L'affiche du concert de Mashrou3 Leila à La Cigale, à Paris.
Début septembre, le groupe libanais Mashrou3 Leila se retrouvait au centre d’une vive polémique après l’annonce de sa décision de ne plus faire l’ouverture du concert des Red Hot Chili Peppers à Beyrouth.
Cette décision intervenait après une vaste campagne virtuelle orchestrée par des militants libanais et arabes anti-israéliens dénonçant la tournée du groupe américain Red Hot Chili Peppers (couramment abrégé en Red Hot ou RHCP) dans la région. En cause, le fait qu'après le concert de Beyrouth, en soit prévu un autre à Tel Aviv.
Peu avant le concert, Hamed Sinno, le chanteur, interrogé par Lorientlejour.com, avait refusé d’expliquer les raisons du boycott.
Dans une interview diffusée hier par RFI, et alors que Mashrou3 Leila s'est produit mercredi 3 octobre à La Cigale à Paris, Sinno et Karim Ghattas, manager du groupe, n’en disent pas plus sur cette affaire, mais indiquent que le groupe fait l’objet de "pressions" à chaque concert, "que ce soit au Caire, à Amman ou à Beyrouth…". "Nous sommes menacés, parfois physiquement, pour les idées que nous défendons. Mais Mashrou’ Leila est un groupe courageux, il résiste", ajoutent-ils.
"Nous n’avons pas bonne presse partout au Moyen-Orient, à cause des combats qui sont les nôtres. Tout le monde n’est pas d’accord avec nos textes, loin de là. Mais quand on aborde un sujet auquel on croit – le droit des homosexuels par exemple –, on le fait sans attaquer ceux qui ne pensent pas comme nous", poursuivent-ils.
Reconnaissant avoir raté une opportunité professionnelle en annulant la participation de Mashrou3 Leila au concert des Red Hot, Ghattas et Sinno indiquent être conscients que la situation se reproduira. "Cela ne veut pas dire que nous prendrons la même décision à l’avenir. Dans ce pays, les situations ne sont jamais les mêmes", notent-ils toutefois.
Interrogés sur la situation au Liban, les deux hommes dénoncent l'existence de la censure et critiquent le confessionnalisme. "Nous nous sommes libérés de l’occupant syrien qui était infiltré dans toutes les affaires du pays. Aujourd’hui, il n’y a plus de gens qui nous surveillent. Mais c’est plus insidieux. Oui, nous aimerions voir les choses changer. On y arrive, mais la route est encore très longue. Les Libanais sont divisés sur la direction que le pays doit prendre", regrettent-ils. "Il y a trop de facteurs extérieurs pour que les choses changent au Liban", lâchent-ils toutefois, un peu plus loin.
Ghattas et Sinno se montrent un peu plus optimistes sur le "printemps arabe" : "La région est en train de se transformer en profondeur et nous avons beaucoup d’espoir pour que les choses évoluent dans le bon sens".
Quant à l'industrie de la musique au Liban, le chanteur et le manager regrettent l'omniprésence de la musique commerciale sur les ondes libanaises. "Les médias, les grosses distributions sont aux mains d’une poignée de gens. Donc quand on ne rentre pas dans le cadre, on ne passe pas. On a d’ailleurs plus d’audience à Tel Aviv qu’à Beyrouth !", notent-ils.
Pour mémoire
"L’ânerie de Leila", de Ziyad Makhoul
Cette décision intervenait après une vaste campagne virtuelle orchestrée par des militants libanais et arabes anti-israéliens dénonçant la tournée du groupe...
Ceci étant dit...ce sont des artistes,pas des kamikazes...et puis cette polémique accorde trop d'importance aux prises de position ou à l'absence de prise de position de gens,qui pour talentueux qu'ils soient,ne sont jamais que des saltimbanques...il n'y a pas marqué "martyr" sur leur front,non?
13 h 26, le 05 octobre 2012