Le budget des sanctuaires dépend pour 76,25 % des offrandes en tout genre, largement devant l’appel aux dons par voie postale (17,45 %). Éric Cabanis/AFP
Chute des offrandes de 500 000 euros et baisse des legs de 1,2 million d’euros entre 2010 et 2011, diminution des pèlerinages organisés... Les sanctuaires de Lourdes, où la Vierge est apparue, selon la tradition catholique, à la jeune Bernadette Soubirous en 1858, ont accusé l’an dernier un déficit de 1 066 000 euros sur un budget annuel de 30 millions. Pourtant, selon les sanctuaires, la fréquentation générale a augmenté de 3,23 % en 2011, pour atteindre plus de 6 millions de pèlerins et visiteurs (6 291 345).
Mais ce chiffre cache un changement de profil des pèlerins, avec une baisse de 5 % de ceux venus en groupes organisés, qui versent en s’inscrivant une participation pour le fonctionnement du site, une source d’offrandes importante. Par ailleurs, il est facile de joindre ce type de pèlerins pendant leur séjour pour les inciter à faire un effort supplémentaire. Or aujourd’hui, reconnaît l’économe des sanctuaires Thierry Castillo, les pèlerins viennent de plus en plus en groupes autonomes ou seuls, « dans une démarche plus personnelle ». Et leurs offrandes se limitent à l’achat éventuel de cierges ou de médailles, aux quêtes pendant les offices, aux troncs... Cette manne n’est plus suffisante pour répondre aux besoins des sanctuaires, dont le budget dépend pour 76,25 % des offrandes en tout genre, largement devant l’appel aux dons par voie postale (17,45 %).
La crise économique s’est greffée sur ce changement d’attitude des pèlerins. Ainsi, la fréquentation des Italiens a chuté de 14 % entre 2010 et 2011. Or ils représentent environ 25 % des pèlerins en groupes organisés et « il est dans leur culture de donner des offrandes », selon l’économe.
Dans la deuxième ville hôtelière de France – 182 hôtels –, cette double évolution touche en premier lieu les hôtels, qui ont vu cette année une baisse de 15 % du taux de remplissage en moyenne, reconnaît le président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (UMIH) de Lourdes, Benoît Castérot. « Plus de 10 établissements de 4e catégorie et de plus de 50 chambres sont fermés et ne trouvent pas de repreneurs », affirme-t-il. En 1985, le parc hôtelier proposait 17 000 chambres, contre 12 500 aujourd’hui, et « la chute s’est accentuée ces dernières années », précise-t-il. Les clients sont « moins nombreux, leur pouvoir d’achat a baissé et la durée des séjours a diminué », selon lui. Son établissement, l’hôtel Bon Pasteur, a fermé pour la première fois à la fin du grand pèlerinage du Rosaire, le 7 octobre, alors qu’autrefois il restait encore ouvert une semaine de plus. Et le début de juillet est désormais dans tous les hôtels aussi calme que juin. Par ailleurs, déplore M. Castérot, certains hôtels tirent les prix vers le bas, proposant des tarifs de 42 euros pour deux personnes en pension complète.
Les quelque 200 boutiques de souvenirs de Lourdes qui cernent les sanctuaires ont elles aussi enregistré cette année « une baisse de 15 à 20 % » de leurs ventes selon leur emplacement dans la ville, précise de son côté le président de l’Union des commerçants en souvenirs de Lourdes, Philippe Bianco. « On revient aux essentiels : les cierges, les petites bouteilles représentant la Vierge et les jerrycans », indique-t-il. Une cliente italienne, une petite statuette à la main, marchande pour tenter de faire baisser le prix...
Mais le président des hôteliers de Lourdes a noté une autre évolution plus grave à ses yeux pour l’avenir : « La population des pèlerinages est vieillissante et n’est pas remplacée par des jeunes. »
(Source : AFP)