Marché artisanal dans le hall du campus des sciences humaines de l’USJ.
C’est le contact humain qui compte
La dextérité manuelle des artisans est extrêmement féconde et se manifeste dans les différentes spécialités exposées : travail du bois, sculpture sur bougies, tressage de sacs, couture de nappes et broderie sur serviettes... « Je confectionne des produits artisanaux depuis longtemps, des cadres, des bijoux et des sets de table. Mais je ne savais pas comment en profiter. Jusqu’au jour, il y a deux ans, où ma sœur m’a fait connaître ce souk. Depuis j’y vends mes œuvres », raconte une exposante, avant de poursuivre : « Je suis très fière de ce que je fais. Tout est confectionné main. Je réutilise des produits existants pour en faire d’autres plus jolis. Regardez comment un simple narguilé, s’est transformé en lampadaire. » Une autre exposante insiste sur l’intérêt d’un tel marché. « L’avantage de participer à une exposition dans un campus universitaire, c’est qu’à Noël, les jeunes se font “ anges gardiens ” les uns pour les autres et s’échangent de petits cadeaux. Ils apprécient alors ce que nous leur proposons. Ici sur place, nous personnalisons des serviettes au gré des acheteurs, en une minute. »
Et tout comme le monde évolue vers plus de performance et de rapidité, la pratique artisanale, elle aussi, suit le rythme. « Je participe à cette exposition depuis la première édition, il y a sept ans. À l’époque, je travaillais encore à la main et cela prenait énormément de temps. Maintenant, je travaille à la machine », affirme une exposante.
Valorisées, ces dames retrouvent le sourire. Au-delà des produits et du bénéfice, c’est le contact humain qui compte le plus pour elles. « Il y a des étudiants charmants qui viennent s’asseoir à côté de moi pour discuter. Et même entre les vendeurs, l’ambiance est chaleureuse. On se crée des amitiés », nous confie une religieuse de soixante-dix ans, qui poursuit : « J’ai initié une formation gratuite de travail artisanal, d’une durée de deux ans, pour aider les femmes qui ont des enfants et qui n’ont pas de revenus. Au lieu de leur donner de l’argent, nous leur apprenons à travailler. Et à leur tour, elles apprennent à donner. Par exemple le bénéfice des produits qu’elles ont confectionnés, et que je vends aujourd’hui, va aux pauvres. »
Parmi les personnes présentes, une femme dynamique et souriante raconte : « C’est la première année que je participe, je reviendrai sûrement. Dans une exposition, je ne cherche pas le profit, mais les belles rencontres. Et ici le contact avec les étudiants est idéal. C’est vrai que les jeunes ne s’arrêtent pas souvent ou longtemps. Ils sont pressés, n’ont pas beaucoup de moyens ou sont pris par leurs examens. Mais lorsqu’ils prennent le temps de regarder nos créations, ils apprécient le travail. »
Les étudiants présents acquiescent. « C’est une très bonne idée ce marché, il nous fait vivre l’esprit de Noël », lance une étudiante. Non seulement il valorise les artisans, mais offre également aux étudiants un brin de créativité et de chaleur dans un monde de performance et de stress. « Je trouve le souk vraiment génial. Ça nous donne des idées de cadeaux pas chers et distingués », reconnaît une jeune fille devant un stand de bijoux. Et sa copine d’intervenir : « De plus, nous soutenons ces dames, c’est ça aussi Noël : le partage. »
Pamela HAGE