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Liban - Interview

Daouk à « L’OLJ » : Le nom d’un PDG grec-catholique pour Télé-Liban est prêt et sa nomination est proche

Le ministre de l’Information se livre à une rétrospection critique de ses décisions, sous l’angle de « la protection des libertés », à laquelle il est attaché.
Le bilan du passage de Walid Daouk à la tête du ministère de l’Information est à l’image du rendement du cabinet dans son ensemble : des aspirations déclarées à la réforme et des aboutissements ponctuels visant plutôt à ménager l’establishment clientéliste-confessionnel.
Le ministre qui martèle sa défense des libertés serait-il victime de son appartenance à l’actuel gouvernement ? Il le dément catégoriquement, avouant toutefois que ses « ambitions dépassent ce qui a déjà été accompli ». Le défi qu’il est déterminé à remporter à l’heure actuelle est la réforme de la chaîne de télévision publique Télé-Liban, en commençant d’abord par la dissolution de son conseil d’administration, inchangé depuis treize ans. Il a déjà le nom d’une « belle figure catholique » en tête et compte obtenir dans les deux jours qui suivent l’aval des principales autorités chrétiennes concernées par le dossier. Écartant la possibilité que les nominations administratives s’effectuent d’un coup, parallèlement au réajustement de l’échelle des salaires, il révèle toutefois qu’un nouveau mohafez de Beyrouth sera bientôt nommé. Il s’agit d’un magistrat du Liban-Nord, ayant déjà reçu l’aval de toutes les parties.

La « phobie » des Libanais
Pour revenir au bilan du ministère en termes de défense des libertés, l’épisode en mars dernier du projet de loi sur les médias électroniques reste équivoque. Le ministre rappelle que le texte qu’il avait alors proposé prévoyait notamment « l’enregistrement facultatif du nom des sites et de leur auteur, et un mécanisme visant à protéger la propriété intellectuelle ». Mais cette proposition avait été raillée par la blogosphère pour son inutilité, et dénoncée par les défenseurs de la liberté, qui l’avaient assimilée à « une tentative de contrôler les médias face à l’augmentation effrénée du nombre d’utilisateurs, qui n’a jamais été prévue par les autorités ou les censeurs » (rapport annuel du Centre SKEyes pour les libertés médiatiques et culturelles). Aujourd’hui, le ministre reste « profondément convaincu de cette proposition, que j’ai fait l’erreur de ne pas bien expliquer. C’est d’ailleurs parce qu’on l’a tellement fustigée qu’elle n’est pas passée en Conseil des ministres », a-t-il ajouté, même s’il avait convié successivement à son bureau des journalistes et activistes pour un échange de points de vue sur cette proposition. Il a pu en conclure que « les Libanais sont allergiques à tout ce qui touche à la liberté, comme une phobie qui les empêche d’écouter ce qui est proposé ».
Néanmoins, ce constat qui n’en est pas moins positif reste en nette contradiction avec le maintien de pratiques telles que la censure. « Je dénonce toute censure, je n’admets pas d’interdire », assure de prime abord Walid Daouk. Cette déclaration, il la met en œuvre « en refusant par exemple d’interdire un grand nombre de publications à portée religieuse, contrairement à la demande de la Sûreté générale ». En revanche, il ne dénonce pas les cas précis de censure préalable.

« Heureusement que Ghassan Moukheiber est là »
Il reste qu’il prend part aux réunions de la commission parlementaire de l’Information, qui examine actuellement une proposition de loi sur les médias. Celle-ci prévoit entre autres d’abolir la condition d’un permis préalable pour les imprimés et la détention préventive des journalistes accusés de diffamation. « Je ne vois pas cette loi pour demain », avoue avec un franc réalisme Walid Daouk. Au-delà de ces réserves, il fait remarquer que « c’est une bonne chose que d’avoir (le député) Ghassan Moukheiber au sein de la commission ». Il évoque sa proximité avec le parlementaire membre du bloc du Changement et de la Réforme qui parraine, avec l’association Maharat, la proposition de loi sur les médias. « C’est un fervent défenseur des libertés, et c’est ce que je partage avec lui », précise Walid Daouk, en marquant la différence entre la conviction et l’appartenance politique.
À quoi devrait donc s’attendre la société civile à ce stade ? « C’est nous qui attendons d’eux qu’ils adopent une charte déontologique », répond le ministre, insistant sur l’importance de la coordination pour la réforme.
C’est sous l’angle de la communication qu’il situe d’ailleurs la convocation, le 25 août, des responsables des médias audiovisuels au Liban, dont il avait menacé de sanctionner deux chaînes suite à la couverture de l’affaire des otages libanais en Syrie. « La décision était rédigée et prête, et je bénéficiais d’une entière couverture politique. Mais en acceptant les excuses des responsables des deux chaînes, j’ai pu initier une communication fructueuse avec eux qui se poursuit jusqu’à ce jour. »
Interrogé finalement sur le caractère ponctuel de ses démarches, qui ne semblent pas s’inscrire dans un plan d’action spécifique, il répète que « le Libanais est instinctivement récalcitrant à toute réforme en matière de liberté ». Une manière de déplacer le problème, lorsque l’on sait les bavures accumulées depuis un an : certaines dépêches de l’Agence nationale d’information relatant les événements en Syrie sous l’angle du régime (« un accident immédiatement corrigé », affirme le ministre) ; les déclarations tronquées par l’ANI du député Mohammad Kabbara, sur la Syrie (« son discours comportait des insultes qui devaient professionnellement être estompées »); les prises de position du député Hassan Fadlallah, président de la commission de l’Information, en faveur de « la liberté responsable », alors même que le ministre Daouk a cessé de recourir à ce qualificatif, hérité des pratiques liberticides de la période de tutelle...
Le bilan du passage de Walid Daouk à la tête du ministère de l’Information est à l’image du rendement du cabinet dans son ensemble : des aspirations déclarées à la réforme et des aboutissements ponctuels visant plutôt à ménager l’establishment clientéliste-confessionnel. Le ministre qui martèle sa défense des libertés serait-il victime de son appartenance à l’actuel...
commentaires (3)

A quand les POSTES, Ministériels surtout, accaparés des Grec-Orthodoxes leur seront RESTITUÉS ? Métropolite 3AOUDI, êtes-vous toujours là ?

SAKR LEBNAN

05 h 06, le 28 septembre 2012

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Commentaires (3)

  • A quand les POSTES, Ministériels surtout, accaparés des Grec-Orthodoxes leur seront RESTITUÉS ? Métropolite 3AOUDI, êtes-vous toujours là ?

    SAKR LEBNAN

    05 h 06, le 28 septembre 2012

  • Ce qui confirme assurément la persistance du catalogage de ce patelin parmi les pays Sous-développés, est l'existence encore en son sein d'un "Ministère de l'Information". Point barre et sans blabla à deux balles ! !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 24, le 27 septembre 2012

  • Il faut interdire Télé Liban. Comment justifier un service publique où toute la médiocrité libanaise est concentrée et, en plus, qu'on paye. S'ils avaient un peu d'estime de soi, ils se feraient tout petits.

    Daniel Lange

    02 h 24, le 27 septembre 2012

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