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À La Une - Vatican

François, un pape du « bout du monde »

L’Argentin Jorge Mario Bergoglio a choisi le nom de François, qui sera porté pour la première fois par un souverain pontife.

Le pape François Ier, ex-cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, a prononcé hier soir sa première bénédiction « urbi et orbi », une heure après son élection. REUTERS/Dylan Martinez

Premier pape venu du continent américain, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio a été élu à la surprise générale hier soir, une décision qui montre la volonté de l’Église catholique de s’ouvrir davantage au monde.
Âgé de 76 ans, deux ans de moins que son prédécesseur Benoît XVI quand il avait accédé à la papauté, ce jésuite a choisi le nom de François, qui sera porté pour la première fois par un souverain pontife, en hommage à l’humble saint du même nom.


Premier pape d’Amérique latine, le continent le plus catholique au monde qui se sentait délaissé par l’Église, il célèbrera son premier Angelus dès dimanche et sera officiellement intronisé par une grand-messe dans la basilique Saint-Pierre le mardi 19 mars.


Après la formule « Habemus papam » prononcée par le cardinal français Jean-Louis Tauran, le 266e pape de l’histoire est apparu au balcon, vêtu entièrement de blanc, avant de prononcer quelques mots d’une voix claire.
« Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde », a-t-il plaisanté, avant d’appeler la foule à entreprendre « un chemin de fraternité et d’amour » et « d’évangélisation ».
Devant la foule en liesse place Saint-Pierre qui criait « Viva il papa ! » en brandissant banderoles et drapeaux, il a appelé à prier pour son prédécesseur, qui avait expliqué sa démission par son âge avancé et l’affaiblissement de ses forces.


Plus tard dans la soirée, il a téléphoné au « pape émérite » qu’il « rencontrera dans les prochains jours », a indiqué le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.


Fidèle à sa réputation de grande simplicité, il a demandé aux dizaines de milliers de participants de se recueillir en silence : « Priez pour moi et donnez-moi votre bénédiction avant que l’évêque (de Rome qu’est aussi le pape) vous bénisse. » Il a ensuite octroyé la rituelle bénédiction en latin « urbi et orbi » (à la ville et au monde).
Il a terminé tout simplement son intervention en souhaitant dans un très bon italien : « Bonne nuit et bon repos. »
Le porte-parole du Vatican a salué « le courage des cardinaux pour avoir traversé l’océan » et avoir « élargi la perspective », à propos du choix totalement inattendu des 115 prélats réunis depuis mardi en conclave secret.

 

(Reportage : Bergoglio devenu pape, Flores, son quartier, regrette son absence pour Pâques)


Considéré comme un ascète, le cardinal Bergoglio a été élu au cinquième tour de scrutin, un de plus que son prédécesseur Joseph Ratzinger en 2005. Selon une rumeur jamais confirmée ni démentie par l’intéressé, le nouveau pape était arrivé en deuxième position il y a huit ans derrière le futur Benoît XVI mais avait fait savoir qu’il ne voulait pas être élu.
Cette fois-ci, en raison de son âge, il ne figurait même pas sur la liste des favoris. Après seulement deux jours, il a finalement devancé tous les « papabili », notamment l’Italien Angelo Scola, le Brésilien Odilo Scherer et le Canadien Marc Ouellet.


À l’annonce de son élection, une longue ovation a retenti dans la cathédrale de Buenos Aires où s’étaient massés des centaines de fidèles pour une messe.

 

Une fumée blanche s'échappant mercredi soir de la cheminée de la Chapelle Sixtine, annonçant l'élection du nouveau pape. AFP/ALBERTO PIZZOLI.


Cette élection met un point final à quatre semaines inédites et mouvementées, depuis l’annonce surprise le 11 février par Benoît XVI de sa renonciation à l’âge de 85 ans – une première en sept siècles, depuis celle du pape moine Célestin V.
Le 11 février, Benoît XVI à bout de forces avait créé la stupeur en annonçant sa « renonciation » à mener « la barque de Pierre ». En renonçant à sa charge, Benoît XVI, qui réside depuis le 28 février à Castel Gandolfo, près de Rome, avait annoncé qu’il manifesterait une « obéissance inconditionnelle » au nouveau pape et s’effacerait aux yeux du monde.
François Ier se retrouve à la tête d’une Église confrontée à de grandes difficultés : sécularisation massive dans les pays de tradition chrétienne, scandales de pédophilie et de corruption qui remontent sans cesse du passé, mauvaise gouvernance et intrigues à la Curie, difficultés d’adaptation aux cultures locales, rapports tendus avec l’islam rigoriste, contestations diverses.

 

(Lire aussi :Entre contestation interne et enjeux mondiaux, les défis du prochain pape)


Sur le conclave avaient aussi pesé les accusations de SNAP, l’organisation d’anciennes victimes américaines des prêtres pédophiles, qui accusaient une douzaine de cardinaux d’inaction et d’indulgence pour les prêtres pédophiles.
Mais, en même temps, le nombre des catholiques croît rapidement dans beaucoup de pays du Sud. L’Église, vivante, est aux avant-postes sur de nombreux terrains (santé, pauvreté, éducation, etc.), et enregistre dans ses rangs une floraison d’initiatives et de nouveaux mouvements.


Dans la foule, l’Argentin Julio Cesar Attaremo, un notaire originaire de Santa Fe, âgé de 42 ans, s’est réjoui : « Nous sommes très heureux et fiers, pas seulement pour l’Argentine mais pour toute l’Amérique latine. »« Il a du caractère, il est très humble et c’est vraiment quelqu’un qui est ouvert aux gens », a estimé M. Attaremo.

 

(Lire aussi :Le monde salue l'élection du "premier pape des Amériques")


L’accession de Jorge Bergoglio à la tête de l’Église a été saluée dans le monde entier. Sa compatriote, la présidente Cristina Kirchner, lui a souhaité une « tâche pastorale fructueuse ». Le président américain Barack Obama a adressé ses vœux chaleureux au « premier pape des Amériques », « champion de la cause des pauvres ». L’Union européenne a souhaité que le nouveau pape puisse « promouvoir la paix, la solidarité et la dignité humaine ».

 

Voir aussi nos repères sur l'élection papale

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