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À La Une - Diplomatie

A Rangoun, la "légende" Obama demande à la Birmanie de s'unir dans la démocratie

"Les Etats-Unis sont avec vous", dit le président américain, lors d'un discours à l'université, haut lieu de la lutte pour la démocratie.

Le président américain, Barack Obama, lors d'un discours à l'université de Yangon, haut lieu de la lutte pour la démocratie, le 19 novembre 2012. REUTERS/Jason Reed

Barack Obama, premier président américain en exercice à poser le pied en Birmanie, a lancé lundi un appel vibrant pour l'instauration d'une démocratie accomplie, au terme d'une visite de quelques heures qui aura permis à la foule de Rangoun, en liesse, de célébrer sa "légende".

 

Le chef de l'Etat a traversé en coup de vent une ancienne capitale embellie par des légions de balayeurs et de peintres, et décorée de drapeaux américains qui représentaient encore récemment l'ennemi absolu.

Des dizaines de milliers de badauds l'ont accompagné sur son parcours, certains immortalisant l'instant en prenant des photos, d'autres portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Bienvenue Obama" ou le très éloquent "Légende, héros de notre monde".

"Les Etats-Unis sont avec vous", a déclamé le président lors d'un long discours prononcé à l'université, haut lieu de la lutte pour la démocratie. "Ce voyage remarquable vient de commencer et sera encore long", a-t-il ajouté. "Les flammes fragiles du progrès (...) ne doivent pas s'éteindre, elles doivent devenir une étoile guidant le peuple de la nation".

 

Avec la visite d'Obama à Rangoun, Washington récompense ainsi efforts du régime de Naypyidaw depuis la dissolution de la junte il y a un an et demi, en particulier l'élection de l'opposante Aung San Suu Kyi au parlement, la libération de centaines de prisonniers politiques et les négociations avec les groupes rebelles des minorités ethniques.

 

Obama, attendu en fin de journée au Cambodge pour un sommet asiatique, s'est entretenu avec le président Thein Sein, crédité de ce profond mouvement de réformes. Et il a ensuite été reçu au domicile de Suu Kyi, deux mois après la première rencontre entre les deux prix Nobel de la paix (1991 et 2009), à Washington.

L'occasion pour l'opposante de faire montre de la prudence qui la caractérise, alors que la ville s'électrisait de ce moment unique. "Le moment le plus difficile dans une transition est quand le succès est en vue. Nous devons alors faire très attention de ne pas être trompés par le mirage du succès", a déclaré celle que ses admirateurs appellent la "Dame".

Les Etats-Unis avaient imposé des sanctions économiques contre la junte à partir de la fin des années 1990. Mais la quasi-totalité d'entre elles ont été levées ces derniers mois.

"Thein Sein tire déjà de ce voyage un bénéfice très significatif sur le plan intérieur", a estimé Maël Raynaud, analyste politique. "Obama fait de lui un président intouchable, de moins en moins susceptible d'être renversé par l'aile dure".

Mais l'Américain pourra lui aussi tirer les dividendes de ce voyage après avoir le premier, en 2009, estimé qu'il convenait d'adjoindre aux sanctions un dialogue avec les militaires.

"L'administration Obama veut s'attribuer le mérite d'une partie des changements", a ainsi noté Romain Caillaud, directeur du bureau birman de la société de conseil Vriens and Partners.

Le chef de l'Etat américain a découvert une ancienne capitale bouillonnante, affaiblie par 50 ans de gestion militaire et avide d'accueillir les investisseurs étrangers. Mais son discours a été essentiellement politique.


A l'ouest, des violences communautaires ont fait 180 morts entre des bouddhistes de l'ethnie rakhine et des musulmans de la minorité apatride des Rohingyas, qui suscitent toujours au sein de la population birmane un ostracisme qui confine au racisme.

"Pendant trop longtemps, le peuple de ce pays, y compris l'ethnie rakhine, a fait face à une pauvreté écrasante et à la persécution. Mais il n'y a pas d'excuse pour la violence contre les innocents", a déclaré Barack Obama.

"Les Rohingyas portent en eux la même dignité que vous et moi. La réconciliation nationale prendra du temps, mais pour notre humanité commune et l'avenir de ce pays, il est temps de cesser les incitations et la violence".


Ce week-end, Thein Sein avait reconnu que le pays se devait de régler ce dossier sous peine de "perdre la face sur la scène mondiale". Il a aussi promis de s'attaquer au dossier ultra-sensible de la citoyenneté des Rohingyas.


Quant au cas brûlant des prisonniers politiques, le chef de l'Etat birman a promis de mettre en place d'ici la fin de l'année un mécanisme pour examiner tous les cas. Des militants de l'opposition ont annoncé dans la matinée que 44 d'entre eux avaient été libérés. Pour que la fête soit complète.

Barack Obama, premier président américain en exercice à poser le pied en Birmanie, a lancé lundi un appel vibrant pour l'instauration d'une démocratie accomplie, au terme d'une visite de quelques heures qui aura permis à la foule de Rangoun, en liesse, de célébrer sa "légende".
 
Le chef de l'Etat a traversé en coup de vent une ancienne capitale embellie par des légions de balayeurs...

commentaires (1)

C'est une fierté de voir débarquer le président de la ( et pas pour longtemps ) 1ère puissance mondiale en pays qui a résisté à toutes les pressions extérieures, et qui a décidé à sa guise d'ouvrir le pays en poussant en avant une opposante qui a su respecter ses institutions et garder la tête haute de ses dirigeants. Il y a une différence entre le Viet Nam qui reçoit les yankies venu les supplier de les aider contre la Chine ( nouvelle ) puissance, et les bensaoudettes qui les reçoivent sans avoir d'autres choix que de le faire.

Jaber Kamel

12 h 26, le 19 novembre 2012

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Commentaires (1)

  • C'est une fierté de voir débarquer le président de la ( et pas pour longtemps ) 1ère puissance mondiale en pays qui a résisté à toutes les pressions extérieures, et qui a décidé à sa guise d'ouvrir le pays en poussant en avant une opposante qui a su respecter ses institutions et garder la tête haute de ses dirigeants. Il y a une différence entre le Viet Nam qui reçoit les yankies venu les supplier de les aider contre la Chine ( nouvelle ) puissance, et les bensaoudettes qui les reçoivent sans avoir d'autres choix que de le faire.

    Jaber Kamel

    12 h 26, le 19 novembre 2012

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