Il y a ceux qui mentent, qui sont de fieffés menteurs, et il y a ceux qui clament haut et fort leur engagement, leur solidarité avec la rébellion. Il y a ceux qui ont trucidé leur mémoire, vendu leur conscience, et il y a ceux qui ont pris le risque d’aller jusqu’au bout de leurs convictions, d’assumer les conséquences de leurs faits et gestes.
Liban-Syrie : l’histoire ne peut mentir et c’est elle et rien qu’elle qui, le jour venu, réclamera des comptes à ceux qui ont essayé de la travestir, de la détourner de son cheminement naturel. Des années durant, de longues et terrifiantes années durant, le régime syrien a fait la pluie et le beau temps au Liban. Plutôt la pluie que le beau temps, bien sûr, mais on n’est pas à un décompte près.
Que l’effet boomerang ait attendu le moment propice pour se manifester, il n’y a là rien d’étonnant : les rancœurs étaient trop fortes, les humiliations trop incrustées dans les cœurs et les âmes. Une amertume attisée par l’outrecuidance des affidés de toujours, des chargés des basses œuvres, ceux qui se sont automatiquement placés sous la bannière du régime oppresseur, l’ont conseillé dans sa politique de la terre brûlée.
Distanciation ? Mais de quelle distanciation peut-on parler quand les pro et les anti règlent leurs comptes à coups d’obus à Tripoli, quand les uns louent encore l’intégrité et la bravoure du pouvoir assadiste et les autres vouent aux gémonies les « massacreurs » du peuple syrien. Comment peut-on se dire non concerné quand sont rendus à leurs familles les corps mutilés de jeunes Libanais partis à la rescousse de leurs coreligionnaires syriens.
Il y a 75 ans, avant l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, des brigades internationales, animées par un anticléricalisme forcené, s’étaient constituées pour secourir les républicains espagnols, pour faire front à l’avancée franquiste. Aujourd’hui, ironie de l’histoire, c’est au nom d’Allah que se constituent les nouvelles brigades internationales, celles qui se battent en Syrie et qui ont des émules au Liban et ailleurs dans le monde. Des brigades qui disputent le même Allah à leur ennemi juré, le Hezbollah, parti qui s’estime seul autorisé à répercuter la parole divine.
Distanciation ? L’interrogation est superflue : le boomerang libanais vient juste d’être lancé...
commentaires (10)
Avec tout ce dialogue de sourds ,une chose est certaine au Liban, toutes les parties qui prennent Dieu en Otage ne le connaissent même pas. Antoine Sabbagha
Sabbagha Antoine
07 h 36, le 10 décembre 2012