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Liban - Tribune

Les méfaits des systèmes électoraux de liste

Le Liban n’est pas une démocratie, mais une oligarchie ploutocratique ! Dans un système de liste, à la proportionnelle ou à la majoritaire, la réussite d’un député dépend de deux facteurs seulement. D’abord, la capacité du candidat à se faire admettre dans une liste et là tous les moyens sont bons : achat du siège dans le bus, clientélisme exacerbé et – cela va sans dire – une loyauté et servitude illimitées. Ensuite, un financement incalculable et concentré de tel ou tel pays pétrolier. Dans ces rassemblements pêle- mêle de candidats, les électeurs votent contre et rarement pour.
Et ne nous leurrons pas, même la proposition de 50 circonscriptions veut dire des listes de deux ou de trois et porte en elle les méfaits du système, même si c’est à une échelle réduite. Or, la solution existe ; elle n’est pas parfaite – aucun système électoral l’est – mais elle assure la réelle représentativité du peuple, chrétiens comme musulmans, rend confiance aux électeurs et leur fait assumer leurs responsabilités : c’est la circonscription uninominale à deux tours.
Les grands blocs parlementaires seront d’accord pour refuser même de discuter ouvertement le système uninominal, car ils n’auront pas d’arguments logiques contre et ils dévoileront ainsi leur peur de voir leur puissance se réduire avec l’émergence de députés indépendants et vraiment représentatifs.
1) La circonscription uninominale est le système électoral le plus transparent et le plus facile à comprendre.
2) La circonscription uninominale est le système le plus utilisé au monde.
3) La circonscription uninominale étant réduite, elle permet aux candidats de mieux connaître les électeurs, et aux électeurs de mieux connaître les candidats, donc au moment de voter, le citoyen fait le meilleur des choix possibles.
4) La circonscription uninominale permet aux candidats qui n’ont pas de moyens importants de se faire connaître et leur donne une chance d’arriver par leurs compétences.
5) La circonscription uninominale pousse les candidats à s’adresser directement à l’électeur durant la campagne et présenter des programmes et expliquer des positions politiques. Dans le système de listes, le candidat, durant la campagne, passe son temps à expliquer ses alliances électorales.
6) La circonscription uninominale annule l’effet nocif des « bus » électoraux et évite l’arrivée de députés sans représentation populaire.
7) La circonscription uninominale encourage le citoyen à aller voter, car son vote peut faire la différence.
8) La circonscription uninominale réduit la possibilité d’achat de voix, car dans une circonscription où tout le monde se connaît, et où l’électeur ne peut voter que pour un seul candidat, il y aura certainement un nom qui fera son intérêt. Alors que dans le système de liste et de votes multiples, l’électeur vote pour un candidat qu’il apprécie et peut alors marchander les autres voix.
9) Une fois élu, le député peut maintenir le contact avec ses électeurs d’une façon plus saine car le nombre est devenu plus réduit, ce qui lui donne plus le temps de légiférer, et moins d’excuses de ne pas le faire.
10) La circonscription uninominale facilite l’épuration des voix et réduit les fraudes électorales à travers un bulletin de vote officiel qui est distribué à l’électeur au moment d’entrer dans l’isoloir. Ce n’est qu’à l’intérieur qu’il coche la case qui se trouve à côté du nom du candidat.
11) Dans la circonscription uninominale, les électeurs connaissent mieux les députés et peuvent les sanctionner aux prochaines élections au cas où ils se comportent d’une façon contraire à leurs aspirations.
12) De même, dans la circonscription uninominale le député dépend d’abord et surtout de l’électeur qui l’a élu. Fort de l’appui des citoyens qui l’ont élu il doit avoir des attitudes indépendantes dans des moments de crises. Dans le système de liste, le choix du député dépend de sa capacité à se faire accepter par tous les moyens dans une liste... le député sera alors redevable de la liste ou plutôt de l’homme fort de la liste. Il est obligé d’aliéner ses propres convictions ou les intérêts de ses électeurs en faveur des intérêts de ceux qui l’ont conduit à la Chambre des députés.
13) Dans la circonscription uninominale, le contact étroit entre les gens qui se connaissent atténue le problème confessionnel. Les communautés qui ne sont pas celles du député de la circonscription jouent un rôle important dans l’élection du candidat.
14) L’élection doit se faire en deux tours : le premier tour permet à tout citoyen ayant des ambitions de se présenter aux élections et elle permet aux partis alliés de coordonner leur action à l’échelle nationale. Elle sert pratiquement de primaire ou de préqualification. Mais dans cette phase, de nouveaux hommes et femmes peuvent émerger, être élus et participer au renouveau de la classe politique. Au cas où un candidat n’a pas obtenu 50 % + 1 au premier tour, une deuxième élection se fait entre les deux meilleurs placés deux semaines plus tard. Durant ces deux semaines, des débats entre les deux candidats peuvent être organisés, ce qui permettra aux électeurs de décider encore mieux lequel est le mieux à même de les représenter pendant quatre ans au Parlement.
15) La même logique qui s’applique à la décentralisation administrative est utilisée à la circonscription uninominale : c’est le principe de la décentralisation électorale.
Si l’opinion publique reste passive et accepte de refaire des élections dans un système de liste, rien ne changera vraiment et ce Liban tolérant et libre auquel tant de gens aspirent encore continuera son déclin vers sa perte. Et qui ne dit mot, consent.

 

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Ils ont (encore) dit...
Le Liban n’est pas une démocratie, mais une oligarchie ploutocratique ! Dans un système de liste, à la proportionnelle ou à la majoritaire, la réussite d’un député dépend de deux facteurs seulement. D’abord, la capacité du candidat à se faire admettre dans une liste et là tous les moyens sont bons : achat du siège dans le bus, clientélisme exacerbé et – cela va sans dire...

commentaires (2)

L'hystérie maîtresse suprême !

SAKR LEBNAN

07 h 47, le 26 janvier 2013

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Commentaires (2)

  • L'hystérie maîtresse suprême !

    SAKR LEBNAN

    07 h 47, le 26 janvier 2013

  • Bien entendu! Tous ces arguments sont d'une logique imparable. Malheureusement, dans toute cette discussion autour de la loi électorale, la logique a-t-elle son mot à dire?

    Yves Prevost

    22 h 57, le 25 janvier 2013

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