Les forces du régime bombardaient intensément plusieurs villes du Nord hier, dont Maarret el-Noomane, où des dizaines de personnes ont trouvé la mort. Bulent Kilic/AFP
L’émissaire international Lakhdar Brahimi se rend aujourd’hui à Damas avec bon espoir d’obtenir une trêve pour la fête musulmane de l’Adha du 26 au 28 octobre, après l’accueil favorable de la part du pouvoir, de l’opposition et des pays impliqués dans le conflit. Il a ainsi proposé pour la période de l’Aïd al-Adha pourrait servir de base au lancement d’un « processus politique » pour sortir de la crise syrienne qui dure depuis 20 mois. « Cette crise ne peut rester confinée indéfiniment au territoire syrien. Soit elle est réglée, soit elle s’aggravera, débordera et mettra (la région) à feu et à sang », a-t-il ajouté.
Au terme d’une tournée régionale, M. Brahimi, actuellement en Jordanie, rencontrera demain matin le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a indiqué le porte-parole du ministère, Jihad Makdissi. « Attendons de savoir ce que Lakhdar Brahimi a à dire », a-t-il répondu à une question sur la possibilité d’une trêve en Syrie. Le porte-parole de M. Brahimi a aussi précisé que l’émissaire allait rencontrer également « très, très bientôt » le président Bachar el-Assad. La presse syrienne a salué l’approche prudente du diplomate chevronné, estimant qu’il « déploie des efforts diplomatiques difficiles et prudents pour surmonter les obstacles (en menant) une diplomatie des petits pas », selon al-Baas, journal du parti au pouvoir en Syrie.
Plusieurs pays ont relayé son appel à un arrêt des combats. Fidèle allié du régime, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est dit favorable à une trêve, mais contre la proposition de la Turquie, qui soutient la rébellion, d’un départ du président Bachar el-Assad. « La poursuite des combats et des tueries d’innocents et de citoyens syriens sans armes (...) est inacceptable. Un cessez-le-feu doit être décrété et ensuite il faut engager un dialogue », a affirmé M. Ahmadinejad à la presse koweïtienne.
Des experts doutent pour leur part de la pérennité de la trêve, en raison de la complexité du conflit. « Brahimi essaie de faire ce qu’avait tenté son prédécesseur Kofi Annan, à savoir une trêve puis une approche politique, mais il rencontre les mêmes difficultés et la situation est même plus difficile », estime Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.
Le président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, est aussi sceptique. « La trêve sera difficile à appliquer (...). Je ne sais pas si au plus haut niveau ils se mettront d’accord, mais sur le terrain, il y a des forces pro et antirégime qui ne répondent à aucune autorité. » L’opposition s’était dit prête à accepter la trêve, mais à condition que le régime cesse en premier ses bombardements quotidiens.
El-Qaëda
Toujours au niveau diplomatique, Damas a accusé hier Riyad et Ankara, qui soutiennent la rébellion, d’avoir signé un « pacte » avec el-Qaëda pour organiser le transfert de combattants du réseau extrémiste vers la Syrie à partir de la Turquie, dans des lettres adressées au chef de l’ONU Ban Ki-moon et à la présidence du Conseil de sécurité.
Dans ce contexte, le conseiller adjoint du président américain Barack Obama pour la Sécurité nationale s’est entretenu avec de hauts responsables irakiens des conséquences de la situation en Syrie voisine, lors d’une visite à Bagdad cette semaine, a annoncé la Maison-Blanche.
Sur le plan humanitaire, la haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme, Navi Pillay, a exhorté hier le Conseil de sécurité à « parler d’une seule voix » dans le cas de la Syrie, souhaitant par ailleurs que la situation ne devienne pas un « Srebrenica », en référence au massacre de juillet 1995. Elle a par ailleurs réitéré l’idée que les deux parties en conflit ont commis des crimes qui « pourraient constituer des crimes contre l’humanité ».
Wadi Deif
Sur le terrain, des avions de combat ont bombardé intensément hier Maaret el-Noomane, ville-clé du nord aux mains des rebelles, tuant 44 personnes dont plusieurs enfants.
(Reportage : À Maarret el-Noomane, l’enfant à vélo écrasé sous les bombes)
À deux kilomètres de la ville, les rebelles ont lancé l’« assaut final » sur la base militaire de Wadi Deif. Près de 250 soldats sont retranchés dans cette base qui abrite une importante quantité de matériel militaire et de munitions, et contrôle un pipe-line approvisionnant Alep en carburants, selon les insurgés. Six soldats de la base ont été tués, a rapporté l’OSDH, précisant qu’« au moins 2 500 insurgés » étaient engagés dans la bataille.
Ailleurs dans le pays, les violences n’ont pas non plus connu de répit. Dans la région centrale de Homs et à Alep, l’armée a pilonné plusieurs quartiers, a précisé cette ONG.
Dans la capitale, un homme à bord d’une moto s’est fait exploser près du siège du ministère de l’Intérieur, sans toutefois faire de victime, a indiqué un responsable des services de sécurité à Damas où les attentats contre la Sécurité se sont multipliés. D’ailleurs, un groupe islamiste, le Front el-Nosra, a revendiqué quatre attentats-suicide commis récemment en Syrie, qui ont fait selon lui au moins 80 morts parmi les soldats du régime, a rapporté hier le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.
En tout cas, le bilan provisoire pour la seule journée d’hier est de 210 morts au moins, selon des militants et l’OSDH, qui estiment que les violences à travers le pays ont fait au moins 34 000 morts depuis le début de la révolte en mars 2011.
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04 h 07, le 20 octobre 2012