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À La Une - Disparition

Fouad N. Boustany aura été actif jusqu’au bout

Fouad N. Boustany (1927-2012).

Il aura été actif jusqu’au bout. Fouad N. Boustany (né le 24 avril 1927) est décédé hier d’un arrêt cardiaque, à l’âge de 85 ans, trois jours avant la date prévue d’une conférence qu’il devait donner samedi prochain dans le cadre d’un colloque universitaire.


Dans une conférence sur les « Cents ans de la radiologie au Liban » prononcée à l’occasion d’un hommage au Pr Émile Bitar, à la fin des années 90, il avait écrit : « J’ai le privilège de vous conter une rapide histoire de la radiologie au Liban, et d’évoquer le souvenir de nos aînés vivants ou disparus, pionniers héroïques. “Maîtres du théâtre d’ombres et producteurs de lumières” comme disait Roger Godel. Belle définition des premiers radiologistes. Je voudrais rappeler combien leur action fut généreuse et créatrice. Combien leur courage nous permet aujourd’hui de nous retrouver et de retrouver leur exemple enfoui en nous comme un écho d’infini. Radiologistes de cette fin de siècle, enivrés de technique, nous regardons vers eux comme jadis les marins regardaient le cadran solaire du phare des Madères sur lequel est gravé cette inscription : “Les heures passent, chacune apporte une espérance.”Cette espérance léguée par eux nous a permis de devenir ce que nous sommes, un pays doté des meilleures installations comme des meilleurs spécialistes. »
Et de revenir sur ses aînés en ajoutant : « Il me vient ici à l’esprit cette pensée de Corvisart “La vraie folie de ce temps est de prétendre ignorer nos aînés, agir sans leur exemple, espérer vivre sans leurs leçons.” Comme ceux qui vivent le plus ne vivent que fort peu, un médecin doit ajouter à sa vie celle de ses maîtres. Le vrai médecin est celui qui sait lire dans le souvenir de ses aînés comme dans le regard de ses patients. »
Mieux que toutes autres, ces lignes définissent son âme même.


Ancien président de l’ordre des médecins (1992-1995), sa carrière de professeur à la faculté des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph et de chef du département de radiologie à l’Hôtel-Dieu de France avait été marquée par une réalisation majeure : l’élaboration d’un code de déontologie médicale voté par le Parlement.
Depuis 2001, il était secrétaire général du Comité national d’éthique des sciences de la vie, une instance consultative qui faisait autorité sur toutes les questions d’éthique biomédicale.
D’une haute culture, Fouad Boustany avait été pressenti à plus d’une reprise pour des fonctions ministérielles. Natif de Debbieh, il avait même frôlé la candidature parlementaire, dans sa région du Chouf.
Journaliste dans l’âme, ses billets d’une rare pertinence ont longtemps orné les colonnes de L’Orient-Le Jour et d’autres journaux libanais.


Rien dans la vie nationale ne lui était indifférent. Dans un billet inédit adressé au président de l’ordre des médecins, Charaf Aboucharaf, il laissait transparaître son amertume de voir baisser le niveau éthique de l’exercice de la profession médicale, sans que nul ne veuille se mettre en position inconfortable pour défendre cette juste cause.
« C’était un homme de culture et de droiture », témoigne le Dr Aboucharaf sur son illustre aîné.
Fouad Boustany concluait sa conférence sur l’histoire de la radiologie par ces mots : « C’est parce que nous sommes aujourd’hui captivés par nos techniques, rivés à nos écrans que je termine ma petite histoire de la radiologie libanaise par cette réflexion de Georges Duhamel dans son ouvrage Grandeur et périls de la médecine : “Je ne me défie pas de la machine merveilleuse que je regarde avec admiration sur son socle. Je ne me défie pas du nombre des machines. Je me défie de ma façon d’employer les machines, de multiplier les machines, de faire abus des machines. Je me défie de l’influence que peuvent exercer sur moi ces créatures métalliques. Je me défie de la machine qui est en moi. Car je veux rester homme et humain.” »


« Rester hommes et humains, c’est ce que je souhaite à tous mes confrères, jeunes et âgés, pour affronter les dérives possibles d’une profession la plus noble, dans la fidélité au passé et dans la foi en notre avenir. »
Fouad Boustany laisse derrière lui une épouse et deux filles éplorées.

Il aura été actif jusqu’au bout. Fouad N. Boustany (né le 24 avril 1927) est décédé hier d’un arrêt cardiaque, à l’âge de 85 ans, trois jours avant la date prévue d’une conférence qu’il devait donner samedi prochain dans le cadre d’un colloque universitaire.
Dans une conférence sur les « Cents ans de la radiologie au Liban » prononcée à l’occasion d’un hommage au...
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