À Paris, Ban Ki-moon a affirmé partager les préoccupations de la France quant au sort de ses ressortissants enlevés au Mali.Philippe Wojazer/Reuters
Quoi qu’il en soit, la France est prête à voter une résolution à l’ONU sur une intervention militaire africaine au Mali, qu’elle soutiendra sur les plans « logistique, politique et matériel », a réaffirmé de son côté François Hollande. « Il y aura un calendrier à respecter », a-t-il ajouté, sans préciser lequel, tout en reconnaissant les difficultés de mise en œuvre d’une telle force militaire africaine. Il faut que « ce soit dans un délai raisonnable », a précisé le locataire de l’Élysée. L’adoption d’une résolution à l’ONU « peut se faire dans un délai court », a-t-il ajouté. Pour « l’intervention elle-même, c’est aux Africains de s’organiser pour qu’elle ait lieu rapidement (...) et efficacement », a jugé le chef d’État français. « Le but c’est éradiquer le terrorisme », a-t-il martelé, relevant que le choix de Ban Ki-moon de demander à Romano Prodi, ex-président de la Commission européenne et ancien chef du gouvernement italien, de devenir l’émissaire de l’ONU pour le Sahel avait le soutien de la France.
Soutien US
Bamako et ses voisins ouest-africains souhaitent que l’ONU donne sa bénédiction à une intervention militaire ouest-africaine pour reconquérir le nord du Mali, contrôlé par des islamistes. La France, très en pointe sur ce dossier, a annoncé qu’elle présentera bientôt au Conseil un projet de résolution visant à préparer le terrain pour ce feu vert de l’ONU, qui a d’ailleurs violemment critiqué les violations des droits de l’homme dans le pays. Le principe de l’envoi d’une force militaire ouest-africaine au Mali pour en déloger les islamistes armés semble acquis, mais les obstacles liés à sa composition, ses capacités et son financement demeurent nombreux. Les 14 voisins du Mali auraient accepté de « contribuer » à cette force d’environ 3 000 hommes, mais à ce jour peu de pays l’ont exprimé clairement et publiquement. Sur ce point d’ailleurs, le secrétaire d’État adjoint américain chargé de l’Europe, Philip Gordon, a affirmé hier que les États-Unis soutiendront la France si ce pays « décide qu’il est nécessaire d’intervenir militairement » au Mali, mais sans préciser les détails de ce soutien.
Selon le responsable de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, une réunion de représentants de la communauté internationale le 19 octobre à Bamako sera « l’occasion de se mettre d’accord sur une stratégie avec les Maliens, avec les pays de la région, pour qu’il y ait une convergence de vues sur comment agir vite et efficacement pour le Mali et le Sahel ».
Dans ce contexte, le site mauritanien d’informations Sahara Media a mis en ligne hier la vidéo d’un jihadiste français, Abdel Jelil, dans laquelle il met en garde la France, les États-Unis et l’ONU contre une intervention militaire dans le nord du Mali.
Hollande vs Congo
Toujours au niveau diplomatique, François Hollande a haussé le ton, hier, vis-à-vis de Kinshasa, jugeant la situation démocratique en République démocratique du Congo (RDC) « tout à fait inacceptable », alors qu’il est attendu samedi dans la capitale congolaise avec une vingtaine d’autres chefs d’État et de gouvernement pour le 14e sommet de la Francophonie.
La riposte de Kinshasa n’a pas tardé. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a estimé que ce jugement de François Hollande ne correspondait « à aucune réalité ». « C’est au peuple congolais d’accepter ou ne pas accepter une situation au Congo », a-t-il insisté. « Nous sommes le pays le plus avancé dans les droits de l’opposition », a également soutenu le porte-parole, suggérant au président français de « compléter son information » pour rendre son voyage à Kinshasa « très utile »...
À Paris, Clément Boursin, de l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), a salué les « paroles fortes » de François Hollande qui traduisent « certainement le mécontentement de Paris vis-à-vis de toutes les promesses faites durant l’été par les autorités congolaises et qui n’ont pas été tenues ». De son côté, Audrey Gaughran d’Amnesty International a regretté hier que l’« impunité pour les violations du droit international » soit « devenue la règle en RDC ».
(Source : AFP)