entre les peuples - Rencontre

Marta Pizzanelli : La diplomatie pour faciliter le dialogue des cultures et créer des ponts entre les peuples

Marta Inès Pizzanelli est une femme positive et organisée. Nouvelle ambassadrice de l’Uruguay au Liban, elle résume sa mission en ces termes : « C’est une vocation pour tisser des liens entre les peuples et les nations et améliorer la connaissance mutuelle des cultures. La diplomatie est un métier humain ; elle approfondit les relations internationales pour créer des ponts entre les peuples. »*

Mme Marta Pizzanelli, ambassadrice d’Uruguay au Liban, a occupé des postes à Londres, Hong Kong, Paris et Bruxelles.

Marta Inès Pizzanelli remplit au Liban son premier poste de chef de mission. Avant cela, elle était directrice, à Montevideo, aux Affaires du Moyen-Orient et de l’Asie. Elle avait également occupé des postes à Londres, Hong Kong, Bruxelles et Paris.
C’est à la fin des années soixante-dix qu’elle est entrée au ministère des Affaires étrangères, juste avant d’avoir terminé des études de droit et de sciences sociales. Avant d’obtenir son doctorat, elle était également professeur d’anglais. «Je détenais un diplôme en professorat d’anglais. J’ai toujours aimé les relations internationales. Et j’ai toujours rêvé de représenter mon pays en offrant un service aussi bien à nos compatriotes qu’aux citoyens des pays ou nous sommes en poste. C’est une vocation, celle de faciliter le dialogue et de créer des ponts entre les peuples», dit-elle.
Passionnée de langues, Mme Pizzanelli parle espagnol, anglais et français. Elle s’est mise à la langue arabe quand elle a été informée qu’elle deviendrait ambassadrice au Liban.
«J’ai commencé à apprendre l’arabe en Uruguay avec un professeur d’origine libanaise. Mais avec le déménagement, je n’ai pas eu le temps de pratiquer la langue. Maintenant je suis bien installée et je vais m’y mettre, l’arabe est une langue très riche à la racine différente des langues latines, je voudrais bien la maîtriser.»
À la question de savoir ce qui change quand on devient chef de mission, l’ambassadrice d’Uruguay répond simplement: «Nous sentons que la responsabilité est plus grande et nous sommes conscients de la confiance que le gouvernement nous accorde. Nous avons l´initiative d’agir de la meilleur façon possible pour accomplir notre mission.»
Depuis qu’elle a entamé sa carrière diplomatique, Mme Pizzanelli ne s’est jamais sentie victime de discrimination parce qu’elle était une femme. Elle explique: «L’Uruguay est un pays un peu spécial à ce sujet. Ainsi, le droit de vote a été accordé aux femmes dès 1938. Nous avons un système d’éducation public et gratuit et il est ouvert aussi bien aux garçons qu’aux filles. J’ai fréquenté l’école publique. Que ce soit à l’école ou à l’université plus tard, il n’y avait pas de discrimination entre les filles et les garçons. Nous disposons des mêmes opportunités. J’ai passé le concours du ministère des Affaires étrangères comme beaucoup de femmes. À cette époque, à la fin des années soixante-dix, il y avait un tiers de femmes. Il y a eu des années où il n’y avait que des jeunes femmes lauréates du concours. Lors du dernier, l’année dernière, l’on comptait cinq femmes et un homme. Au cours des neuf dernières années, le nombre de femmes nommées ambassadrices a significativement augmenté. Cependant, il y a toujours moins de femmes ambassadrices et moins de femmes que d’hommes au sein du service diplomatique.»
«L’Uruguay est très libre et donne aux femmes nombre de possibilités. Le pays est très évolué sur le plan de la parité sans pour autant y avoir un système de quota dans le service diplomatique»,
ajoute-t-elle.

Concilier famille et carrière
Marta Pizzanelli évoque un autre problème cependant: celui de «concilier activités professionnelles et famille». «La femme joue un rôle traditionnel dans le couple. Et aussi son rôle de mère est prioritaire. Elle doit donc faire des efforts pour maintenir ce rôle avec son travail. Et cela ne s’applique pas uniquement quand on est diplomate, mais quand on choisit d’avoir une carrière. Pour les diplomates, ce qui change bien sûr c’est le fait de passer beaucoup de temps à l’extérieur du pays alors que le reste de la famille reste sur place. En Uruguay, on peut dire aux enfants: ce week-end je dois travailler, vous partez chez vos grands-parents; mais quand on est à l’étranger, il faudra trouver des grands-parents, des tantes et des oncles de substitution, et quelquefois, l’on forme de très bonnes amitiés et ces amis nous aident beaucoup.»
Quelles sont les concessions qu’elle a elle-même effectuées pour concilier le travail et la famille? «J’ai fait beaucoup d’efforts pour que mes enfants aient tout ce qu’ils doivent recevoir d’une mère. Nous fournissons cet effort car nous aimons notre profession et notre famille.»
Mme Pizzanelli est mère de deux garçons qui l’ont accompagnée dans toutes ses missions. Aujourd’hui ils sont adultes. «L’aîné travaille à Montevideo, il viendra en vacances au Liban. Le cadet s’est installé avec moi au Liban. Il a suivi des études en France et il a entamé un MBA dans une université libanaise», dit-elle.
Elle évoque encore sa propre expérience: «Quand nous arrivions dans un pays, nous devenions membres d’un club sportif, donc les enfants pratiquaient nombre d’activités, et ils allaient bien sûr à l’école. L’on peut toujours s’organiser pour prendre soin de sa famille. Il ne faut jamais dire qu’une femme qui travaille ne s’occupe pas bien des siens. Ma mère n’a pas travaillé, mais ma génération a eu des opportunités pour étudier et travailler et nous avons saisi notre chance. Quand je regarde en arrière, je vois mes amies avocates, notaires et diplomates, elles sont bien dans leur peau dans le sens qu’elles ont réussi à la fois leur vie de famille et leur carrière.»
«Pour moi, le fait d’être femme n’a joué ni positivement ni négativement dans ma carrière de diplomate. Je trouve que cela dépend de la manière d’être de la personne, qu’elle soit homme ou femme, la façon avec laquelle elle effectue son travail et les objectifs qu’elle se fixe. C’est plutôt une affaire de personnalité, et non une question de genre homme/femme», dit-elle.

Natation, tennis et yoga
Alors que ses enfants grandissaient, Marta Pizzanelli leur consacrait tous ses moments libres. Aujourd’hui, elle a plus de temps pour elle-même. Arrivée il y a quelques mois à Beyrouth, elle n’a pas encore organisé pourtant toutes ses activités au Liban. «Je pratique la natation et le yoga. Je compte aussi reprendre le tennis. J’aimerais également connaître le Liban, en faisant des randonnées. J’attends le beau temps pour marcher dans la nature. Pour moi, le sport est important.»
L’ambassadrice de l’Uruguay, qui a passé de longs hivers à Bruxelles et Paris, souligne que «l’hiver libanais est un immense plaisir car il est doux et ensoleillé».
Quelles sont ses impressions du Liban? «C’est un pays que j’aime et respecte beaucoup par son histoire, sa ténacité, ses efforts pour vivre en paix. Je suis heureuse d’être ici, les Libanais sont très ouverts, très communicatifs et sympathiques. C´est facile de s’adapter et de se comprendre car ils parlent plusieurs langues. C’est également un pays qui joue un rôle très important au Moyen-Orient. Sa situation géostratégique unique constitue un défi et un privilège pour un diplomate en poste à Beyrouth», dit-elle.
«Dans chaque pays et lors de chaque mission, le plus important est d’être attentif aux besoins. Chaque fois que j’étais en poste en l’étranger, j’ai essayé de renforcer les liens entre l’Uruguay et le pays où j’étais accréditée», ajoute-t-elle.
Que lui manque-t-il le plus hors de son pays? «La famille et les amis. Mais heureusement, maintenant nous profitons de la technologie de la communication. Nous pouvons nous parler et nous voir tous les jours, si l’on veut, grâce à Skype par exemple. Quand j’avais entamé ma carrière, je n’avais jamais imaginé qu’un jour les communications seraient aussi faciles. Je me souviens que quand j’étais en poste à Londres et que je voulais appeler mes parents en Uruguay, la téléphoniste internationale me répondait “je vous passerai l’appel dans six heures”. Maintenant avec votre iPhone, vous êtes en voiture et vous pouvez voir votre famille et parler à l’autre bout du monde», souligne-t-elle en conclusion.

* Cet article entre dans le cadre d’une série d’interviews avec des femmes ambassadrices en poste au Liban.
Marta Inès Pizzanelli remplit au Liban son premier poste de chef de mission. Avant cela, elle était directrice, à Montevideo, aux Affaires du Moyen-Orient et de l’Asie. Elle avait également occupé des postes à Londres, Hong Kong, Bruxelles et Paris. C’est à la fin des années soixante-dix qu’elle est entrée au ministère des Affaires étrangères, juste avant d’avoir terminé des...