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Moyen Orient et Monde - Reportage

En Syrie, un cauchemar d’archéologue...

Les ruines byzantines de Daret Ezzah transformées en base militaire puis rebelle.

Tombée du ciel, dans les ruines byzantines de Daret Ezzah, une bombe de la taille d’un frigidaire attend sur un muret qu’on vienne la désamorcer. Hervé Bar/AFP

C’est un cauchemar d’archéologue : dans le nord de la Syrie, des blockhaus calcinés ou déchiquetés par la mitraille, posés sur des ruines de l’époque byzantine.


La station de télécommunications de Daret Ezzah, ancienne position stratégique des forces loyales au président Bachar el-Assad, sert désormais aux rebelles à repérer hélicoptères et chasseurs MiG de l’armée gouvernementale qui viennent bombarder cette région du nord-ouest de la Syrie. Les combattants de l’Armée syrienne libre (ASL) se sont emparés il y a trois mois de ce sommet de montagne rocailleuse à 28 km à l’ouest d’Alep, qui offre une vue imprenable à des kilomètres à la ronde, de la frontière turque jusqu’à la grande métropole du Nord. Grâce aux renseignements de deux soldats déserteurs, la position pourtant solidement défendue a été enlevée en quelques heures par les rebelles, au prix de quatre « martyrs » dans leurs rangs et de soixante tués côté loyaliste, se souvient Ahmad, officier de la brigade al-Farouk qui a participé à l’assaut. « Les mitrailleuses Douchka de l’ennemi étaient en batterie » dans les ruines d’une dizaine de tours byzantines, explique-t-il, montrant du doigt des amoncellements circulaires de larges blocs de pierre noyés sous les immondices ou noircis par les flammes.


De l’ancienne citadelle byzantine, il ne reste plus rien, ou presque. Les imposants monolithes de pierre blanche à peine brunis par les siècles ont servi de fondation à d’affreux bunkers en ciment. Plusieurs de ces fortins, dont certains abritent l’entrée de galeries souterraines désormais interdites aux visiteurs, ont été calcinés. Un bâtiment rectangulaire, effondré comme un mille-feuille, a été entièrement soufflé par les explosions. D’un autre immeuble de deux étages ne subsiste plus que le squelette de béton. Tombée du ciel, une bombe de la taille d’un frigidaire attend sur un muret qu’on vienne la désamorcer. Les carcasses noircies de camions militaires russes, anciennes stations radar mobiles, témoignent encore de la violence des combats. Les immenses paraboles en ferraille ont tout simplement disparu, sans doute récupérées par des rebelles amateurs de bricolage.


La position de Daret Ezzah, située à une douzaine de kilomètres seulement de la frontière turque, servait de station d’observation et d’écoute à l’armée gouvernementale, avec le soutien de techniciens russes, affirment certains rebelles. Évidemment, plus aucune trace aujourd’hui de ces mystérieux coopérants russes. En contrebas, une antenne relais de téléphonie mobile, apparemment toujours en fonctionnement, a miraculeusement survécu aux combats. Dissimulés la nuit à l’abri du vent dans les entrailles souterraines des blockhaus, les rebelles sortent le jour pour scruter le ciel à la jumelle et informer leur hiérarchie du survol de tout aéronef, MiG ou hélicoptère.
L’armée du régime ne conserve plus dans cette région que le contrôle de deux garnisons, à Atareb à l’ouest d’Alep et Cheikh Souleimane, désormais encerclées par la rébellion. La capture de ces deux dernières places fortes, annoncée comme imminente par les rebelles, permettrait la « libération » quasi complète d’un large territoire dans le nord-ouest du pays, le long de la frontière avec la Turquie.

C’est un cauchemar d’archéologue : dans le nord de la Syrie, des blockhaus calcinés ou déchiquetés par la mitraille, posés sur des ruines de l’époque byzantine.
La station de télécommunications de Daret Ezzah, ancienne position stratégique des forces loyales au président Bachar el-Assad, sert désormais aux rebelles à repérer hélicoptères et chasseurs MiG de l’armée...

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