La responsabilité de la violence en Syrie et au Liban retombe sur Assad, a souligné hier Mme Connelly à l’issue de sa rencontre avec M. Geagea à Meerab. Photo Aldo Ayoub
M. Geagea, qui a reçu hier à Meerab l’ambassadrice des États-Unis, Maura Connelly, a mis en garde contre « les répercussions négatives sur le Liban » de la mort en Syrie du commandant du Hezbollah Ali Hussein Nassif, connu sous le nom de « Abou Abbas », et d’autres combattants du même parti. « La mort de ces derniers en Syrie aura des retombées très dangereuses, surtout sur la communauté chiite. Même si la politique de la majorité de cette communauté est actuellement contre notre politique, les chiites sont des citoyens libanais à part entière », a-t-il dit. « Ce genre de comportement de la part du commandement du Hezbollah manque de sagesse et il est inadéquat. Il ne s’inscrit pas dans le cadre de la résistance et de la défense du Liban, torpille la théorie des “opprimés” et place le Hezbollah dans le camp des oppresseurs. De plus, cela est en opposition avec la politique de dissociation (vis-à-vis de la crise syrienne) prônée par le gouvernement », a noté M. Geagea.
« L’information relative à la mort de combattants du Hezbollah en Syrie infirme complètement, par ailleurs, les accusations du 8 Mars au camp du 14 Mars selon lesquelles ce dernier serait en train de faire entrer des armes et des munitions en Syrie. Ils ont projeté sur nous, ce qui est assez révélateur au plan psychologique », a poursuivi le président des FL. « Le Hezbollah est en train de plonger le Liban depuis longtemps dans un chaos régional plus important encore que le chaos syrien, en raison de ses ailes armées et sécuritaires, et tout le monde est conscient du fait que le Hezbollah est prêt à s’ingérer dans le cas où une confrontation entre Israël et l’Iran ou les États-Unis et l’Iran venait à se produire à l’avenir », a-t-il ajouté.
Samir Geagea a par ailleurs salué la position du gouvernement turc après la chute d’obus sur son territoire en provenance de la Syrie, « contrairement au gouvernement libanais et en dépit des violations de la souveraineté du pays, de sa sécurité et de ses frontières, ainsi que des atteintes aux citoyens ». Il a également salué la « position sage, saine et rationnelle » du président de la République, Michel Sleiman, qui avait appelé à ce que le monopole de la violence soit exclusivement aux mains de l’État libanais.
M. Geagea a enfin mis l’accent sur la nécessité de respecter les échéances constitutionnelles, notamment électorales, dans les délais impartis. « Nous déploierons tous nos efforts pour parvenir à une nouvelle loi avant la fin de cette année, afin que le ministère de l’Intérieur puisse mener les préparatifs nécessaires », a-t-il indiqué, soulignant « l’importance du projet des petites circonscriptions, qui assure une représentation saine, préserve l’esprit de l’accord de Taëf et introduit beaucoup de réformes ». « Partant, il est demandé au camp qui prétend » vouloir restituer certains droits « de prendre une position claire vis-à-vis de cette loi », a conclu le président des FL.
Connelly
De son côté, l’ambassadrice des États-Unis a donné lecture de la déclaration suivante à l’issue de la réunion : « J’ai eu une bonne réunion avec le Dr Samir Geagea aujourd’hui. Nous avons évoqué la situation politique et sécuritaire au Liban et les événements régionaux. Nous avons également évoqué notre profonde préoccupation face aux actions de déstabilisation de la Syrie au Liban. Comme le Conseil de sécurité des Nations unies l’a souligné dans sa déclaration d’hier (jeudi), le régime syrien doit respecter pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriales de ses voisins. Les États-Unis sont gravement préoccupés par les bombardements et les incursions continuels de la Syrie dans la région frontalière du Liban. La responsabilité de la violence en Syrie, ainsi que de la violence qui menace de s’étendre depuis la Syrie, retombe carrément sur le régime Assad. Les États-Unis appellent toutes les parties à œuvrer ensemble pour isoler le Liban contre les effets de la violence en Syrie résultant de la répression brutale du régime Assad contre le peuple syrien », a indiqué Mme Connelly.
« Lorsque nous considérons les effets déstabilisateurs que la violence en Syrie a eus sur le Liban, nous rappelons aussi que c’est il y a six mois qu’il y a eu une tentative d’assassinat contre le Dr Geagea. Nous condamnons dans les termes les plus forts toute tentative d’utiliser l’assassinat comme un instrument politique. Le Liban doit clore le chapitre de son passé et mettre fin à l’impunité s’agissant des assassinats politiques et d’autres actes de violence à motivation politique », a-t-elle poursuivi.
« Le Dr Geagea et moi avons également discuté de la situation politique au Liban et des plans pour les élections parlementaires de 2013. Les États-Unis se félicitent des efforts du Liban pour mettre en œuvre une loi électorale qui ouvrirait la voie à des élections libres, justes et transparentes. Nous avons également encouragé le Liban à respecter les principes démocratiques et constitutionnels et à organiser des élections dans les délais », a ajouté l’ambassadrice des États-Unis.
« Les États-Unis demeurent résolus à voir un Liban indépendant, souverain et stable. Nous continuerons à œuvrer avec nos partenaires afin de préserver la sécurité et la stabilité du Liban », a-t-elle conclu.
Il convient de signaler qu’avant de se rendre à Meerab, Mme Connelly avait été reçue à la Maison du Centre par le conseiller de l’ancien Premier ministre aux Affaires étrangères, l’ancien ministre Mohammad Chatah, et au ministère de la Défense par le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi.
Paroles ultra censées de Samîr.... Bien vu Hakîm.
05 h 25, le 07 octobre 2012