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Diaspora - Portrait

Une mission remarquable pour l’ambassadeur libano-uruguayen Jorge Jure au Liban

L’ancien ambassadeur d’Uruguay, qui vient de terminer une mission au pays du Cèdre, a laissé ses marques sur la société libanaise.

L’ambassadeur Jorge Luis Jure signant le livre d’or à la Maison des jeunes et de la culture à Zouk Mikhaël, « ville fleurie » (mai 2011).

Gerges Tawa Khoury et son épouse Hawa (Ema) Joen, originaires de Chabtine et de Zen dans la région de Batroun, quittent le Liban pour l’Uruguay en 1907 en compagnie de leurs enfants Nabiha et Fares. Travaillant dans le commerce à Montevideo puis à Nico Pérez (région de Florida), ils agrandissent leur famille avec Jorge, qui épouse par la suite Iris Arnoletti, uruguayenne d’origine italo-espagnole, donnant naissance à Jorge et Maria Noel.
Jorge Jure (Khoury) préfère les études académiques au commerce, étudie le droit international et obtient un doctorat. Il s’engage dans la carrière diplomatique auprès du ministère uruguayen des Affaires étrangères, dirige la mission permanente de l’Uruguay à « Aladi » (Association latino-américaine d’intégration) et au Mercosur (Marché commun d’Amérique du Sud) à Montevideo, puis sert comme diplomate en France, en Angleterre et dans plusieurs pays d’Amérique latine. En 2007, il est nommé ambassadeur d’Uruguay au Liban, sa terre d’origine qui lui est très chère et où il avait effectué une visite familiale en 2002.
Au cours de sa mission diplomatique de cinq ans, qui s’est terminée en octobre 2012, l’ambassadeur Jorge Jure a axé son action sur le rapprochement et la multiplication des liens entre l’Uruguay et le Liban, engageant avec lui, grâce à sa sympathie, de nombreux Libanais dans tous les domaines. Il organisa notamment en 2011 la visite officielle au Liban du ministre uruguayen des Affaires étrangères, Luis Almagro, suivie de celle d’une délégation commerciale et parlementaire.
En septembre 2012, l’ambassadeur accompagna le président de la République libanaise, Michel Sleiman, en Uruguay, seconde visite au pays d’un président libanais après celle du président Camille Chamoun, en 1954. À la veille de son retour à Montevideo, il a reçu du président Sleiman la décoration de l’ordre national du Cèdre, en signe de gratitude pour son travail diplomatique au Liban.
L’ambassadeur Jure rappelle que l’Uruguay a eu dans son histoire un vice-président de la République d’origine libanaise entre 1967-1972, Alberto Abdala, (1920-1986), qui était avocat, homme politique, professeur et peintre. Actuellement, le Liban compte parmi ses descendants plusieurs députés et sénateurs uruguayens. À la fin du XIXe siècle, l’Uruguay avait déjà un gouvernement démocratique et dans les années 1950, ce pays de liberté et de laïcité était considéré comme la « Suisse de l’Amérique ». Aujourd’hui, la République orientale de l’Uruguay a une population de plus de 3 millions d’habitants, comprenant une forte communauté libanaise, estimée à près de 100 000 personnes.

Renforcement des relations culturelles
Parmi les nombreuses activités réalisées par Jorge Jure, citons les rencontres commerciales tenues à la Chambre de Beyrouth et à l’Union des Chambres arabes, qui ont permis entre autres de développer les échanges entre « l’Artisan du Liban » et « les Artisans de l’Uruguay ». Des expositions d’artisanat libanais se sont ainsi déroulées à Montevideo, ainsi qu’une exposition de photographies, « La mémoire de Beyrouth », sur la reconstruction du centre-ville, qui a fait le tour des villes d’Uruguay pendant trois ans.
Deux accords de coopération ont été signés durant le dernier mois de son mandat : un jumelage entre les villes de Dar Baachtar (Koura) et Pando (Uruguay), où vivent des dizaines de familles libanaises provenant du Koura ; et un jumelage entre l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) et l’Université de la République de l’Uruguay. L’ambassadeur a par ailleurs apporté un appui continu à l’école nationale libanaise appelée « École de l’Uruguay », à Achrafieh, Beyrouth.
L’ambassadeur Jure a présenté une pléiade de musiciens, peintres et photographes uruguayens, comme le bandonéoniste René Marino Rivero et le chef d’orchestre José Serebrier, qui ont donné des concerts avec l’Orchestre philharmonique libanais en 2009 et en 2011, ainsi que le guitariste classique Mathías Atchugarry. Une grande exposition d’œuvres de 12 peintres uruguayens s’est déroulée aux Souks de Beyrouth. Les bustes des héros de l’Uruguay, José Artigas (1764-1859), et du Chili, Bernardo O’Higgins (1778–1842), ont été inaugurés à la place de l’Amitié à Jounieh.
L’ambassadeur a donné des conférences magistrales sur les relations entre l’Uruguay et le Moyen-Orient dans plusieurs institutions, dont le Centre des études et cultures de l’Amérique latine à l’USEK, et a inauguré avec le président de la municipalité de Zouk Mikhaël, Nouhad Naufal, une sculpture À la fraternité entre le Liban et l’Uruguay, œuvre de l’artiste Adela Neffa (Naffah), résidente à Montevideo, âgée de 90 ans et originaire de Zouk (lire notre édition du 19 décembre 2011).
De l’Uruguay, l’ambassadeur Jure, qui a repris son travail au sein du ministère des Affaires étrangères, nous écrit : « J’ai embrassé trois fois la terre des Cèdres, lors de ma première visite en 2002 comme touriste, à mon arrivée en 2007 comme ambassadeur, et à mon départ de l’aéroport de Beyrouth en novembre 2012. Et je m’incline encore pour embrasser, comme symbole de reconnaissance, de gratitude et d’admiration, cette terre sainte bénie de Dieu et son peuple, dont j’ai été durant cinq ans témoin de la vie. »
Gerges Tawa Khoury et son épouse Hawa (Ema) Joen, originaires de Chabtine et de Zen dans la région de Batroun, quittent le Liban pour l’Uruguay en 1907 en compagnie de leurs enfants Nabiha et Fares. Travaillant dans le commerce à Montevideo puis à Nico Pérez (région de Florida), ils agrandissent leur famille avec Jorge, qui épouse par la suite Iris Arnoletti, uruguayenne d’origine...