La police avait brutalement dispersé dimanche soir à coups de gaz lacrymogène, de bombes assourdissantes et de balles en caoutchouc des manifestants qui protestaient contre un amendement de la loi électorale. Plus de 100 manifestants et onze policiers avaient été blessés. L’opposition a affirmé dans son communiqué que la lutte pour les réformes était « une longue bataille », mais assuré que « les protestations populaires ne sont pas dirigées contre les Sabah », la dynastie au pouvoir depuis plus de 250 ans. « Les revendications du peuple koweïtien ne se limitent pas à l’abolition du décret (sur l’amendement de la loi électorale) (...) mais incluent des réformes politiques qui transformeraient le Koweït en démocratie parlementaire », ajouté le communiqué.
L’opposition avait appelé à manifester dimanche soir contre la décision de l’émir, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, d’amender la loi électorale avant les élections législatives anticipées du 1er décembre. Elle redoute que cette nouvelle loi permette aux autorités de manipuler le scrutin. « Malheureusement, nous nous dirigeons vers l’inconnu. Je m’attends à de nouvelles protestations, à davantage de manifestations et de confrontations », a estimé l’analyste koweïtien Ayed al-Manna, ajoutant que « le régime peut déclarer la loi martiale, ce qui conduirait à une confrontation ouverte entre le régime et le peuple ». « Nous sommes entrés dans une nouvelle phase où les jeunes jouent un rôle central dans l’opposition », estime de son côté Dahem al-Qahtani, un analyste indépendant. « En l’absence d’une solution pacifique, nous pourrions aller vers un scénario similaire à celui de Bahreïn », a-t-il ajouté, en référence aux manifestations sporadiques mais persistantes contre la famille régnante dans ce petit émirat du Golfe.
En 1962, le Koweït a été le premier pays arabe dans le Golfe à se doter d’une Constitution et opter pour une démocratie parlementaire, jugée souvent incomplète car l’émir et sa dynastie jouissent de larges pouvoirs. Des crises politiques à répétition ont conduit à la dissolution du Parlement à neuf reprises, dont six depuis la mi-2006.
L’opposition, formée d’islamistes, de nationalistes et des libéraux, réclame des réformes démocratiques de fond pour réduire l’emprise des Sabah sur les rouages de l’État. Elle souhaite notamment un gouvernement élu, de nouvelles lois pour lutter contre la corruption et la légalisation des partis pour parvenir à une forme de monarchie constitutionnelle. Les différends politiques ont entravé le développement de l’émirat malgré des réserves en devises de plus de 400 milliards de dollars, tirées de ses recettes pétrolières.
(Source : AFP)