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À La Une - Cinéma

Très en colère, l’Iran va faire son contre-Argo

Téhéran qualifie de « déformée » la vision de Ben Affleck et va produire « son » film sur l’histoire des otages américains en 1979.

Le film Argo de Ben Affleck continue d’alimenter le débat sur l’histoire des otages américains en Iran au début des années 1980, à tel point que la République islamique va à présent produire un film en réponse à la vision « déformée » de la version américaine.


Argo, qui porte à l’écran l’histoire rocambolesque de l’exfiltration par la CIA, avec la complicité de Hollywood, d’une poignée de diplomates américains de Téhéran en 1979, en pleine révolution iranienne, a déjà été largement récompensé la semaine passée aux Golden Globes et est en route pour les oscars fin février. Le film s’inspire de faits réels, mais Ben Affleck a pris quelques libertés avec la vérité historique. La scène, par exemple, ou les Iraniens poursuivent sur la piste de décollage l’avion dans lequel les otages quittent le pays n’a jamais eu lieu. Toutefois, cela ne choque pas l’un des protagonistes de l’affaire, Mark Lijek. « Je comprends qu’il était nécessaire de dramatiser les faits pour créer une atmosphère propice à ce genre de film. Je ne pense pas qu’il aurait été possible de faire ce film sans dramatisation », estime M. Lijek, l’un des diplomates fugitifs, après que le film eut remporté deux Golden Globes (meilleur réalisateur pour Ben Affleck et meilleur film dramatique).


Le rôle majeur joué par le Canada est également minimisé, alors que les otages s’étaient dans un premier temps réfugiés dans son ambassade à Téhéran. Ken Taylor, qui était alors l’ambassadeur canadien sur place, ne se fait pas non plus une montagne de ces quelques libertés prises avec les faits, mais pour lui la vérité est très claire : « C’est un bon film, prenant, pertinent. Mais le Canada n’est pas resté inactif à regarder les événements se dérouler sous ses yeux sans réagir », a tenu à préciser l’ancien diplomate âgé aujourd’hui de 77 ans.

« On ne sait plus enseigner l’histoire »
Mark Lijek aime également beaucoup le film, même s’il a quelques réserves. « La course poursuite à l’aéroport ne m’embête pas vraiment, ça fait une bonne histoire. Mais je réalise, et cela m’inquiète, que des gens considéreront ce film comme une retranscription fidèle des faits. C’est dommage, même si Ben Affleck et les scénaristes ne sont pas responsables du fait qu’on ne sait plus enseigner l’histoire de nos jours », regrette M. Lijek.


L’Iran est de son côté particulièrement mécontent de la version contée par Argo, et Téhéran a annoncé en début de semaine qu’il lançait en réponse son propre projet de film. Celui-ci racontera « la libération de 20 otages américains par les révolutionnaires iraniens au début de la révolution » islamique de 1979, a déclaré Ataollah Salmanian, réalisateur du film. Ce long-métrage sera « une réponse appropriée à la vision déformée de certains films comme Argo » concernant les événements entourant l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran le 4 novembre 1979 et la prise d’otages des diplomates américains, a-t-il expliqué.


Mais Mark Lijek a quelques doutes à ce sujet : « Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce projet de film iranien. D’abord les faits sont biaisés : le réalisateur parle de 20 Américains relâchés... En fait, l’ayatollah Khomeyni avait autorisé la libération de 13 femmes dans un geste de charité islamique. Je ne sais pas vraiment de quoi il parle. » M. Lijek se demande également si le film iranien évoquera l’évasion des diplomates américains : « Je ne sais pas comment ils vont traiter notre fuite. Ils pourraient changer la fin du film et les forces de sécurité iraniennes vont peut-être abattre l’Airbus à l’aéroport ? » plaisante-t-il.

 

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