Plusieurs députés du 14 Mars ont réitéré hier leur soutien au projet de loi électorale basé sur un découpage en petites circonscriptions, présenté la semaine dernière. Le député des Forces libanaises Antoine Zahra a affirmé qu’« il est regrettable que ce projet ait reçu des échos négatifs ». « Nous n’avons pas fait de calculs électoraux personnels, a ajouté M. Zahra, mais des calculs qui assurent une meilleure représentation des chrétiens, puisque ce projet de loi leur permet d’élire 56 députés. La proportionnelle serait convenable dans des sociétés homogènes du point de vue communautaire, mais pas au Liban. »
Dans le même ordre d’idées, le député Amine Wehbé (courant du Futur) a démenti que « la loi basée sur les petites circonscriptions ait été taillée sur mesure pour les forces du 14 Mars, mais plutôt pour tout le pays », précisant que « bon nombre d’États ont remplacé la proportionnelle par les petites circonscriptions pour une plus grande proximité entre les citoyens et leurs représentants ». Le député Nabil de Freige (courant du Futur) a estimé, de son côté, qu’« il est normal que le président de la Chambre Nabih Berry soit en faveur d’une circonscription unique puisqu’il préside le mouvement Amal », affirmant que « le courant du Futur n’a pour souci que d’assurer une majorité parlementaire aux élections de 2013 ».
Dans un entretien à paraître vendredi dans le magazine el-Ousbou el-Arabi, le député du Chouf, Marwan Hamadé, a estimé qu’« il existe forcément un lien entre la loi électorale et la présidence de la République puisque la prochaine Assemblée sera appelée à élire un nouveau président ». « D’où la nécessité pour les Libanais de ne pas légitimer les armes en votant pour un mandat présidentiel soumis à ce diktat pendant six ans », a-t-il ajouté. « Le bras de fer se poursuit avec le camp qui voudrait consacrer la suprématie des armes, mais ce camp ne détient pas une vraie majorité aujourd’hui, mais une majorité ponctuelle et instable. Par conséquent, la loi sur la proportionnelle adoptée en Conseil des ministres n’a aucune chance d’être avalisée par le Parlement. Quant au projet que l’on qualifie de projet de loi orthodoxe, il n’a pas été soutenu par des personnalités orthodoxes importantes, et pourrait être valable pour élire le Sénat supposé représenter les communautés », a-t-il poursuivi.
Marwan Hamadé a fait valoir que « l’entente finale pourrait se porter sur un mode de scrutin majoritaire avec un nombre de circonscriptions inférieur à celui proposé par les députés chrétiens du 14 Mars, et que les contacts entre le 14 Mars et leur allié électoral confirmé, Walid Joumblatt, sont déjà entamés ». « Nous devons laisser les consultations en cours mûrir, laisser aboutir celles menées à Bkerké et laisser le 8 Mars s’entendre avec le CPL », a précisé M. Hamadé, qui a rappelé la nécessité d’aborder trois éléments essentiels des législatives de 2013 : l’âge minimum du droit de vote, le droit de vote des émigrés, et le Sénat.
Se démarquant du reste des forces du 14 Mars, le Bloc national a proposé hier encore un projet de loi basé sur la devise « one man, one vote », et des élections à deux tours, « projet qui dépouille le président de chaque liste de son hégémonie sur le reste des candidats, et confère aux électeurs plus de pouvoir ».
Le 8 Mars
D’un autre côté, les forces du 8 Mars ont poursuivi leur campagne en faveur d’une loi basée sur la proportionnelle. Le député du Hezbollah, Nawaf Moussaoui, a refusé « toute loi qui déchire le pays », défiant le 14 Mars de participer à des élections basées sur la proportionnelle et une circonscription unique.
Suite à la réunion des commissions parlementaires, le député Ali Fayad (Hezbollah) a exprimé son souhait de voir se former une sous-commission pour les élections et d’aboutir à une meilleure représentation des chrétiens. Et de préciser : « Nous adopterons toute proposition approuvée par le Courant patriotique libre (CPL). » M. Fayad s’est aussi prononcé sur la question du vote des émigrés, estimant que « ceci est un droit que nous soutenons ».
Quant au ministre de la Culture Gaby Layyoun (CPL), il a jugé le projet de loi du 14 Mars « peu convaincant », affirmant que « la proportionnelle assure une plus juste représentation ».