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À La Une - CES JEUNES DE LA DIASPORA LIBANAISE QUI FONT PARLER D'EUX

Roy Mahfouz, le vent dans le sang

Spécialiste de l'énergie éolienne, le Franco-libanais souhaiterait développer des projets au Liban.

Pour Roy Mahfouz, l'éolien est l'énergie de la paix. Il souhaiterait monter des projets au Liban. Photo DR.

"De loin, on ne sent pas la force d’une éolienne. Mais quand on s’en approche, on entend le mugissement des pales. On sent l’énergie poussée pour faire tourner le moteur. C’est une sensation très émouvante".

 

Combien sont-il à avoir les yeux qui brillent en parlant de vent ? Roy Mahfouz, en tout cas, fait partie de cette famille des fanas d'Eole et de son énergie.

 

Depuis des années maintenant, ce Libanais installe des éoliennes en France. Aujourd'hui, c'est au Liban que cet ingénieur de 41 ans rêve de voir tourner les grandes hélices, à 105 mètres de hauteur. Des éoliennes au pays du Cèdre, pour fournir cette électricité qui manque cruellement au Liban. 

 

"Depuis que je suis parti, je reviens au Liban au moins une fois par an, mais pour des vacances. Aujourd’hui, c’est pour affaires que j’aimerais y retourner", explique l'entrepreneur.

En octobre dernier, Roy Mahfouz a effectué une visite éclair à Beyrouth, pour sentir la force du vent qui souffle sur le pays, et surtout tâter le terrain au niveau politique et légal.

 

(Pour mémoire : Roy Mahfouz parie sur le vent pour ramener la lumière)

 

Avant d'envisager l'implantation d'éoliennes, un certain nombre d'obstacles doivent être surmontés. Le premier d'entre eux étant le fait que l'EDL détient le monopole de la production d’énergie. Impossible, donc, pour Roy Mahfouz de développer des projets éoliens si la situation juridique n’évolue pas. "Il y a une volonté affichée, apparente, au niveau des législateurs de se pencher sur la question, assure-t-il. Mais j’attends des résultats concrets avant de me lancer".

 

"J’ai transformé une profonde conviction en business, et pas le contraire",

assure l'entrepreneur au sujet de l'énergie éolienne. Photo DR

 

En attendant donc, l’entrepreneur ne tarit pas d’éloges sur l’éolien. Alors que les réserves de pétrole s’épuisent, que la planète est asphyxiée par ses dérivés, "l’énergie éolienne permettrait notamment de réduire la dépendance énergétique du Liban", explique-t-il. Plus besoin de compter -autant- sur ces barges chargées de carburant pour faire tourner les centrales qui tardent à arriver de Turquie, ou sur le gaz égyptien dont l'acheminement pose problème.

 

"Il y a du vent partout. Avec des pales et un générateur, le tour est joué !, assure-t-il, enthousiaste. En plus, c’est une énergie de paix". Pour Mahfouz, qui a grandi avec la guerre en toile de fond, l'expression ne relève pas des paroles en l'air.

 

Né à Beyrouth en 1971, Roy Mahfouz est parti pour le sud de l'Allemagne à 18 ans, une fois son bac en poche. L'idée initiale est de finir ses études - ce qui l'intéresse, la construction navale - puis de rentrer dans un Liban, espère-t-il, enfin en paix. A l'époque, Mahfouz estime qu'avec sa façade maritime, le Liban à un bon potentiel dans le secteur. "Je trouvais ça très excitant".

 

Mahfouz part, étudie, mais ne revient pas. "Pour moi, être parti restera toujours une blessure", dit-il aujourd'hui.

 

Après une année passée à apprendre l’allemand, le jeune homme s’installe à Berlin où il obtient son diplôme d’ingénieur en construction navale. "Je suis arrivé dans la ville en automne. Tout était sombre. On se chauffait avec un poêle au charbon de terre. Mon intégration +géographique+ a été très dure. Heureusement, j’ai réussi à apprendre la langue et trouver des gens qui m’ont tout de suite tendu la main", se rappelle-t-il.

 

Sur les bancs de la fac, il entend ses profs mesurer l’impact écologique de tout processus. Hors de l'université, il baigne dans l’ambiance écolo de l’Allemagne du début des années 90. Bientôt, le jeune Libanais participe à des manifs anti-nucléaire et plébiscite l’énergie éolienne. Il opte alors pour des études de génie en énergie éolienne, qu’il ne terminera pas, puis met les voiles vers la France.

 

"Je voulais changer d’environnement de travail. Je sentais une véritable proximité avec la France", explique-t-il.

 

Après des années passées à prospecter, faire des études de faisabilité, demander des permis de construire, monter des projets pour les autres, il décide de se mettre à son compte et crée sa propre compagnie, H2Air, fin 2007. "J’ai transformé une profonde conviction en business, et pas le contraire", assure-t-il.

 

 

Sur cette photo, Roy Mahfouz descend d'une éolienne, qui culmine à 105m de hauteur.

"Là-haut, on se sent comme un oiseau", explique-t-il. Photo DR

 

Le siège social de son entreprise est à Amiens, préfecture de la Picardie, capitale de l’éolien en France. "Ça marche très bien, soutient-il. En quatre ans de travail, nous avons 32 MW installés et sous tension, qui fournissent l’équivalent de la consommation annuelle de 27.700 foyers. Nous avons également 150 MW en permis de construction (soit environ 70 éoliennes), plus de 500 MW en développement et nous employons 20 collaborateurs. En tant que président, ma mission consiste à parcourir le monde à la rencontre d’élus ou de simples citoyens pour les faire adhérer à notre cause", explique t-il. Et bien sûr, je suis responsable du développement des projets, de l’installation et de la maintenance des parcs éoliens afin que tout soit conforme à ce que nous avons promis".

 

Aujourd’hui, Roy Mahfouz, courte barbe poivre et sel et dents du bonheur, partage son temps entre Amiens, Berlin, où se trouve sa femme et ses enfants, et Beyrouth, pour les vacances.

 

Partagé entre ces trois pays, il s’interroge sur son identité. "Je me sens à l’aise en France, en Allemagne et au Liban. Mais les deux autres me manquent quand je n’y suis pas. C’est quoi être Allemand, Libanais, Arabe ? Définir son identité n’est jamais simple. Mais c’est ce qui me passionne en ce moment", dit-il.

 

S'il envisage souvent de rentrer au Liban, Roy Mahfouz se demande pour y faire quoi.

"D’après moi, ce qui manque dans ce pays, ce n’est pas tant l’électricité que des valeurs. Se respecter les uns les autres, vivre ensemble… J’espère que nous finirons par nous réveiller et par construire ensemble notre avenir. D’ici là, je pourrais peut-être m'installer avec ma famille au Liban, et je travaillerais alors en Europe.

 

 

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"De loin, on ne sent pas la force d’une éolienne. Mais quand on s’en approche, on entend le mugissement des pales. On sent l’énergie poussée pour faire tourner le moteur. C’est une sensation très émouvante".
 
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commentaires (2)

L'énergie éolienne ne donne pas ce que l'on attend exactement d'elle. Elle est sujette aux caprices d'Éole ! et produit à la fin la moitié de ce qu'on croyait. Par contre, l'énergie solaire est l'énergie du futur.

SAKR LEBNAN

10 h 23, le 24 novembre 2012

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Commentaires (2)

  • L'énergie éolienne ne donne pas ce que l'on attend exactement d'elle. Elle est sujette aux caprices d'Éole ! et produit à la fin la moitié de ce qu'on croyait. Par contre, l'énergie solaire est l'énergie du futur.

    SAKR LEBNAN

    10 h 23, le 24 novembre 2012

  • Bon courage Monsieur, vendre du vent au Liban ,il y a déjà une sacré concurrence...!

    M.V.

    11 h 35, le 23 novembre 2012

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