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Culture - Spectacle

« Hernani » à la Comédie-Française : quel panache !

Si la «bataille d’Hernani» est passée dans le langage courant, en mémoire des premières représentations houleuses de la pièce de Victor Hugo en 1830, on aurait tort de s’arrêter là: la pièce, jouée jusqu’au 17 février à la Comédie-Française, est un régal.
Panache des grands d’Espagne, passion, honneur, rien ne manque à ce drame haut en couleur, drapé dans les excès du romantisme défendu par Hugo – «la beauté moderne du grotesque» face à «la grisaille du classicisme».
Trois hommes aiment la même femme, la chaste et pure Dona Sol. Le roi de Castille, futur empereur Charles Quint, veut l’épouser, son vieil oncle Don Ruy Gomez a obtenu sa main, mais c’est Hernani qu’elle aime, Hernani, nom d’emprunt d’un chef de bande rebelle, qui cache son identité de Jean d’Aragon pour venger son père, assassiné par le père du roi.
Pendant deux heures, le drame gronde, enfle, déploie toute sa fureur, servi par des comédiens très investis (Bruno Raffaelli, Jérôme Pouly, Félicien Juttner, Jennifer Decker).
Le metteur en scène Nicolas Lormeau a opté pour un plateau nu «bifrontal» entre deux gradins se faisant face. Une voix off introduit chaque acte avec les indications scéniques d’Hugo («Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur une table»...).
La bande-son aide à camper le décor, la musique à souligner les tensions dramatiques. «Résolument moderne dans ses harmonies, elle rappelle au spectateur que le théâtre est l’art du présent», explique Nicolas Lormeau.
Le résultat est fidèle aux intentions de Hugo, atteindre au sublime et au grotesque à la fois, mais aussi faire entendre de la prose quand on dit des vers, rompre avec les «petites règles conventionnelles, de tous ces labyrinthes scolastiques, de tous ces problèmes mesquins que les critiques des deux derniers siècles ont laborieusement bâtis autour de l’art.
Hugo fait éclater le carcan de l’alexandrin, déplace la césure, rehausse les effets de la rime... et s’attire les foudres des tenants du classicisme, sans parler des caprices de son actrice Mlle Mars, «l’astre de la Comédie-Française». Elle refuse tout net d’appeler Hernani son «lion superbe et généreux» et Hugo doit la laisser dire platement «Vous êtes mon seigneur vaillant
et généreux». Mais il est bien décidé à affronter la cabale qui couve dans Paris. Le jour dit, ses partisans, à qui cent places sont réservées pour chaque représentation, sont prêts à en découdre. Le gilet rouge de Théophile Gautier est un fanion autour duquel se rassemble la jeunesse
romantique.
La pièce est un succès, remplissant les caisses de la Comédie-Française. Hernani a été jouée depuis 979 fois par les Comédiens-Français et la bataille fait partie de la mythologie collective de la maison de Molière.
Si la «bataille d’Hernani» est passée dans le langage courant, en mémoire des premières représentations houleuses de la pièce de Victor Hugo en 1830, on aurait tort de s’arrêter là: la pièce, jouée jusqu’au 17 février à la Comédie-Française, est un régal.Panache des grands d’Espagne, passion, honneur, rien ne manque à ce drame haut en couleur, drapé dans les excès du...

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