Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Orient-Occident, quel avenir ?

« Tout homme qui a été racheté connaîtra et louera un des aspects de la beauté divine mieux que toute autre créature. Pourquoi les individus ont-ils été créés si ce n’est pour l’amour, si infini et si différent, de Dieu ? Si tous connaissent et adorent Dieu de la même façon, l’hymne de l’Église triomphante n’aurait pas de symphonie. Tous les instruments de l’orchestre joueraient alors la même note. Le ciel est une cité et un corps parce que le sacré reste éternellement différent. Car, il n’y pas de doute que la tentative réussie, mais jamais achevée, de communiquer sa vision à tous les autres est, aussi, l’un des objectifs de la création de l’individu. » C.S. Lewis
Avec la fin de la guerre froide, la possibilité d’une confrontation générale et définitive entre la chrétienté et l’islam – censée avoir été prédite par le Livre des Révélations et par l’Apocalypse – est très présente dans l’esprit des fondamentalistes religieux de l’Occident et dans celui des intégristes islamistes de l’Orient. Il est grand temps que chacune des parties des deux côtés du fossé islamo-chrétien dont parlait Renan fasse un effort afin de comprendre l’autre. Tout ce que peuvent écrire les historiens, les intellectuels, les hommes de bonne volonté des deux bords ne garantira peut-être pas la paix mondiale, mais contribuera à coup sûr à replacer le conflit millénaire dans un contexte purement historique et culturel. Ils ne pourront et ne voudront surtout pas minimiser les atrocités commises de part et d’autre au nom de leurs croyances respectives en Dieu, mais ils essaieront de mettre en valeur l’interaction culturelle des idées et leurs apports mutuels à la culture universelle, et essayer de dégager une plate-forme commune qui, d’ailleurs, a toujours existé et existera toujours. Il est de notoriété publique que chacune des deux parties, des deux côtés de la barrière, la Croix d’un côté et le Croissant de l’autre, ont fait peu d’efforts pour comprendre l’autre. L’histoire ne peut être ni changée ni déformée, mais peut constamment être réévaluée, il ne s’agit pas de déformer les événements afin de leur donner une perspective faussement optimiste, mais de les aborder avec objectivité et de faire la part réelle des choses vis-à-vis des deux parties.
Pourquoi avons-nous l’impression qu’à travers tous les écrits et les enseignements acquis, c’est «l’histoire conflictuelle» qui est privilégiée et mise en valeur? Nous devons plutôt mettre l’accent surtout sur les occasions où l’islam et la chrétienté se sont rencontrés amicalement. Il ne s’agira pas de tout comprendre et de tout pardonner, mais d’essayer de rechercher et ensuite admettre les motivations et les réactions de refus et de peur ainsi que les aspirations des deux parties aux tournants et aux carrefours de leur grande histoire, et d’en faire jaillir une annonce de rapprochement.
Pendant les derniers 1200 ans, l’histoire des deux principales religions du monde, toutes les deux «gens du livre», a été caractérisée par des conflits sanglants. Ces conflits étaient en grande partie suscités par l’expansion territoriale. Les luttes entre les deux croyances n’ont dégénéré que plus tard en guerres de religion.
Cependant, l’idée erronée d’une mission religieuse d’anéantir l’autre a été un des thèmes moteurs dans leurs relations conflictuelles. Cela a été exacerbé au mieux par une indifférence mutuelle, et au pire par une ignorance volontaire de la culture, des valeurs religieuses et de l’idéologie politique de l’autre; chacune des deux parties, pourtant, a vécu en harmonie avec l’autre à différentes époques et à différents endroits de la planète.
L’histoire de l’évolution des technologies militaires et des progrès de la navigation, de la science géographique, des sciences pures ne put être écrite sans le partage du savoir avec l’autre. La Renaissance n’aurait pu advenir sans la connaissance arabe dans les domaines des mathématiques, de la médecine, de la musique, de la chimie, de l’astronomie, de la littérature, de la philosophie. Si l’Occident a beaucoup puisé dans ce thésaurus, la question essentielle restera la suivante: combien l’Occident a-t-il payé en retour?
Pendant ces dernières années, beaucoup d’esprits libres occidentaux se sont excusés auprès du monde musulman pour les atrocités commises au cours des siècles, telles que le massacre de Jérusalem aux temps des croisades et les séquelles de la mutinerie hindoue.
Combien d’Européens savent-ils que les croisades étaient largement constituées de bandes de voyous poussés par l’appât du pillage et la promesse d’une indulgence plénière qui viendrait racheter leurs péchés passés et à venir?
D’autre part, le silence du monde musulman sur des actes répréhensibles envers les chrétiens est assourdissant. Peu d’entre eux sont au courant des actes des barbaresques qui écumaient les mers, les côtes de la Méditerranée et de l’Atlantique, saccageant les villes et tuant ou enlevant les femmes et les enfants, ou des guerres destructrices menées contre les autres par les Mamelouks.
En parallèle à la croyance établie que l’Occident est toujours à la recherche de conquêtes territoriales, il faut avouer que, d’un autre côté, le vaste territoire conquis par l’islam ne le fut pas accidentellement. Si les deux parties ont recherché l’expansion et l’agrandissement de leurs territoires, les conquêtes musulmanes durant le siècle qui a suivi la mort du Prophète furent purement spectaculaires.
L’islam considère toujours que les objectifs politiques de l’Occident sont une continuation des croisades. La qualification des États-Unis d’Amérique de grand Satan est la preuve que les problèmes politiques du monde sont toujours considérés de chaque côté du fossé islamo-chrétien en termes de conflits religieux.
Chou En-lai, interrogé sur les conséquences de la Révolution française, répondit qu’il était encore trop tôt pour les évaluer. L’histoire jette une ombre très étendue sur le comportement des peuples, et les événements qui ont eu lieu il y a mille ans continuent à façonner et à régenter nos problèmes actuels. Cependant, les perspectives fascinantes de certains paradigmes de l’histoire commune de ces cultures laissent présager d’un avenir teinté d’optimisme.

Hareth BOUSTANY
Avec la fin de la guerre froide, la possibilité d’une confrontation générale et définitive entre la chrétienté et l’islam – censée avoir été prédite par le Livre des Révélations et par l’Apocalypse – est très présente dans l’esprit des fondamentalistes religieux de l’Occident et dans celui des intégristes islamistes de l’Orient. Il est grand temps que chacune des parties des deux côtés du fossé islamo-chrétien dont parlait Renan fasse un effort afin de comprendre l’autre. Tout ce que peuvent écrire les historiens, les intellectuels, les hommes de bonne volonté des deux bords ne garantira peut-être pas la paix mondiale, mais contribuera à coup sûr à replacer le conflit millénaire dans un contexte purement historique et culturel. Ils ne pourront et ne voudront surtout pas minimiser les atrocités...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut