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Liban

Ibrahim Najjar : Le Liban a encore du chemin à parcourir

La Journée mondiale des droits de l’homme revêt une grande importance pour le Liban, d’autant que la Constitution du pays se réfère à la Charte universelle des droits de l’homme, « ce qui est rare pour un pays arabe qui, en général, se réfère à la charia ». C’est ce que déclare à L’Orient-Le Jour Me Ibrahim Najjar, ancien ministre de la Justice, à l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’homme.
« De larges avancées » en matière de droits de l’homme sont enregistrées au Liban, poursuit-il, constatant « une prise de conscience qui n’existait pas il y a quelques années » et un « fort engagement de la société civile » dans ce sens : la société est de plus en plus consciente des droits de la femme, des détenus, des employées de maison, des réfugiés syriens, comme de la nécessité de dépénaliser l’homosexualité...
Passant en revue les conventions internationales ratifiées par le Liban dans ce cadre et les projets de loi qu’il avait présentés pour transformer le ministère de la Justice en ministère de la Justice et des Libertés, et pour créer une Direction générale des prisons, M. Najjar rappelle que pour la première fois « dans l’histoire du Liban, nous avons appliqué la loi sur la réduction des peines carcérales ». « J’ai même engagé une procédure pour instaurer une nouvelle loi sur l’aménagement des peines, c’est-à-dire pour trouver des peines alternatives », ajoute-t-il.
L’ancien ministre, qui avait pris part récemment aux travaux de la sixième rencontre de la commission internationale pour l’abolition de la peine de mort qui s’est tenue à Madrid, note que « depuis l’indépendance du Liban en 1943, cinquante-trois exécutions ont eu lieu sous tous les régimes ». « Sous le mandat de Michel Sleiman, pas une seule condamnation et exécution à mort n’a eu lieu, pourtant il y a 120 décisions de justice dans ce sens », indique-t-il.
Malgré cette prise de conscience, « un long chemin reste encore à parcourir ». « Il faut absolument que la société puisse se développer, mais elle ne fait que s’ankyloser dans des ghettos de misère, affirme Ibrahim Najjar. Or la misère est génératrice de violence et de criminalité. Le développement permet de s’en sortir. »
Et de poursuivre : « Ce qui se passe autour de nous est désastreux. Les pays du printemps arabe n’ont pas réussi leur mue et les nouveaux dirigeants dans les pays arabes n’osent pas faire face aux fondamentalistes, parce qu’ils veulent garder le pouvoir au nom de l’obscurantisme. Or l’obscurantisme, les libertés fondamentales et les droits de l’homme ne vont pas de pair. »
La situation ne se présente pas sous un meilleur jour au Liban où émerge un « véritable danger de terrorisme intellectuel ». « Nous vivons au Liban un état de divorce entre le fait et le droit, le donné et le construit, l’idéal et le concret, mais néanmoins ce pays reste le ferment pour tous les pays environnants, insiste M.
Najjar. Les Libanais doivent être conscients qu’ils n’ont pas d’avenir sans les libertés et que le Liban n’a pas de sens s’il n’est pas un pôle d’excellence pour les libertés et les droits de l’homme au sein des pays de la région. Cela requiert un État, un pouvoir, des dirigeants, une intégrité et du courage. » Mais cela est une toute autre question.

N. M.
La Journée mondiale des droits de l’homme revêt une grande importance pour le Liban, d’autant que la Constitution du pays se réfère à la Charte universelle des droits de l’homme, « ce qui est rare pour un pays arabe qui, en général, se réfère à la charia ». C’est ce que déclare à L’Orient-Le Jour Me Ibrahim Najjar, ancien ministre de la Justice, à l’occasion de la...

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