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À La Une - Le chiffre de la semaine

Le "rêve canadien" attire 4.000 Français chaque année

"Je regarde les nouvelles de France chaque soir, mais je n'y retournerai pour rien au monde".

Céline Gharibian, une jeune Française employée de la boulangerie "Au Pain Doré" à Montréal. AFP PHOTO/DAVIDE BUSCEMI

"Si le Canada me renvoie en France, je tombe en dépression", lâche Gaëlle Mazé, la gorge serrée, assise dans un café de Montréal. C'est le cri du coeur de cette Nantaise de 23 ans, en proie à l'hydre fédérale du bureau d'immigration. Elle n'a qu'un visa de touriste et attend depuis deux ans un permis de résidence permanente.


Un brin aventurière, l'étudiante en biologie fait partie de ces Français qui ont afflué en masse ces dernières années au Canada, principalement au Québec, et dont le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault devrait rencontrer quelques représentants au cours d'une visite officielle de mercredi à samedi.
Ses entretiens, dont la durée sera soigneusement répartie entre les autorités fédérales et celles du Québec, seront justement centrés sur l'économie et la mobilité des jeunes entre la France et le Canada.


Les chiffres sont là: la communauté française dans la province francophone du Québec s'est accrue de 72% en dix ans. Quelque 100.000 expatriés français vivent à Montréal. Chaque année, ils sont 4.000 à s'établir au Canada. La population estudiantine avoisine les 10.000 personnes. En novembre dernier, les 6.750 Permis Vacances-Travail (PVT) offerts par le Canada à Paris sont partis en quelques heures.


Au milieu des effluves de viennoiseries de la boulangerie "Au Pain Doré", Céline Gharibian, 24 ans, originaire du Puy-en-Velay, est arrivée il y a six mois à Montréal.
"En un mois, de simple commis je suis passée à assistante-gérante, avec une augmentation de 25% ! C'est plus convivial ici, moins stressant et les loyers sont abordables". Rien de négatif ? "Le prix du fromage français", conclut-elle dans un éclat de rire.


Certes, le climat d'optimisme tranquille au Canada tranche avec l'ambiance dans la zone euro, sa récession et ses cures d'austérité. Les jeunes Français jugent Montréal plus sûr que Paris, ses habitants, plus polis. Ils disent fuir le marasme économique: le taux de chômage canadien s'élève à 7% contre 10,2% en France.

 

(Lire aussi: Le chômage s’envole au-dessus des 10 % en France, comme en 1999)

 

 

Meilleure qualité de vie
Brice Gagliardi promène sa silhouette gracile parmi ses chats, au pied de l'âtre de sa demeure, toute de briques vernies et de boiseries, où il vit avec sa femme et ses deux enfants. Ostéopathe et propriétaire d'Altermed, une clinique à Montréal, il explique les raisons qui lui ont fait quitter la France, il y a huit ans.
"Je voulais créer mon entreprise, la promouvoir par la publicité et être reconnu. En France, c'était trop cher et il était interdit de s'afficher car l'ostéopathie faisait partie des médecines alternatives".
Pour finir, ce Francilien trentenaire avance que les relations entre collègues de travail "sont ici beaucoup plus simples car égalitaristes".


Dans les couloirs de l'Université de Montréal, Julia Chidler, étudiante en journalisme, confie de son côté avoir été séduite par le "bilinguisme et la meilleure qualité de vie". "Je me sens en sécurité ici par rapport à Bordeaux où il faut éviter de rentrer toute seule, à 4 heures du matin", dit-elle.


Qui dit entreprise française à Montréal, dit Ubisoft. Olivier Morel des Vallons y est développeur de jeux vidéo. Le trentenaire nantais attablé dans un restaurant branché, fait la comparaison avec Paris: "Ici, mon salaire est une fois et demie supérieur. Le marché immobilier nous a permis à ma compagne et moi d'acheter un 100 m2, au bout de deux ans".


L'attrait du Canada ne se limite pas au Québec, loin de là.
Pierre Faure était pompier professionnel dans la vallée de la Maurienne. A 40 ans, en 1998, il a acheté une ferme apicole de 5 hectares à Notre-Dame-de-Lourdes, un village francophone au Manitoba. Il a aujourd'hui mille ruches. Chacune donne plus de cent kilos de miel par an.
"Je regarde les nouvelles de France chaque soir, mais je n'y retournerai pour rien au monde", dit-il.
Même si la culture n'est pas la même. "Le Manitoba a 120 ans d'histoire. Alors, les châteaux, les cathédrales, on n'en trouve pas ici". Et les gens sont réservés, à l'anglaise, "ne serrent pas la main, ne se font pas la bise en public". En revanche, "ils ne sont pas jaloux de ceux qui réussissent, comme en France".

 

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